En Bref : La Collection Kann – Art Basel Hong Kong – Art KARLSRUHE

[17/02/2017]

La Collection Kann

C’est une aquarelle dans les tons clairs. Georges BRAQUE (1882-1963) a dessiné d’un côté une nature morte au raisin et de l’autre un superbe nu féminin allongé. Cette pièce porte l’inventaire Kann 1116 : saisie en octobre 1940 par l’équipe d’intervention du Reichsleiter Rosenberg (ERR), elle fut mise en dépôt au Jeu de paume qui servait de gare de triage des œuvres d’art destinées au grand musée nazi à Linz. La provenance de cette pièce rappelle à elle seule l’histoire mouvementée des collections de familles juives spoliées durant la dernière guerre. C’est donc un petit morceau d’histoire qu’Artcurial mettra en vente le 22 février prochain. La maison cèdera 175 lots estimés au total 1,5 m$, soit les ultimes vestiges de la mythique collection Alphonse Kann. Né à Vienne en 1870, il s’installe très jeune à Saint-Germain-en-Laye. Celui qu’on appellera « le Prince des collectionneurs » se retire des affaires à peine trentenaire, et se consacre à sa collection, de façon quasi boulimique : de Chardin à Cézanne, des objets d’art aux objets rituels d’Art Premier, en passant par Fernand Léger et Juan Gris. Il aime toutes les formes d’art et tous les artistes. Le catalogue d’Artcurial reflète toute la diversité des goûts d’Alphonse Kann. Outre l’aquarelle et une autre œuvre de Braque, on trouvera une huile sur toile de Jean-Baptiste DESHAYS DE COLLEVILLE (1729-1765) estimée autour de 20 000 $, mais également une magnifique tête d’homme en pierre de Saxe du XIIIe siècle, si linéaire qu’elle pourrait avoir été sculptée par un Brancusi et estimée entre 8500 et 12 500$, ou encore une rare cuiller Beembe provenant du Congo Brazzaville, estimée elle entre 35 000 et 45 000 $. En 1938, Alphonse Kann s’installe à Londres. Deux ans plus tard, sa résidence est pillée par les nazis. Il ne récupérera qu’une infime partie de son immense collection en 1947, un an avant sa mort en Angleterre. Ses neveux héritent de ses œuvres et objets d’art, tandis que sa nièce Hélène Kann-Bokanowski marche sur les pas de son oncle, qui avait formé son regard depuis ses toutes jeunes années. Elle se lie d’amitié avec de nombreux artistes dont elle acquiert les œuvres. Témoins de cette collection, une Rue après la pluie au clair de lune de John Atkinson GRIMSHAW (1836-1893) estimée autour de 150 000 $, une sculpture de Jacques LIPCHITZ (1891-1973) estimée 120 000 $ ou encore le fameux Couple de Tebessa de 1929 de Maurice ESTEVE (1904-2001) qui pourrait bien excéder son estimation haute de 95 000 $. D’Alphonse Kann à sa nièce Hélène Kann-Bokanowski, la vente d’Artcurial permet indéniablement une incursion dans un siècle mouvementé de collection.

Art Basel Hong Kong, cinquième édition

Si le rendez-vous est incontournable pour les collectionneurs asiatiques, il attire par ailleurs les grands acteurs de l’art et du marché venus du monde entier. En mars 2017 – du 23 au 25 mars – se joue la cinquième édition de Art Basel à Hong Kong, 47 ans après le lancement en Suisse de cette foire considérée comme le plus important salon d’art contemporain du monde. En parallèle, les expositions et les évènements culturels se multiplient. Le site officiel de la foire annonce des centaines d’évènements culturels déployées dans la cité durant la semaine de la foire, tandis qu’au Convention Center, 3 000 artistes sont donnés à découvrir par 187 galeries retenues. Particularité de l’édition hongkongaise par rapport à ses sœurs suisse (Basel) et américaine (Miami) : la moitié des exposants viennent de la Grande Asie (Asie Sud-Pacifique incluse). L’autre moitié sont parmi les meilleures « enseignes » occidentales qui soit, notamment à travers les galeries Acquavella, Applicat-Prazan, Blum & Poe, Chantal Crousel, Mariann Goodman, Konig, Simon Lee, Lisson, Malborough, kamel mennour, Victoria Miro, Nathalie Obadia, Perrotin, Thaddaeus Ropac ou encore la Pace. Cette répartition à 50/50 entre Asie et Occident paraît juste. Une telle diversité permet aux amateurs asiatiques de se familiariser avec les propositions artistiques véritablement globales en plus d’un focus pertinent sur la scène créative d’Asie. Si Hong Kong parvient à embrasser la création du monde, c’est en grande partie grâce à Art Basel.

Art KARLSRUHE

Art KARLSRUHE, foire internationale incontournable d’Art Moderne et Contemporain, se tiendra du 16 au 19 février pour sa 14ème édition. Elle est devenue, en quelques années, l’une des manifestations artistiques internationale majeure de par sa forte affluence (50 000 visiteurs sont attendus), sa géographie regorgeant de riches collectionneurs et son public fidèle et passionné. La manifestation se tient au sein du Parc des expositions de Karlsruhe, l’un des fleurons du Bade-Wurtemberg, l’espace est vaste (35 000 m2), lumineux et la scénographie savamment orchestrée. En effet, les 4 halls sont divisés en zones thématiques avec le Hall 1 consacré à la photographie et aux éditions originales. Pour la première fois, un espace dédié à la gravure permet aux galeries d’accrocher l’oeuvre graphique insolite de leur choix, permettant notamment à de jeunes collectionneurs l’aquisition d’oeuvres d’artistes de renom à prix modérés, oscillant entre 150 euros et 80 000 euros. Le Hall 2 présente des œuvres d’art principalement créées après 1945 tandis que le Hall 3 met l’accent sur les classiques de l’Art Moderne avec notamment les Expressionnistes allemands tels que Heckel ou Kirchner, Matisse et les Fauves, Picasso et les cubistes… Le Hall 4  « ContemporaryArt 21 », met en avant des œuvres plus récentes réalisées à partir des années 2000. S’ajoutent à cela les 19 « Skulpturenplätze », espaces délimités au sein desquels la sculpture prend toute sa dimension. En plus des 210 galeries présentes, la passion du collectionneur privé et des relations franco-allemande seront à l’honneur avec une exposition inédite d’œuvres originales de Tomi Ungerer, provenant de la prestigieuse collection Reinhold Würth. En outre, « Retour de Paris » présente plus de 30 années de création issues d’artistes allemands sélectionnés ayant obtenu une bourse pour séjourner à la cité internationale des arts de Paris, un autre témoin de ces échanges culturels et vivants.

Pour parfaire ce vaste programme, deux prix y seront attribués: le prix art KARLSRUHE pour le meilleur « One Artist Show » parmi les 180 sélections monographiques proposées par les galeries. La galerie se verra récompensée par l’acquisition d’œuvres de l’artiste distingué à échelle de 15 000 euros et intègreront la collection de la Städtische Galerie. D’autre part, le prix Hans Platschek pour l’art et l’écriture sera attribué cette année à Jonathan MEESE (1970), artiste allemand protéiforme, qui tout comme Ungerer, dans un registre différent, a fait du langage son fer de lance. L’ensemble de ces propositions sous la houlette du curateur Ewald Karl Schrade participent au caractère inédit d’art KARLSRUHE et accorde une grande importance à la promotion et à l’encouragement de la mission de ces galeristes. Cette foire est profondément ancrée dans le paysage culturel de la ville avec comme devise « Découvrir. Raffoler. Collectionner ».