En Bref ! Delta au Mima – And the winner is… – La Tefaf poursuit son expansion

[28/04/2017]

Delta au Mima

Le Millenium Iconaclast Museum of Art (MIMA), fait une entrée retentissante sur la scène culturelle bruxelloise avec plus de 41 000 visiteurs depuis son ouverture en avril 2016. Installé au bord du canal à Molenbeek dans les anciennes brasseries Bellevue et loin du luxueux quartier des Sablons, 1200 m² répartis sur quatre étages sont intégralement dédiés à la création contemporaine 2.0. Unique en Europe, le MIMA vise à exposer des artistes marquant le changement de paradigme culturel de nos sociétés à l’ère d’internet. Afin de constituer une exposition permanente et ne bénéficiant pas d’aides publiques, le musée se voit prêter une quarantaine d’oeuvres par des collectionneurs dont Blu, Banksy et Invader… L’exposition inaugurale, City lights, rassemblait quatre installations de street artistes américains d’envergure internationale : May Hayuk, Swoon, Momo et le duo Faile.

Boris Tellegen aka DELTA (1968), pionnier du graffiti néerlandais, est l’invité du 2ème volet annuel. Intitulée A friendly Takeover et réalisée en collaboration avec le curateur Daniel Hofstede, cette exposition permet de traverser 20 ans du travail de l’artiste de la rue au musée. Carnets de croquis, photographies, et collection personnelle de figurines mangas cohabitent avec des œuvres phares, moteurs de sa renommée internationale comme les pochettes de disques réalisées pour le label de musique Ninja Tune. L’univers clos de l’espace d’exposition se substitue à la rue, annoncée comme premier terrain d’expression où le mot devient progressivement surface et où les lettres s’effacent pour laisser place à une combinaison architecturée aux dimensions nouvelles. La scénographie savamment orchestrée incite le visiteur à se faufiler, se pencher, escalader à la manière d’une véritable exploration urbaine qui, comme apogée, se termine au dernier étage par un robot aux dimensions telles qu’il faut marcher dessus pour pouvoir l’appréhender et qu’une partie dépasse des fenêtres. Après le Palais de Tokyo en 2013, Delta n’en est pas à son coup d’essai et le Mima semble choisir des artistes à l’échelle de sa réussite ! Plus que tout, ce lieu montre que le street art n’appartient plus seulement à la rue et le marché s’en porte très bien, comme pour la maison de vente Artcurial qui affiche un total de 1,807,250 $ pour sa vente du 28 février dernier intégralement dédiée au sujet.

And the winner is…

Viva Arte Viva : tel est le mantra de cette 57e édition de la Biennale de Venise. Du 13 mai prochain, et jusqu’au 16 novembre les visiteurs pourront explorer les pavillons comme ils feuillettent les pages d’un livre. C’est à Christine Macel, conservateur en chef au Musée national d’art moderne du Centre Pompidou et commissaire générale de cette édition qu’il revient donc de remettre le Lion d’Or. Elle dit avoir proposé le nom de Carolee SCHNEEMANN (1939) comme une évidence.

C’est une décision engagée que de récompenser l’artiste pour l’ensemble de sa carrière. Née en 1939 en Pennsylvanie, Carolee Schneemann commence sa carrière à la sortie du Bard College, dans le milieu de l’Expressionisme abstrait new-yorkais. Pionnière de la performance féministe, elle se tourne vers les films expérimentaux, la musique, la poésie, la danse et le happening artistique. En 1964 elle présente sa performance Meat Joy pendant le Festival de la libre expression de Paris qu’elle décrit comme un rite érotique et une célébration de la chair comme matériau de création artistique. La deuxième performance qui la confirme dans son statut d’artiste féministe est Interior Scroll, qu’elle présente au public en 1975. Vulva’s Morphia (1992-97) rassemble des photographies et dessins de représentations préhistoriques de l’appareil génital féminin. En 2014, Carolee Schneeman confiait au Guardian : « Mon travail est devenu une sorte de pont que doit traverser chaque jeune femme artiste travaillant avec son propre corps ». L’intérêt des collectionneurs est présent, son œuvre Eye Body: 36 Transformative Actions atteignait près de 200 000$ chez Christie’s NY en 2015. Le Moma PS1 l’honorera l’hiver prochain, avec l’exposition Kinetic Painting, première rétrospective de l’artiste sur le sol américain. D’une femme à l’autre, la remise du Lion d’Or le 13 mai prochain à Venise marque donc un momentum pour le féminisme artistique.

La Tefaf poursuit son expansion

Née à Maastricht il y a 30 ans, la Tefaf (The European Fine Art Fair) s’est imposée comme la foire la plus qualitative et la plus dense du monde, en couvrant sept mille ans de la plus belle création. La Tefaf est l’unique salon international où des chefs-d’oeuvre de l’Égypte ancienne côtoient des toiles de maîtres. Les toiles de Rembrandt, Rubens et Cranach jouxtent des chefs-d’oeuvre modernes de Renoir et Monet, ainsi que de grandes figures contemporaines comme Pierre Soulages, Damien Hirst ou Jeff Koons. La Tefaf ressemble à un musée idéal, à la différence que les milliers d’oeuvres exposées sont à vendre… Or les premiers acheteurs sur le marché le plus élitiste de l’art – c’est à dire les américains – ayant tendance à désaffecter quelque peu l’Europe ces derniers temps, les organisateurs de la Tefaf se sont attachés à faire venir à eux le salon, avec une seconde édition programmée du 4 au 8 mai 2017 dans la ville la plus dynamique du marché de l’art : New York. Ce nouveau rendez-vous du printemps concentre 92 illustres exposants – contre 270 à Maastricht – offrant leur meilleure sélection d’oeuvres d’art modernes, contemporaines et de design. L’édition de mai vient ainsi compléter une bouture new-yorkaise concentrée sur l’art décoratif et l’antiquité organisée au mois d’octobre. Parmi les prestigieux exposants au Park Avenue Armory en mai, certains sont plus accoutumés aux foires d’art contemporain qu’au label « Tefaf » tels Perrotin, David Zwirner ou la White Cube. Leur arrivée sur le salon new-yorkais apporte ainsi un vent de renouveau vis-à-vis de la grande sœur de Maastricht. Si les exposants nous assurent des œuvres exceptionnelles de Miro, Dubuffet, Cy Twombly ou Picasso, notons une présence renforcée sur plusieurs stands – dont ceux de Tornabuoni, Robilant+Voena, Karsten Greve et Ben Brown Fine art – d’oeuvres importantes de Lucio FONTANA (1899-1968), un choix des plus stratégiques puisque l’artiste signait son record absolu à New York en 2015 (La fine di Dio, 29,1m$ chez Christie’s) et que les maisons de ventes new-yorkaises ont vendu plus de 71 m$ d’oeuvres de Fontana à New York, en moins d’un an et demi…