En Bref : Henri Matisse et Lyon – James Ensor, Paris-Londres – Londres en force

[16/12/2016]

Henri Matisse et Lyon

250 œuvres d’Henri MATISSE (1869-1954) sont exposées au musée des Beaux-Arts de Lyon jusqu’au 6 mars 2017. Dans le cadre de son quarantième anniversaire, le Centre Pompidou a confié au musée de Lyon une trentaine d’oeuvres afin d’articuler cette importance rétrospective, augmentée par des prêts européens et américains. Nommée Le Laboratoire intérieur en référence à Baudelaire, l’exposition comporte quatorze chapitres : elle débute avec les années d’apprentissage et les premières influences, celles de Cézanne, Manet, Rodin ou Michel-Ange, passe par le portrait, les dessins fauves et ingresques, jusqu’au dernier grand œuvre que fut la Chapelle du Rosaire à Saint Paul de Vence. Il s’agit là d’un événement fort pour la ville de Lyon qui n’avait pas renouvelé d’hommage important à Matisse depuis l’exposition organisée pour la réouverture du musée en 1998. La ville a pourtant entretenu des liens particuliers avec l’artiste, qui fut opéré avec succès d’un grave cancer (on ne lui donnait à l’époque plus que six mois à vivre) en 1941, à Lyon à l’âge de 72 ans. Après une opération et une convalescence réussies, Matisse parle de “résurrection” et offre au musée des Beaux-Arts de Lyon un ensemble plusieurs dessins issus de la série Thèmes et variations, ainsi que des livres illustrés, dont le célèbre album “Jazz”. Le directeur du musée de l’époque, René Jullian, lui achète le portrait de l’antiquaire Georges Joseph Demotte, peint en 1918. En 1993, une seconde toile de Matisse vient enrichir les collections du musée : Jeune Femme en blanc, fond rouge (1946), déposée par le Centre Pompidou après la dation de Pierre Matisse. Matisse n’a jamais été si bien représenté en France, tandis que l’exposition de la collection Chtchoukine bat son plein à la Fondation Louis Vuitton à Paris, avec 22 œuvres majeures sous sa signature.

James Ensor, Paris-Londres

Sotheby’s Paris doit une réussite historique à James ENSOR (1860-1949): le 7 décembre 2016, l’illustre société de ventes vendait au sein de son antenne parisienne un bijou de cynisme, Squelette arrêtant masques, réalisé en 1891 et restée pendant près d’un siècle dans la même famille, la famille Serruys. Sotheby’s soulignait “l’extraordinaire fraîcheur des couleurs, le sujet iconique mettant en scène les figures emblématiques de l’art d’Ensor et la composition d’une modernité inouïe”, de cette toile peinte à Ostende en 1891 pendant la période la plus féconde de l’artiste, c’est à dire pendant l’époque des Masques. Récemment redécouverte, cette peinture à l’huile de 30 centimètres sur 50 estimée de 1 à 1,5 million d’euros, s’est envolée pour plus de 7,3 millions d’euros (soit 7,82 m$), établissant le record mondial de l’artiste.

L’héritage de Ensor est plus que jamais vivant et sa redécouverte ne passe pas seulement par l’excellente santé de son marché. Ses oeuvres sont actuellement exposées à Londres sous le commissariat d’un autre artiste Belge célèbre : Luc Tuymans. L’exposition “Intrigue: James Ensor by Luc Tuymans”, à la Royal Academy est construite autour d’un prêt conséquent du musée des Beaux-arts d’Anvers, principal détenteur des œuvres de l’artiste, actuellement en rénovation. Toute la démesure de Ensor est à découvrir à Londres jusqu’au 29 janvier 2017.

Londres en force

Les acteurs du marché s’attendaient à un lourd ralentissement des performances britanniques suite au climat de défiance et de morosité généré par l’annonce du Brexit il y a quelques mois. Il n’en est rien, du moins concernant le second marché, celui des enchères, lequel s’est révélé particulièrement dynamique durant l’automne. Les chiffres sont parlants : près de 4 000 lots fine art ont été adjugés à Londres pour un total de 101 m£ en novembre 2016, contre seulement 48,5 m£ par rapport au même mois en 2015. Le produit de ventes double donc grassement, après une période cruciale d’ajustement au cours du premier semestre 2016. Quant aux derniers résultats des Maîtres anciens vendus entre le 7 et le 9 décembre à Londres, ils s’avèrent satisfaisant, surtout du côté de Sotheby’s (14,8 m£ chez Sotheby’s contre 12,2m£ chez Christie’s) où les prix ont souvent explosé les estimations initiales. Deux oeuvres majeures ont passé les deux millions : celle de Pieter II BRUEGHEL (c.1564-1637/38) (Pieter II Brueghel 2,7 m£ soit 3,2m$ pour Return from the Kermesse, une oeuvre par ailleurs achetée 4,5m$ en 2011 chez Sotheby’s New York) et celle de TIZIANO VECELLIO (1485/89-1576) (Portrait of two boys, said to be members of the Pesaro Family) cédée plus de 2,1 m£, soit 600 000£ au-dessus de l’estimation haute. Le pire est passé et les affaires reprennent bon train dans la capitale britannique.