En Bref : Fabuleuse collection Prat – Le nouveau record d’Asterix

[20/10/2017]

Fabuleuse collection Prat

Dubuffet, Yves Klein, Joan Miro, Max Ernst ou encore Christo et Simon Hantaï… Il ne s’agit pas de l’inventaire du musée d’Art Moderne de la Ville de Paris mais de l’une des plus belles collections privées françaises. Christie’s met à l’encan, aujourd’hui même et demain à Paris (20et 21 octobre 2017), la collection de l’avocat Jean-François Prat disparu en 2011, ensemble d’envergure bâti en cinquante ans avec son épouse, l’expert en art contemporain Marie-Aline Prat. C’est la vente phare de l’automne à Paris, estimée au bas mot autour de 30 millions d’euros.

Le couple était bien connu du monde de l’art, notamment pour avoir régulièrement prêté des œuvres à l’occasion d’expositions au Centre Pompidou. Tout commence dans les années 1960, Jean-François Prat n’en est qu’au tout début de sa carrière et il court avec son épouse les ventes aux enchères non cataloguées. En 1965, ils se saignent pour acheter une affiche lacérée de Jacques Villeglé, aujourd’hui évaluée entre 80 000 et 120 000 euros. « A l’époque, ça devait valoir l’équivalent de 1 500 euros aujourd’hui », se souvient Marie-Aline Prat. La collection s’étoffe quand la carrière de l’avocat décolle dans les années 1980-1990, au gré des grandes batailles boursières françaises. « Les Prat ont privilégié des œuvres qui mettent du temps à se déguster, remarque Paul Nyzam, spécialiste chez Christie’s. Ils ont choisi des artistes qui ne sont pas show off, comme Martin Barré. » Centrée sur l’art du XXe siècle, cette collection présente, de l’aveu même de Marie-Aline Prat, un fil conducteur binaire, de l’apparition/disparition, de l’unité/multiplicité. De fait, le couple se sent attiré par les œuvres d’artistes qui ont poussé loin les limites de la peinture. Le passage sous le marteau du monumental Jim Crow que Basquiat a peint en 1986 sera sans doute le point focal de cette vente. Que l’estimation de cette pièce reste confidentielle annonce d’emblée la couleur. Évoquant les lois ségrégationnistes éponymes et interrogeant le racisme et l’histoire de l’esclavage, l’œuvre avait été achetée près de 113 000$ chez Christie’s Londres en décembre 1992. Autre chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre, Was machen die Russen in Mexico, de Sigmar Polke, illustre tout l’éclat créatif et irrévérencieux de l’artiste allemand. Persuadés que Polke avait autant d’importance que Richter, les Prat se jetèrent sur cette pièce à l’ouverture même des portes de l’édition d’Art Cologne de 1999 !

La maison de l’avenue Matignon disperse la collection, mais l’amour de l’art et des artistes de Jean-François et Marie-Aline Prat demeure: en 2012, le Prix Jean-François Prat a été créé par ses enfants et les associés du cabinet d’avocats Bredin Prat, pour lui rendre hommage et permettre aux artistes émergents de toute nationalité de mener à bien leurs projets.

Le nouveau record d’Asterix

Tintin et Asterix atteignent des sommets en salles de vente. La ruée sur les planches originales de bande dessinée continue et les prix records s’enchainent. Cette fois, c’est au tour d’Asterix et Obelix de défrayer la chronique, grâce à un record de 1 449 000 euros frais compris, contre une estimation haute de 200 000 euros, emporté le 13 octobre 2017 sous le marteau de Me Patrick Deburaux à Drouot. Cette illustration à la gouache et aux encres de couleur servit à la couverture originale de l’album d’Astérix, “Le Tour de Gaule”, paru en 1965. Le dessin, qui faisait partie de la collection de l’animateur Pierre Tchernia décédé en 2016, était pourvue d’une dédicace témoignant des relations amicales entre Tchernia et les ”parents” d”Astérix et Obélix, Goscinny et Uderzo : “A Pierre Tchernia, le modeste témoignage de sympathie en hommage à l’Esprit et à la gentillesse du grand homme de la télévision”.

Il s’agit là du premier résultat millionnaire pour l’emblématique Astérix le Gaulois, personnage inventé, selon René Goscinny lui-même « en deux heures par Uderzo dans un éclat de rire ! ». Le précédent sommet remontait à l’année 2011 et plafonnait à 230 000 € pour la planche 36 de ”Astérix gladiateur” (vente Kahn – Dumousset Paris, le 10 avril 2011). Asterix demeure encore loin derrière Tintin, dont les meilleures planches d’arrachent au-delà du million depuis déjà cinq ans, et dont le record fut établi à plus de 2,6 millions d’euros en mai 2014 chez Artcurial. Mais les prix d’Astérix sont partis plus grimper d’autant plus que les belles planches ne sont si fréquentes sur le marché : le marché de Uderzo & Goscinny est en effet trois fois moins fourni que celui d’Hergé, dont plus de 900 dessins sont déjà passés en salles depuis la fin des années 80.