En Bref : Les prix du dessin à Paris. Art Basel Hong Kong

[27/05/2022]

Avec plusieurs salons consacrés à l’exploration des œuvres sur papier la semaine dernière, Paris est redevenue la grande capitale du dessin. Une semaine marquée par une offre unique dans sa diversité et sa qualité, et par le retour des collectionneurs privés et des représentants de musées étrangers après deux années entravées.

Les rendez-vous phares étaient portés par la 30e édition du Salon du dessin accueilli au Palais Brongniart à quelques pas de la Fondation Pinault, la 15e édition du salon Drawing Now au Carreau du Temple, le prospectif salon DessinParis et la Print Art Fair, spécialisé sur l’estampe contemporaine. Une offre déjà vaste à laquelle s’ajoutait celle des maisons de ventes, braquant elles aussi les projecteurs sur de précieux papiers, dont le fameux dessin de jeunesse de MICHELANGELO (1475-1564) cédé pour 24,3m$ par Christie’s (A nude man (after Masaccio) and two figures behind).

Michel-Ange, A nude man (after Masaccio) and two figures behind

Encre brune, 33 x 20 cm. 24,3m$, Christie’s Paris, 18 mai 2022

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Deux prix très attendus de dessin ont été attribués, l’un par la Fondation Daniel & Florence Guerlain, l’autre par le jury de Drawing Now. Le deux prix récompensent des femmes : la russe Olga Chernysheva et la française Karine Rougier.

Olga Chernysheva

Lauréate du 15e prix de dessin contemporain de la Fondation Daniel & Florence Guerlain.

Née en 1962 à Moscou, Olga CHERNYSHEVA dessine depuis l’enfance. Des animaux d’abord, puis des figures humaines. Après des études de cinéma à l’Institut national de la cinématographie S. A. Guerassimov jusqu’en 1986 et à la Rijksakademie d’Amsterdam de 1995 à 1996, elle s’intéresse au pouvoir narratif des images du quotidien. Aujourd’hui, elle enseigne à l’école Rodchenko de Moscou, spécialisée dans la photographie et le multimédia. Sa carrière est marquée par sa participation à la 49e Biennale de Venise en 2001 alors qu’elle représente la Russie, et ses œuvres ont intégré depuis de prestigieuses institutions telles que le MoMA de New York, la Tate Modern de Londres, la Fondation Louis Vuitton de Paris et le Victoria & Albert Museum de Londres. En obtenant le prix 2022, Olga Chernysheva intègre désormais les collections du Musée National d’art moderne de Paris, l’une de ses œuvres étant offerte au musée par la Fondation Daniel & Florence Guerlain.

Aux enchères : Le prix des dessins d’Olga Chernysheva varie entre 700 et 2 000$.

Karine Rougier

Lauréate du Prix Drawing Now

Née en 1982, Karine ROUGIER vit et travaille à Marseille et est représentée par la galerie Espace à vendre. Formée  aux Arts Décoratifs de Genève puis à l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence, l’artiste révèle avec le dessin, selon ses mots, comme “une ode à l’amour, aux éléments, à la nature, à notre part sauvage”. Karine Rougier, qui enseigne aux Beaux-Arts de Marseille, a représenté Malte à la Biennale de Venise en 2017. En remportant le prix Drawing Now cette année (prix attribué aux dessinateurs en milieu de carrière) elle va bénéficier d’une exposition de trois mois au Drawing Lab et de l’édition d’un catalogue.

Aux enchères : Karine Rougier n’est pas encore présente sur le second marché. Les tentatives de ventes aux enchères des 2007 et 2013 n’ont pas été probantes, l’artiste n’étant pas encore reconnue à cette époque.

 

Art Basel Hong Kong

Jusqu’au 29 mai, 130 galerie issues de 28 pays différents se retrouvent au Convention Center de Hong Kong pour une nouvelle édition d’Art Basel : David Zwirner, Lehman Maupin, Hauser & Wirth, Ben Brown Fine Arts et bien d’autres galeries remarquables ont fait le déplacement. Pour se démarquer, les choix stratégiques de chaque galerie s’avèrent très différents. En voici quelques-unes qui ont retenu notre attention.

La galerie Gagosian mise sur l’abondance et la diversité avec une trentaine d’artistes internationaux, citant pour son stand des œuvres d’artistes tels que Georg Baselitz, Louise Bonnet, Edmund de Waal, Urs Fischer, Katharina Grosse, Mark Grotjahn, Jennifer Guidi, Simon Hantaï, Hao Liang, Damien Hirst, Thomas Houseago, Tetsuya Ishida, Alex Israel, Ewa Juszkiewicz, Rick Lowe, Takashi Murakami, Albert Oehlen, Nam June Paik, Giuseppe Penone, Rudolf Polanszky, Sterling Ruby, Ed Ruscha, Jenny Saville, Jim Shaw, Rudolf Stingel, Spencer Sweeney, Rachel Whiteread et Zeng Fanzhi.

La galerie Hauser & Wirth pourrait ouvrir le salon sur un sold out étant donné que les œuvres réservées pour Art Basel sont en preview publique sur le site internet de la galerie depuis plusieurs jours. On y trouve notamment des œuvres de Rita Ackermann, Louise Bourgeois, George Condo, Roni Horn, Camille Henrot, William Kentridge, Annie Leibovitz.. une quarantaine d’œuvres pour des prix allant de 25 000$ à plus de 2,6m$ lorsqu’ils sont annoncés.

La galerie Marlborough mise sur une œuvre majeure de l’artiste allemand Anselm Kiefer et lui consacre tout un dossier de 12 pages, rappelant que Kiefer est aussi mis à l’honneur à l’actuelle Biennale de Venise, étant exposé à la Sala dello Scrutinio et à la Sala della Quarantia Civil Nova au Palazzo Ducale, avec quatorze peintures du sol au plafond qui explorent les cycles de destruction et de transformation. 

La galerie française Ceysson & Benetière fait le pari d’un solo à Tania Mouraud. Un choix qui devrait faire du bien à cette grande artiste dont le marché (des enchères) est pour l’heure encore 100% franco-français.

La Pace Gallery met en lumière les artistes asiatiques, notamment les chinois Zhang Xiaogang, Song Dong, Hong Hao, Yin Xiuzhen, Li Songsong et Qiu Xiaofei, le japonais Kohei Nawa et le coréen Lee Kun-Yong. Elle affirme également son engagement dans les nouveaux projets numériques en présentant des NFT de Zhang Huan, Glenn Kaino et Lucas Samaras.

La White Cube a maintenu le suspens jusqu’au bout, ne dévoilant rien de sa sélection sous un compte à rebours en ligne égrenant les secondes jusqu’à l’ouverture du salon…

Reste deux jours de salon pour découvrir (enfin) leur sélection.