En Bref : Le dernier Da Vinci – Art Düsseldorf – Un Américain à Paris – Street Art à Berlin

[03/11/2017]

Le dernier Da Vinci

La dernière œuvre connue de LEONARDO DA VINCI encore en mains privées va passer sous le feu des enchères chez Christie’s… Le Sauveur du Monde (Salvatore Mundi), pendant masculin de la Joconde est, pour reprendre les mots du spécialiste de l’art ancien chez Christie’s Alan Wintermute, le ”Saint Graal de l’art ancien”. Pourtant, ce chef-d’oeuvre absolu n’apparait pas au catalogue de la prochaine session Old Masters de Christie’s (le 31 octobre). Contre toute attente, le précieux tableau, réalisé il y a cinq siècles, est inclus à la vente d’Art Contemporain et d’Après-Guerre qui se tiendra le 15 novembre 2017 à New York. ”Le dernier Da Vinci’, authentifié avec certitude en 2011 et estimé autour de 100 millions de dollars se retrouve ainsi dans le même catalogue que la dernière peinture de Warhol, Sixty Last Supper (1986), une œuvre gigantesque de trois mètres sur 10, comportant 60 variations de la célèbre Cène du même Léonard De Vinci. Christie’s espère-t-elle faire ”coup double” en signant le même soir deux nouveaux records absolus à plus de 100 millions ? Cette pensée est permise sachant que Warhol a déjà passé ce seuil de prix en 2013 avec Silver Car Crash (Double Disaster), vendu 105,445 m$ chez Sotheby’s à New York.

En opérant de la sorte, Christie’s casse les codes habituels en mixant les époques et insiste par ailleurs sur le caractère éminemment spectaculaire des ventes d’Art Contemporain et d’après-guerre. C’est là que se jouent les plus grands enjeux. Face au programme du 15 novembre, la session Old Masters du 31 octobre peut paraître un peu terne, même si un autoportrait d’Elisabeth VIGÉE-LEBRUN (600 000$ – 800 000$) et un paysage de John CONSTABLE (400 000$ – 600 000$) devraient conduire les enchères…

Düsseldorf, nouveau pôle pour l’art

Düsseldorf. C’est là que doit ouvrir nouvelle une foire centrée sur des oeuvres d’art d’après-guerre et contemporaines (1945-2017), présentées par 80 galeries issues de 21 pays. Organisé à l’origine à Cologne (Art.Fair Cologne), ce salon opère une profonde mutation en changeant de ville, portée par un nouvel allier puissant à travers le groupe MCH – régisseur de la célèbre Art Basel – qui a racheté 25,1% des parts d’International GmbH art.fair, organisatrice de cette Foire d’art, désormais nommée ”Art Düsseldorf”. Art Düsseldorf continuera d’exister en tant que marque indépendante, précise Marco Fazzone. “Elle profite néanmoins de l’expérience et du réseau de MCH Group et des synergies avec les autres foires d’art régionales qui formeront sous peu une puissante alliance globale. Art Düsseldorf se tiendra pour la première fois en même temps que sa “foire soeur” Blooom, du 16 au 19 novembre 2017 avec, au programme, des exposants aussi importants que la Marlborough Contemporary (New York), Kamel Mennour (Paris), Edouard Malingue (Hong Kong, Shanghai), Daniel Templon (Paris) ou David Zwirner (Londres et New York).

Un Américain à Paris

Le MoMa, en plein travaux d’extension assurés par Diller Scofidio + Renfro jusqu’en 2019, prend ses quartiers d’hiver à la Fondation Louis Vuitton, avec l’exposition « ETRE MODERNE : le MoMa à Paris ». Jusqu’au 5 mars 2018, des œuvres des six départements du Museum of Modern Art ont pris place sur les cimaises parisiennes imaginées par Frank Ghery. L’occasion d’une balade dans l’histoire de l’art d’après-guerre car cette exposition n’est pas une simple présentation de chefs-d’œuvre…

Moderne, le musée l’est dès sa création. En 1929, sous l’impulsion de son mythique premier directeur, Alfred H. Barr, le MoMa se démarque des institutions traditionnelles européennes : acquisitions multiples, intérêt pour la pluridisciplinarité, décloisonnement des différents départements. Il est l’un des premiers musées au monde à se doter, en 1940, d’un département spécifique consacré à la photographie et participe à la reconnaissance de celle-ci comme un art à part entière. L’histoire du musée passe souvent dans le champs de la grande Histoire, avec des expositions au parti pris résolument contestataire : à l’été 1942 New Acquisitions: Free German Art, dont le point de mire est le triptyque Le Départ de Max BECKMANN (visible dans la salle 2 de l’exposition), encense l’art moderne allemand que les nazis abhorrent et brûlent comme art dégénéré… Mais c’est après la Seconde Guerre que tout change. L’Amérique devient le creuset de la création, après avoir été l’écho des grandes tendances artistiques européennes. Artistes émigrés et nationaux produisent désormais sur son sol, et le MoMa les met en valeur sur ses murs : l’exposition parisienne permet ainsi de voir pour la première fois en France Identical Twins de Diane ARBUS (1967), les fameuses Campbell’s Soup Cans d’Andy WARHOL(1962) ou encore Untitled (You Invest in the Divinity of the Masterpiece) de Barbara KRUGER (1982).

Dans les dernières galeries, l’accrochage propose un ensemble d’œuvres contemporaines dont la plupart a été acquise par le MoMA ces deux dernières années. Des artistes issus de zones géographiques encore peu présentes dans les collections y trouvent désormais leur place (Iman Issa, d’Egypte et Asli Cavusoglu de Turquie par exemple). Les différents média répercutent les enjeux formels, technologiques et identitaires d’aujourd’hui: l’an dernier, le MoMA a fait l’acquisition du jeu original des 176 emoji créés en 1999 par Shigetaka Kurita, et décidé de l’exposer sur ses murs, avec le Google Maps Pin de Jens Eilstrup Rasmussen et l’arobase stylisée par Ray Tomlinson, au même titre que Cézanne, Duchamp ou Mies van der Rohe. La modernité du MoMA aujourd’hui réside peut-être aussi dans ces audacieux raccourcis temporels…

Urban Nation Museum, le plus grand musée dédié au Street Art à Berlin

La ville de Berlin, véritable ”capitale” du street art, s’offre le plus grand musée dédié à la pratique. Inauguré le 16 septembre 2017 dans le quartier de Schöneberg, Urban Nation Museum abrite, outre ses galeries d’exposition, une bibliothèque, un centre d’archives et des espaces de résidence. De l’extérieur à l’intérieur de l’immeuble reconverti, les œuvres d’arts s’épanouissent sur tous les supports. Ce grand projet, qui a pu voir le jour grâce à de bienveillants curateurs internationaux (Brésil, États-Unis, etc.), est dirigé par la galeriste et commissaire d’exposition Yasha Young qui se fixe comme objectif de promouvoir la création urbaine en Europe avec une véritable mission de conservation des œuvres.

Une première exposition intitulée Unique. Uni. Sans limites y est actuellement présentée, composée de street artistes locaux et internationaux comme Shepard Fairey, Ernest Pignon-Ernest ou Banksy avec l’un de ses célèbres Gangsta Rats. On retrouve sur les cimaises des artistes berlinois connus comme Herakut et les français Blek le Rat, Mademoiselle Maurice ou C215 mais aussi Jef Aérosol, Tilt, Miss Van ou encore JR. Le jour de l’ouverture, plus de 13 000 personnes sont venues voir les peintures murales en extérieur et 7 000 visiteurs ont franchi le seuil du musée en lui-même. Ainsi l’Urban Nation pérennise cet art éphémère devenu en quelques années tant convoité. La cote des artistes sur le marché n’a de cesse de grimper et les maisons de ventes multiplient les événements dédiés à cette pratique. Le calendrier annuel des ventes aux enchères demeure très fourni, notamment en France. Le 7 novembre prochain, Tajan organise une vente d’Art Urbain avec quelques artistes exposés dans le nouveau musée berlinois, dont THE LONDON POLICE accessible entre 7000 et 9000 €. Avis aux amateurs…