Dynamisme du Moyen-Orient

[26/07/2011]

 

Portés par la montée en puissance de l’art contemporain (dont le produit des ventes mondiales aux enchères a décuplé pendant la dernière décennie), les artistes contemporains arabes ont constitué une manne croissante pour les galeries d’art et pour les sociétés de ventes aux enchères à partir de 2005-2006. Ces dernières misaient jusqu’alors essentiellement sur la génération d’artistes nés entre 1920 et 1944 pour optimiser leurs recettes (En 2006 : 73% du fruit des enchères pour l’art du Moyen-Orient est issu de la dispersion d’œuvres d’artistes nés entre 1920 et 1944). Puis les contemporains se sont imposés en trois petites années. Les jeunes signatures qui généraient en moyenne 7% du chiffre d’affaires des ventes d’art spécialisées Moyen-Orient en 2006 représentent plus de 20% des recettes en 2008 !
Au milieu de l’année 2008, le marché de l’art contemporain connut son apogée, suivi d’une dégringolade sans précédent au Moyen-Orient. La moitié des œuvres soumises à enchères furent ravalées au 2ème semestre 2008, puis l’indice des prix chutait de -42% sur la seule année 2009. Le marché s’est à nouveau stabilisé au 1er semestre de cette année 2011, renouant avec les niveaux des prix enregistrés fin 2004, avant l’emballement du marché.

Désormais, les artistes contemporains arabes sont portés par des forces sans précédent au Moyen-Orient, dont des ventes spécialisées (Compagnie Marocaine des Œuvres & Objets d’Art de Casablanca, Beyaz Pazarlama ve Muzayedecilik et Antik AS à Istanbul, Christie’s Dubaï depuis 2006, Bonham’s Dubaï depuis 2008, Sotheby’s Doha depuis 2009), l’énergie déployée sur les foires d’art contemporain de Marrakech et de Dubaï, les alliances entre le Qatar et l’Europe (création d’un prix des curators entre le Qatar et l’Italie), les événements orchestrés par Edge of Arabia ou encore l’émulation des grands travaux culturels menés sur l’île de Saadiyat d’Abu Dhabi (un Louvre par Jean NOUVEL, un Guggenheim conçu par Frank Owen GEHRY, un centre d’art et de Design imaginé par Zaha HADID, un musée maritime pensé par Tadao ANDO).

En-dehors des frontières, l’appétit pour l’art contemporain arabe est stimulé par une présence forte sur les grands rendez-vous culturels – comme l’exposition The Future of a promise à Venise, produite par Edge of Arabia – (grande exposition orchestrée en parallèle à la 54ème Biennale de Venise. L’exposition rassemble des artistes du Liban , d’Égypte, de Syrie, d’Algérie, d’Arabie Saoudite, de Tunisie, du Maroc, de Palestine, de Jordanie et d’Irak) et par le développement de comités d’acquisition spécialisés, d’importants musées tels que la Tate Modern, le British Museum et le Guggenheim et par d’autres évènements majeurs tels que l’exposition dédiée à l’art turc chez Saatchi en 2011 : Confessions of dangerous minds contemporary art from Turkey

Le dynamisme actuel au Moyen-Orient permet aux artistes les plus jeunes et les plus en vue d’enterrer les records de leur aînés aux enchères : exemple avec le jeune Abdulnasser GHAREM (né en 1973) qui décuplait en avril 2011 son estimation, décrochant 700 000 $ pour Message/Messenger (Christie’s Dubaï), tandis qu’une artiste mondialement connue telle que Shirin NESHAT (née en 1957), dont les œuvres se vendaient déjà à Londres et New York en 2000, culmine à 220 000 $ en salles, au tiers du record d’Abdulnasser Gharem.