En Bref : Sublime Collection Morozov – Praemium Imperiale pour James Turrell

[24/09/2021]

Sublime Collection Morozov et icônes de l’art moderne

Vincent Van Gogh, Café de nuit (1888), huile sur toile, 72 x 92 cm. Cette œuvre majeure de Van Gogh fut achetée par Ivan Morosov pour la somme de 3000 roubles (l’équivalent de 35 000$ actuels) lors de l’exposition “La Toison d’or” de 1908. La valeur du chef-d’œuvre pourrait flirter avec les 100 millions de dollars aujourd’hui…

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Après la découverte de la collection Chtchoukine, il y a 4 ans, par 1.3 millions visiteurs, la collection Morozov constitue le second volet historique consacré par la fondation Louis Vuitton aux grands collectionneurs russes du début du 20ème siècle. L’exposition réunit ici 200 chefs-d’œuvre d’art moderne de la collection extraordinaire rassemblée par Mikhaïl (1870-1903) et Ivan Abramovitch Morozov (1871-1921).

Les deux frères moscovites ont en effet constitué l’une des plus importantes collections au monde d’art impressionniste et moderne, rassemblant près de 400 tableaux modernes de l’école russe, et quelques 250 oeuvres oeuvres de la modernité française, avec le conseil des principaux marchands d’art parisiens de l’époque, à savoir Paul Durand-Ruel, Ambroise Vollard, Georges Bernheim, Eugène Druet et Daniel-Henry Kahnweiler.

Les chefs-d’oeuvre sont ainsi signés de Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Renoir, Monet, Bonnard, Denis, Matisse, Derain et Picasso aux côtés d’artistes emblématiques de l’avant-garde russe tels que Malevitch, Répine, Gontcharova et Larionov.

Couplée au legs de Chtchoukine, la collection de Morozov servit de base pour le Musée d’État du nouvel art occidental. Les toiles furent ensuite réparties entre l’Ermitage et le musée Pouchkine de Moscou, lesquels ont rendu possible, avec le concours de la galerie Trétiakov (Moscou), cet événement de grande envergure à découvrir à la Fondation Louis Vuitton jusqu’au 22 février 2022.

Paul Cézanne, Madame Cézanne dans le parc (1891), huile sur toile, 72 x 92 cm. L’un des plus beaux portraits de madame Cézanne, le peintre favori d’Ivan Morosov acheté 40 000 francs français en 1911, soit 150 000$ actuels. En salle de ventes aujourd’hui, l’œuvre passerait certainement allègrement les 50 millions de dollars.

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Praemium Imperiale pour James Turrell
L’artiste américain James Turrell est lauréat du 32e Praemium Imperiale, considéré comme le “Nobel des arts” dans le domaine de la sculpture. Pour l’obtention de ce prix prestigieux créé en 1988 par la Japan Art Association, l’artiste reçoit la somme de 15 millions de yens (environ 137 000$) à l’instar des autres lauréats de l’année, dont Le photographe franco-brésilien Sebastiao SALGADO et  le violoncelliste Yo-Yo Ma.

James TURRELL est devenu célèbre par ses “environnements perceptuels” réalisés à partir de lumière, d’espace et de couleur. Après une formation en psychologie de la perception (perceptual psychology), des études de mathématiques, géologie, astronomie et beaux-arts, il a eu sa première exposition individuelle en 1967, au Pasadena Art Museum. Ce sculpteur de lumière a conçu une centaine de Skyspaces dans le monde, incitant les visiteurs à expérimenter la lumière du ciel à travers des percées architecturales.

 

“Je suis juste en train de créer mon propre petit paradis sur terre”. James Turrell, à propos du Roden Crater

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Âgé aujourd’hui de 78 ans, il travaille toujours sur son œuvre la plus ambitieuse – Roden Crater – commencée en 1979 et devant être terminée en 2026. Cette œuvre souterraine  est dédiée, paradoxalement, à une immersion totale dans les activités du cosmos, à la contemplation de l’espace entre la terre et le ciel. Le Roden Crater est construit dans un cratère de 4,8 km de circonférence et vieux de 400 000 ans situé dans le nord de l’Arizona, vers les terres habitées par les Indiens navajos. A son achèvement, les visiteurs pourront vivre des expériences inédites de contemplation de lumière en plein désert, “isolant et intensifiant la lumière du soleil, de la lune, des étoiles et des planètes” à travers les tunnels et les salles aménagés de l’ancien volcan. Pour produire les conditions de ces expériences inégalées et administrer le Roden Crater, Turrell a créé la Skystone Foundation. En 2019, 10 millions de dollars ont abondé la caisse du projet via le rappeur Kanye West qui, en contrepartie, eut la chance de visiter le site avant l’heure et d’y tourner un film (réalisé par Nick Knight) pour son titre Jesus Is King. En 2020, le milliardaire américain Mark Pincus a contribué au projet à hauteur de 3 millions de dollars.
Les œuvres de James Turrell étant par essence immatérielles, peu d’entre elles sont de nature “traditionnelles” pour permettre d’alimenter le marché. Il existe néanmoins quelques estampes dont les prix varient entre 1 000 et 10 000 $, des tirages photo et de rares installations, les plus recherchés étant bien sûr celles qui mettent en œuvre la lumière…

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Les œuvres de cet immense artiste sont rarissimes sur le marché des enchères. En voici quelques chiffres :

  • 7 à 13 oeuvres seulement sont vendues aux enchères chaque année.
  • 49% de son produit de ventes réalisé à Londres – plutôt qu’à New York – au cours des trois dernières années.
  • 50% des oeuvres vendues sont des estampes (2000-2021).
  • 441 270 $ : le record de l’artiste aux enchères, détenu depuis 2007 par l’installation lumineuse Ondoe Blue (1968) (Sotheby’s, Londres).