L’art contemporain indien

[22/11/2011]

 

Longtemps analysé parallèlement aux autres mouvements émergeants des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), l’art contemporain Indien tend de plus en plus à trouver son identité propre et indépendante.
Cette identité est cependant très dépendante des places de marchés étrangères. En effet, les 100 artistes indiens les plus cotés se sont vendus à 97% aux Etats-Unis et en Angleterre au premier semestre 2011.

Si les artistes chinois bénéficient d’une très forte demande locale, les artistes contemporains Indiens doivent compter sur la demande internationale. Alors que l’artiste chinois le plus coté ces douze derniers mois, ZENG Fanzhi, réalise 93% de son produit des ventes entre Hong Kong et la Chine, Anish KAPOOR, l’artiste contemporain Indien le plus coté, réalisait sur la même période 99% de son produit des ventes entre les Etats-Unis et l’Angleterre.
Malgré le développement récent des maisons de ventes en Inde, on est encore loin de la puissance de frappe des intermédiaires Chinois (treize des vingt plus grandes maisons de vente d’art contemporain sont aujourd’hui en Chine).
L’Inde se rapproche donc des modèles Brésiliens ou Russes, avec une demande locale émergente et une représentation internationale très forte.

L’art Indien explose entre 2006 et fin 2008 : les prix de l’art contemporain indien s’envolent alors de 223%, et le volume des ventes des 100 artistes indiens contemporains les plus cotés progresse de 283% sur la même période. L’envolée des marchés contemporains en 2007/2008 a entraîné des records sur le marché de l’art contemporain Indien (sept des dix plus belles enchères depuis 2005 furent adjugées durant cette période).
La crise de 2009 ne s’avéra que plus rude pour ces artistes devenus en quelques mois des stars de l’art contemporain (en 2007/2008 Anish Kapoor, Subodh GUPTA et Raqib SHAW occupent respectivement la 18ème, 24ème et 34ème place du classement des 500 artistes contemporains les plus cotés). Le chiffre d’affaires des 100 artistes contemporains indiens est amputé de trois quart et en 2009/2010, Subodh Gupta et Raqib Shaw n’occupent plus les premiers rangs mais sont relégués à la 60ème et 77ème place respectivement. Les artistes Indiens n’occupent que quatre places seulement dans le Top 200, soit moins que les artistes Indonésiens (qui sont au nombre de cinq).
Il faut attendre 2010 et la reconnaissance de nouveaux artistes (Bharti KHER obtient une enchère record à plus d’un million de dollars, Jitish KALLAT dépasse pour la première fois les 300 000 $…) afin de relancer le marché de l’art contemporain Indien. Dopé par une croissance de 15% de son Produit Intérieur Brut en 2010, ainsi que par l’extraordinaire croissance de plus de 20% de son nombre de millionnaires (soit plus de 150 000 millionnaires en Inde en 2010), l’art Indien bénéficie enfin d’une demande locale important qui soutient ainsi la scène locale émergente.
Le premier semestre 2011 signe le retour des records. Une adjudication à 2.1m$ pour une œuvre de Anish Kapoor devient la quatrième plus belle adjudication pour une œuvre d’art contemporain indien de tous les temps, et se place entre les résultats de 2007 et 2008.
Avec un indice des prix en hausse de 10% sur les neuf premiers mois de l’année ainsi qu’un produit des ventes pour les 100 artistes contemporains indiens les plus cotés déjà équivalent en six mois au deux tiers du produit des ventes 2010, l’art contemporain indien croît à nouveau aux niveaux de prix de 2007.