Bilan positif pour le marché de l’art en France

[27/12/2016]

Christie’s, Sotheby’s et Artcurial, le trio de tête du marché de l’art français affiche des résultats annuels en progression. Premier bilan d’une année 2016 préservée sur l’hexagone, face aux remous du marché international.

Année Historique pour Sotheby’s

Ce fut une année historique pour Sotheby’s France, celle d’un résultat record depuis son ouverture sur l’hexagone, avec 220 m€, de résultat toutes ventes confondues. C’est à Sotheby’s que l’on doit la meilleure adjudication pour une œuvre d’art cette année en France (hors antiquités et œuvres anonymes), avec la vente de Squelette arrêtant masques, un tableau de James Ensor réalisé en 1891 et resté pendant près d’un siècle dans la même famille. Récemment redécouverte, cette peinture à l’huile de 30 centimètres sur 50 estimée de 1 à 1,5 m€, s’est envolée pour plus de 7,3 m€ (soit 7,82 m$), établissant le record mondial de l’artiste. Outre ce coup de marteau historique, le succès de Sotheby’s France tient en grande partie à celui du département d’art contemporain (56,7 m€ de résultat annuel). La vente de deux toiles de Pierre Soulages et le nouveau record mondial enregistré pour Simon HANTAÏ ont généré plus de 13,4 m€. Grâce à Sotheby’s, la maître de l’Outre noir Pierre Soulages signait ainsi, le 6 décembre 2016, les deux meilleures adjudications de l’histoire sur le sol français (avec Peinture 162 x 130 cm, 14 décembre 1958 vendue 5,22m€ soit 5,5 m$ et Peinture 195 x 130 cm, 7 mars 1958 vendue 3,7 m€ soit 3,99 m$). Soulages réalise cette année la troisième meilleure performance française pour le Fine Art, suivie, à 1m$ près par Hantaï dont la toile “M.A.4 (Mariale)”, doublait allègrement son estimation haute lors de la même vente pour établir un nouveau record mondial à 4,432m€, soit plus de 4,7m$. Sotheby’s France, où les deux tiers des acheteurs sont étrangers, se laisse néanmoins devancer une fois encore par Christie’s, qui affiche 244,6m€ de résultat annuel.

Christie’s reste numéro 1

Selon Christie’s, les trois clefs de la réussite du marché parisien sont : le prestige des provenances, la haute qualité des œuvres et leur fraîcheur sur le marché. Cette année, le résultat de la société (244,6m€) affiche une progression de 4,2% par rapport à 2015. Christie’s reste ainsi leader du marché français et réalise la seconde meilleure performance de son histoire en France, la première remontant à 2009, année de la fameuse vacation de la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé.

Afin d’asseoir le succès de ses vacations, Christie’s s’aligne sur le calendrier des grands évènements parisiens, en l’occurrence la Fiac et le Salon du dessin. La vente organisée en marge de la Fiac le 20 octobre dernier, Paris Avant-Garde, rapportait 20,5m€. Le volet consacré à la dispersion de la collection Claude Berri fut particulièrement fastueux, avec un Monogold Sans titre (MG 44) (MG 44) d’Yves Klein cédé pour 1,3m$, et un chef-d’oeuvre de trois mètres de Jannis KOUNELLIS (sans titre 1960), cédé pour 1,7m$, soit 500 000$ au-dessus de l’estimation haute. La réussite de Christie’s doit beaucoup à la dispersion d’importantes collections : pas moins de 12 furent réunies cette année, à l’image de celles de Zeineb et Jean-Pierre Marcie-Rivière, de Claude Berri ou des 12 bronzes animaliers signés Rembrandt Bugatti de la collection Alain Delon. Citons la gouache de Joan Miro issue de la collection Bernard Monnier vendue au quadruple de l’estimation haute le 20 octobre, au prix final de 2m€ (2,2 m$). Citons encore, de la même collection, la lampe coupe aux deux figures d’Alberto Giacometti estimée 200 000 à 300 000 $ puis cédée au million, ou encore le relief peint de Hans Arp de la collection Louis Aragon cédé 458 500 € (503 000$) le même jour. Mais le meilleur résultat de Christie’s cette année tient à la vente d’une œuvre signée Francis Bacon : Man in Blue VII (1954), une toile sombre de 1954 vendue dans son estimation pour 6 m€, soit 9 m$.

Le succès fut aussi de mise lors des dernières ventes d’art contemporain organisées les 7 et 8 décembre dernier. Elles ont généré 16,6 m€, soit 17,8 m$ avec 84% des lots offerts vendus et 42% des lots cédés au-delà de leur fourchette moyenne d’estimation. Une toile de Jean Dubuffet flirtait avec les 3 m€ le 7 décembre “Trime burine”, 1961, établissant le troisième meilleur résultat de l’artiste en France. Son record absolu étant détenu, depuis le 11 mai 2015, par Paris-Polka vendue l’équivalent de 22,1 m€ (24,8 m$), toujours chez Christie’s, cette fois à New York où se vendent les toiles les plus prestigieuses.

Rude concurrence

La société de ventes Artcurial n’a pas grand chose à envier aux poids lourds anglais et américain. Elle conserve la troisième marche du podium français et franchit, pour la première fois de son histoire, le cap des 200 m€, avec 210,1m€ de résultat annuel, soit une progression de 10% par rapport à 2015. Les récentes ventes d’art moderne et contemporain (entre le 28 novembre et le 6 décembre 2016) affichent 13 m€ de résultat et 13 nouveaux records d’enchères, pour des artistes tels que Claude Gilli, Gérard Deschamps, Martin Barré, Bruno Peinado ou Saâdane Afif. L’un des derniers temps forts, la vente d’un ensemble de 45 dessins de l’artiste franco-chinois Sanyu s’est achevée sur près de 480 000 € de résultat (518 000$), dopée par les acheteurs asiatiques représentant 80% du volume d’affaires. Fondée en 2002, la société Artcurial mise sur le développement international (avec une présence en Asie, en Italie, en Autriche et en Allemagne notamment). Une stratégie payante pour son rayonnement et son expansion, puisque 44% des acheteurs de l’année étaient des nouveaux clients. Les autres sociétés de ventes françaises progressent, à l’image de Cornette de Saint-Cyr (+12 % avec 34,5 m €), de Millon (+11,5 %) et de Leclere, qui a multiplié son résultat par 2,5 en deux ans.

Dans un environnement de plus en plus concurrentiel, la France demeure l’épicentre du marché au sein de la vieille Europe. Elle devance très largement l’Allemagne et l’Italie, et demeure le quatrième pôle du marché mondial, loin derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Grande Chine (Hong Kong inclus). Face à une baisse d’activité mondiale de l’ordre de plusieurs centaines de millions, le marché de l’art français affiche une belle résistance, dopée par la qualité de l’offre et l’internationalisation de la demande.