Christie’s Paris fête ses 20 ans

[10/12/2021]

20 ans se sont écoulés depuis que François Curiel a installé le siège français de Christie’s à Paris. Impossible pour la société britannique de prendre ses marques dans la capitale française avant 2001, année où le gouvernement français annule enfin l’arrêté royal interdisant la concurrence étrangère pour les enchères et ouvre son marché intérieur aux sociétés internationales. Christie’s s’installe alors dans le “Triangle d’Or”, sur l’avenue Matignon, entre les Champs-Élysées et la rue du Faubourg Saint-Honoré, dans un immeuble qui fut autrefois le siège de la célèbre maison de couture des sœurs Callot Sœurs.

Au cours des 20 dernières années, la société d’enchères n’a cessé son expansion sur le marché français, contribuant pleinement à faire de Paris la troisième ville du marché occidental, après Londres et New York. Paris représente le quart du résultat mondial de Christie’s monde, avec 503m$ de produit de ventes sur les 2 milliards de résultat annuel enregistrés pour les œuvres d’art en 2020.

Des ventes exceptionnelles de Christie’s ont animé le marché parisien aux court des 20 dernières années. On se souvient de la fameuse vente de trois jours pour la collection Yves Saint Laurent/Pierre Bergé en 2009, qui a réalisé plus de 375 millions d’euros. Les peintures et sculptures impressionnistes et modernes du couple ont généré 200 millions d’euros le premier soir, battant alors le record mondial pour une collection d’art privée dispersée aux enchères. François Curiel se souvient : « C’était d’autant plus surréaliste que, quelques mois auparavant, Lehman Brothers avait déposé le bilan et le monde financier était dans le chaos ».

L’année suivante, une sublime tête en calcaire sculptée par Amedeo MODIGLIANI (Tête, 1910-12), était vendue pour 43,2 millions d’euros (52,3m$), battant simultanément deux records : le prix le plus élevé atteint pour une œuvre de l’artiste et l’œuvre la plus chère jamais vendue aux enchères en France. Cette tête de Modigliani reste à ce jour la plus belle adjudication dans l’histoire des enchères en France. Elle provenait de la collection de Gaston Lévy (1893-1977), créateur des magasins Monoprix.

Aujourd’hui, Christie’s poursuit sa dynamique de développement en France : « Nous devons continuer à grandir et à nous adapter », déclare François Curiel, conscient des défis posés par le Brexit, par les nouvelles technologies et par un paysage commercial de plus en plus concurrentiel.

L’agrandissement du siège social avenue Matignon fait partie des changements récents. Celui-ci a été opéré il y a tout juste un an. Christie’s a augmenté sa surface avec une galerie de 140 mètres carrés donnant sur la rue, qui lui permet de présenter les œuvres en vitrine. Au moment de cet agrandissement , Sotheby’s gagnait 1.000 mètres carrés supplémentaires avenue Matignon… La concurrence est rude, en effet.

Dernière vente réussie de Christie’s, celle du 3 décembre dernier avec près de 17 millions d’euros – 19 millions de dollars – pour une sélection d’œuvres d’après-guerre et contemporaines comprenant quelques-unes des signatures les plus recherchées du moment. L’abstrait canadien Jean-Paul RIOPELLE remporte la plus belle enchère de cette vente, à 4,2m$ (La sombreuse). Il est suivi par Pierre Soulages, Lucio Fontana, Piero Manzoni et Zao Wou Ki… des artistes eux-aussi très en demande.

Le catalogue comptait également trois œuvres de Georges MATHIEU, pas moins de cinq par Jean FAUTRIER, et une puissante toile d’Hermann NITSCH partie au double de son estimation basse (Serie II/94/6 vendue pour 100 000 €, soit 113 000$). Le marché est plus vif que jamais pour ces trois artistes abstraits signant, chacun, une année historique aux enchères, avec des produits des ventes records et des demandes en provenance du monde entier.

 

2021, année record pour les produits des ventes aux enchères

(chiffres provisoires enregistrés par Artprice au 7 décembre)

> Georges Matthieu : résultat dépassant les 15m$

> Jean fautrier : 14,6m$

> Hermann Nitsch : 2,5m$

 

L’enjeu du marché français est de taille. Il regorge d’œuvres anciennes majeures (avec des découvertes constantes), des plus belles signatures de l’ère moderne et d’un vivier d’œuvres très important. Avec quelques 120 000 œuvres annuellement présentées aux enchères, il s’affirme toujours comme l’un des marchés les plus denses au monde.