Le triomphe de David Hockney

[20/12/2016]

Si David Hockney est l’un des artistes contemporains les plus célèbres et les mieux honorés par les institutions culturelles depuis de nombreuses années déjà, il ne l’était pas encore selon ses performances aux enchères, bien que les années 90′ aient déjà apporté quelques résultats millionnaires. Les choses sont en train de changer : son nouveau sommet, établi en novembre dernier, est l’occasion de faire un point sur l’artiste bientôt octogénaire, dont la créativité s’avère d’une fraîcheur hors-normes…

Le 17 novembre dernier, la maison de ventes Sotheby’s vendait, à New York, une toile de David HOCKNEY pour près de 12 m$ (11,7m$ frais inclus). La toile en question, “Woldgate Woods, 24, 25, and 26 October 2006” (2006), peinte en quatre jours sur six toiles formant un ensemble de plus de trois mètres, est partie dans sa fourchette d’estimation. La surprise réside donc moins dans le résultat final que dans l’extraordinaire revalorisation dont l’artiste fait actuellement l’objet, car son précédent record affichait quelques millions de moins au compteur (le précédent record flirtait avec les 8m$ pour Beverly Hills Housewife, une toile du milieu des années 60′, vendue chez Christie’s à New York en mai 2009). L’oeuvre Woldgate Woods était l’un des chefs-d’oeuvre exposé lors de la rétrospective Hockney à la Royal Academy à Londres de 2012, qui attira plus de 600 000 visiteurs, avant de se poursuivre au Musée Guggenheim à Bilbao pendant l’été, puis au Musée Ludwig à Cologne en Allemagne fin 2012-début 2013, où se succès ne s’est pas démenti.

Un pilier de l’art britannique d’après-guerre

Selon Grégoire Billault, directeur du département d’art contemporain de Sotheby’s, David Hockney est un pilier de l’art britannique d’après-guerre au même titre que Francis Bacon et Lucian FREUD, dont les records absolus s’élèvent respectivement à 142,4 m$ (Three Studies of Lucian Freud) et 56,1 m$ (Benefits Supervisor Resting). C’est dire combien la marge de progression de Hockney pourrait être importante, selon les principaux acteurs du marché. L’agitation du marché se fait déjà sentir en chiffres car, en plus du nouveau record précédemment cité, une autre toile, The Gate (2000), décrochait 6,97 m$ mi-novembre chez Phillips à New York, prenant la troisième place sur le podium de ses enchères. Au terme de cette année 2016, les œuvres de l’artiste Britannique ont généré plus de 34,6m$ de résultat annuel, contre 15,2 m$ sur l’exercice précédent qui s’avérait déjà être un bon cru pour son marché aux enchères. Nous clôturons la meilleure année de toute l’histoire des enchères de Hockney.

Une année 2017 pleine de promesses

Un tel engouement n’est pas prêt de s’essouffler dans les mois à venir, car Hockney fera l’objet d’une rétrospective majeure à la Tate Britain de Londres sur le premier semestre 2017 (exposition du 9 février au 29 mai 2017). Organisée en collaboration avec le Centre Pompidou de Paris et le Metropolitan Museum of Art de New York, qui prendront la suite de son exposition après Londres, l’exposition réunira quelques 150 œuvres pour couvrir 60 ans d’une carrière toujours en quête d’innovation. 60 ans de carrière… puisque Hockney, né le 9 juillet 1937 à Bradford, dans le Yorkshire, fêtera ses 80 ans en 2017. Mais ni son âge, ni sa notoriété ne l’incite à camper sur ses propositions artistiques. L’artiste innove et se renouvelle, embrassant les nouvelles technologies, notamment avec ses œuvres récentes réalisées sur Ipad, une série initiée en 2010. A plus de 70 ans, le dandy Hockney fut ainsi l’un des premiers artistes à exploiter la tablette informatique, réalisant des œuvres au réalisme Pop, dans une palette de couleurs certes réduite mais lumineuse et radicale, vues sur plusieurs foires d’art contemporain importantes à travers le monde mais encore absentes du marché des enchères.

Enfin, cette année 2017 sera consacrée par une commande royale : celle d’un vitrail pour le transept nord de l’abbaye de Westminster, afin de célébrer les 65 ans du règne de la Reine des Britanniques. L’artiste promet un paysage empli de fleurs, dont on imagine déjà les couleurs vives de la Californie. Voici un point commun entre l’artiste et la Reine : ils sont exempts de toute timidité dès lors qu’il est question de couleur…