En bref : Hergé – Grand Palais – Positions Berlin – Marc Riboud

[09/09/2016]

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres. Hergé au Grand Palais. Positions Berlin. Le photojournalisme humaniste de Marc Riboud.

Hergé au Grand Palais

Les Tintinophiles peuvent déjà s’en ravir ! Dix ans après l’exposition du centième anniversaire de sa naissance qui lui était consacrée au Centre Pompidou, l’auteur Belge Hergé revient sur le devant de la scène muséale française au Grand Palais, du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017. Organisée par Moulinsart, la Réunion des Musées Nationaux, en étroite collaboration avec le Musée Hergé de Louvain-la-Neuve et sa conservatrice Sophie Tchang, la rétrospective s’annonce comme un événement incontournable de cette rentrée. L’accent portera sur la personnalité et l’imaginaire d’HERGÉ, alias Georges Rémi (1907-1983). Sa vie et son ascension artistique seront abordées dans un parcours thématique relevant l’aspect polymorphe de son travail et son goût pour l’éclectisme. Le père de Tintin (héros apparu en janvier 1929) est un pilier de la bande dessinée franco-belge. C’était un artiste complet, un collectionneur d’art (Miró, Lucio Fontana etc.) et aussi un peintre, puisqu’il s’essaya même à l’abstrait dans les années 60…
Si les collectionneurs ne s’intéressent pas véritablement à son œuvre peinte, ils se disputent avidement ses meilleures planches de bandes dessinées. Les prix ont fortement grimpé ces dernières années (le chiffre d’affaires a triplé entre 2013 et 2015), hissant Hergé à la 68ème place mondiale dans la catégorie dessin-aquarelle (classement des artistes selon les résultats de ventes annuels aux enchères). Un tel plébiscite fait définitivement entrer le neuvième art dans la hiérarchie des Beaux-Arts !
Les chiffres parlent d’eux même, avec des records notamment enregistrés chez Sotheby’s Paris en octobre 2015 pour Tintin, le Sceptre d’Ottokar (pl. 95 & 96), un lot vendu au double de l’estimation, pour 1,5 m€, soit 1,7 m$. Par ailleurs, Artcurial, grand spécialiste de la bande dessinée depuis 2005, a vu s’envoler la double planche Le sceptre d’Ottokar (1939) à plus d’1 m€ (près de 1,2 m$) le 30 avril 2016. Si les ventes spécialisées se tiennent principalement en France, le marché asiatique est demandeur, surtout après le succès de la vente test d’Arcurial Hong Kong en octobre 2015, où Le Lotus Bleu passait le million de dollars. Cette année, Artcurial réitère l’expérience hongkongaise en octobre. Comme l’an dernier, la bande dessinée sera à l’honneur, notamment avec un dessin préparatoire d’Hergé, daté de 1979, et attendu autour du million de dollars. Les amateurs seront-ils à nouveau au rendez-vous ?

Positions Berlin

Le salon Positions Berlin ouvre ses portes du 15 au 18 septembre 2016, autour d’une sélection de 74 galeries. Cette troisième édition compte une grande majorité de galeries berlinoises (dont White Concepts, We Gallery, Subject Object, Galerie Martin Mertens ou encore Jarmuschek+Partner), d’autres venues de Cologne, Dusseldorf ou Bonn. Elle s’ouvre aussi sur des propositions internationales. Au final, 13 pays – dont l’Espagne, les Pays-bas et l’Autriche – sont représentés, contre 16 l’an dernier, sur ce salon privilégiant la création récente.
A l’heure où bon nombre de foires se retrouvent différées ou annulées dans le monde, Positions Berlin maintient le cap pour dynamiser le marché Allemand. Rappelons que l’Allemagne est la cinquième place de marché mondiale pour la vente d’oeuvres d’art aux enchères : un classement tout à fait honorable, sachant qu’elle ne représente que 2 % du produit des ventes d’oeuvres d’art dans le monde. Bien que Berlin soit riche en terme d’offre culturelle, elle doit trouver des solutions pour insuffler constamment de l’élan. Le salon Positions Berlin en fait partie.

Le photojournalisme humaniste de Marc Riboud

Cette immense figure de la photographie s’est éteinte le 30 août 2016 à l’âge de 93 ans, laissant derrière lui pas moins de 400 000 clichés. Marc RIBOUD fait partie de cette génération de photographes qui a porté son œil aguerri et sensible sur les petites choses et les à-côtés du monde. La curiosité comme moteur, il croyait à « l’instinct de l’instant » et au « plaisir de l’oeil » avant tout.
Ingénieur de formation, il fera d’un loisir d’adolescent son véritable métier, peut-être motivé par le Vest Pocket offert par son père à l’âge de 14 ans avec lequel il réalisera ses premières images.
Le Peintre de la Tour Eiffel, célèbre photographie de 1953 montrant Zazou en équilibre au dessus du vide, le pinceau à la main, lui vaudra la couverture du prestigieux magazine americain Life et son admission au sein de l’agence Magnum sous la houlette d’Henri CARTIER-BRESSON et de Robert CAPA, qui deviendront ses mentors. Ce n’est pas anodin si le cliché qui fit démarrer sa carrière reste aujourd’hui son œuvre la plus chère vendue en salle à près de 12 500€, près de 16 000$, chez Sotheby’s Paris en 2012.
Sa vie de reporter l’entraînera aux quatre coins de l’Hexagone. Il sera l’un des premiers photographes à sillonner la Chine communiste en 1957 avant de terminer son périple au Japon en 1958. Peu de pays acteurs de l’équilibre du monde et de ses déséquilibres échapperont à son objectif: indépendance de l’Algérie en 1962, révolution culturelle en Chine, opposition à la guerre au Vietnam en 1967 dont sera extraite la légendaire photographie de La Jeune fille à la fleur montrant la manifestante Jan Rose Kasmir face aux fusils à baïonnette des soldats de la garde nationale à Washington, qui demeure un symbole de lutte contre la guerre. Sur tous les fronts il couvrira aussi mai 68 à Paris, Prague en 1977, la prise d’otages de l’Ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979, Solidarnosc en 1980, procès de Klaus Barbie à Lyon en 1987, victoire de Barack Obama en 2008… Marc Riboud remportera de nombreux prix dont le Prix Nadar 2012 pour son livre Vers l’Orient, ses photographies ont été publiées dans de nombreux magazines et il se classe aujourd’hui parmi les 200 photographes les mieux vendus et les plus collectionnés, essentiellement en France et aux États Unis.
À la fois photographe humaniste et photojournaliste, il dépeint le monde avec une signature bien à lui, amoureux de la vie et des gens, il témoigne d’un quotidien souvent teinté de souffrance auquel il ajoute sa poésie. Dans une volonté de faire perdurer son œuvre à travers de nouveaux regards, il a souhaité confier avant sa mort l’intégralité de ses archives au musée Guimet, qui lui consacrera bientôt une grande exposition.