2017 et les 20 ans du Guggenheim de Bilbao – Richard Serra – Hermann et Margrit Rupf – Francis Bacon

[06/01/2017]

L’année 2017 marque les 20 ans du musée Guggenheim de Bilbao, l’un des cinq musées de la fondation Solomon R. Guggenheim, situé au Pays basque espagnol. Célèbre pour son architecture souple de verre et de titane réalisé par Frank Gehry, le musée séduit autant par la qualité de ses sculptures pérennes monumentales (Jeff Koons, Louise Bourgeois, Jenny Holzer et Richard Serra) que par la qualité de sa programmation. A l’occasion de cette année anniversaire, Artprice consacre ses brèves au musée.

Une expérience hors-normes proposée par Richard Serra

Avis aux amateurs de l’oeuvre de Richard SERRA : l’une de ses plus belles, de ses plus complètes réalisations se trouve au musée Guggenheim de Bilbao. L’installation The Matter of Time est une expérience forte, une série de huit sculptures dialoguant merveilleusement avec l’architecture souple de Franck O. Gehry. Ellipses et spirales en torsion se déploient sur l’ensemble de la galerie d’Arcelor-Mittal, au rez-de-chaussée du musée, où chaque œuvre, composée de morceaux d’acier de plusieurs tonnes, jouent avec la gravité et la pesanteur. Au total : 1000 tonnes de sculptures ont été installées « au dixième de millimètre près » dans le cadre d’une commande exceptionnelle et pérenne du musée Guggenheim de Bilbao, une commande facturée 16 millions d’euros il y a 10 ans, un ensemble difficilement estimable aujourd’hui… Rares sont les grandes installations en circulation sur le marché. L’une des plus imposante – et la plus chère jamais passée en salle de ventes – est L.A. Cone, installation légèrement concave de plus de 440cm de hauteur sur 5 mètres de large. Si l’on ne longe pas longtemps cette paroi aux subtiles nuances rouillées, l’interaction corps-sculpture fonctionne dans la simplicité et le dépouillement de cet élément unique. L’occasion étant trop rare, L.A. Cone doublait largement son estimation de 2 millions de dollars en mai 2013 (Christie’s New York). En 2016, une seule sculpture a alimenté le monde des enchères : Thirty-Five Feet of Lead Rolled Up, consistant en une feuille de plomb méthodiquement enroulée sur elle-même, jouant sur les qualités du dur et du mou et inaugurant de nouvelles possibilités au champ sculptural. Prix de cette œuvre désormais « historique » de 1968 : 293 000 $.

Les trésors de Hermann et Margrit Rupf

L’exposition de la collection de Hermann et Margrit Rupf court jusqu’au 23 avril 2017. Si le nom des Rupf est confidentiel, les signatures de leur collection – particulièrement impressionnante en matière d’oeuvres cubistes – sont les plus célèbres de la seconde moitié du XXe siècle. Pablo PICASSO, Georges BRAQUE, Juan GRIS, Fernand LÉGER, Paul KLEE ou Wassily KANDINSKY dialoguent avec des artistes contemporains. Une occasion unique de voir une dizaine d’oeuvres cubistes de Braque jouxtant une toile d’Olivier MOSSET ou d’Enrico CASTELLANI. Hermann Rupf commença à acheter des œuvres en 1907-1908 auprès de la fameuse galerie Kahnweiler de Paris. Il épouse Margrit Wirtz en 1910 et le couple poursuit ses acquisitions après la première guerre mondiale avec Braque, Derain, Gris, Laurens, Léger ou encore Klee. Certains artistes deviennent des amis proches, comme Vassily Kandinsky et Paul Klee, qui leur faisait cadeau de toiles à l’occasion de certains anniversaires où à Noël. Entre les acquisitions régulières auprès de Daniel-Henry Kahnweiler, ardent défenseur du cubisme, les cadeaux d’artistes comme autant de petits trésors, et les acquisitions plus tardives ouvrant notamment la collection sur quelques figures majeures de l’art italien (Catellani, Fontana, Piero Manzoni), l’exposition Rupf réunit 70 œuvres d’artistes phares de l’art de la première moitié du XXe siècle et de l’art contemporain.

L’exposition Francis Bacon touche à sa fin

Francis Bacon, Picasso, Velasquez : voici le trio pour le moins alléchant de l’exposition s’achevant le 8 janvier 2017. Francis Bacon : de Picasso à Velasquez réalise un tour de force, en réunissant de près de 80 toiles dont certaines parmi les plus marquantes de l’artiste britannique né en Irlande. Par ailleurs, la majorité des œuvres exposées sont issues de collections particulières, souvent britanniques, aux côtés de quelques prêts concédées par la galerie Marlborough, qui est en charge des droits de l’artiste. Une exposition imposante donc, où l’oeuvre de Francis Bacon est mise en regard avec de grands maîtres français et espagnols qui ont eu un grand ascendant sur sa carrière : Picasso et Velasquez comme annoncé sur l’affiche, mais aussi Zurbaran, Murillo et El Greco. L’exposition permet aussi d’approcher l’oeuvre de Francis BACON sous une autre perspective, rappelant que l’artiste commença à peindre après la visite de l’exposition Cent dessins par Picasso à la galerie Paul Rosenberg de Paris, en 1927, puis développa un intérêt tout particulier pour la culture espagnole avant de se découvrir une véritable obsession pour Velasquez et son Portrait du Pape Innocent X. Autre point fort de cette exposition : elle a permis de recomposer des triptyques majeurs, dont la valeur de chacun peut passer les 100 millions de dollars ! La Seated Woman vendue 28,165 m$ chez Phillips New York le 14 mai 2015 retrouve ainsi toute sa puissance auprès de deux œuvres complétant le triptyque initial.