Le Top 10 par Artprice : les poids lourds du marché de l´art 2008

[15/03/2009]

 

Chaque année, Artprice publie le classement des artistes en fonction du produit de ventes réalisé aux enchères. Au terme de l’année 2007, les résultats enregistrés étaient exceptionnels : les 10 poids lourds du marché de l’art avaient généré à eux seuls 1,8 milliard de dollars, soit une progression de +50% du chiffre d’affaires enregistré l’année précédente.En 2008, le produit de ventes du Top10 enregistre 100 m$ de moins qu’en 2007. Il atteint 1,7 milliard de dollars, soit 20% du marché mondial de Fine Art avec 1,5% du volume de transactions. Ce fléchissement tient essentiellement à l’essoufflement du chiffre d’affaires d’Andy Warhol, dont les œuvres généraient 420 m$ en 2007 contre 236,7 m$ en 2008. Le ticket d’entrée dans le Top 10 a, en revanche, encore augmenté : un score minimum de 91,8 m$ était nécessaire pour prétendre au classement 2008, contre 87 m$ en 2007, 59,6 m$ en 2006 et 33,7 m$ en 2005.

L’année dernière, nous constations déjà un rajeunissement du Top 10 avec l’ascension d’Andy Warhol sur la première marche d’un podium habituellement dominé par Pablo Picasso. Classé 7ème, Jean-Michel Basquiat était le plus jeune artiste du classement 2007, mais aucun artiste vivant ne parvenait à se hisser aux sommets atteints par les maîtres de l’art moderne. C’est désormais chose faite avec le classement 2008 qui intègre le britannique Damien Hirst (né en 1965) et l’allemand Gerhard Richter (né en 1932). Gerhard Richter clôturait déjà le Top 10 en 2002 et 2003, avec un chiffre d’affaires de 27,6 m$ la première année et de 28,3 m$ la suivante. En 2008, les 122 m$ générés par la vente de ses œuvres l’ont propulsé à la 7ème place du classement derrière Alberto Giacometti. Le véritable coup de jeune du Top10 tient à la promotion exceptionnelle de Damien Hirst qui talonne Andy Warhol et devance Claude Monet. La quatrième place tenue par l’artiste quadragénaire le plus médiatique du moment témoigne de la frénésie spéculative qui s’est emparée de l’art contemporain avant la crise du marché.

1 – Pablo PICASSO (1881-1973) : 262 m$

Pablo Picasso a retrouvé en 2008 la première position du Top 10, qu’il perdait l’année précédente au profit du pape du Pop Art Andy Warhol.Tous médiums confondus, les prix de Picasso ont augmenté de +96% sur la dernière décennie, avec un véritable pic atteint en janvier 2008. Cependant, après quatre années de croissance sans heurt, l’indice des prix du maître moderne n’a pas résisté aux affres de la crise économique et a littéralement dégringolé au point de retrouver son niveau de 2005 à la fin de l’année 2008. Les ventes d’automne 2008 de Sotheby’s et Christie’s furent catastrophiques en regard des toiles invendues, retirées d’une vente ou frappées au plus bas de leurs estimations. Le 3 novembre 2008 par exemple, les amateurs attendaient chez Sotheby’s un important tableau d’Arlequin de 1909, estimé 30 m$… qui ne fut finalement pas présenté à la vente. Raison personnelle du propriétaire ? Prudence de sa part dans un climat financier instable ? Trois jours après la vente avortée de ce Picasso, l’auctioneer concurrent Christie’s proposait pas moins de 16 toiles du maître au Rockefeller Plaza de New-York. Le lot phare était une toile de la période surréaliste intitulée Deux personnages (Marie-Therese et sa soeur lisant). Vierge de tout passage antérieur en salle, en mains privées depuis 1984, Christie’s en attendait 25 m$. Elle grimpait difficilement à 18 m$. Le produit des ventes de près de 262 m$ est certes important mais demeure 80 m$ en-deçà du chiffre enregistré en 2006. Ses plus belles enchères (39 au-delà du million de dollars en 2008) furent signées entre février et juin, avec un sommet de 17,1 m$ emporté pour La Grue, un bronze peint du début des années 50 et frappé 2,1 millions de plus que l’estimation optimiste donnée par les experts de Sotheby’s. Le beau résultat de La Grue est loin derrière les 26 m$ décrochés en 2007 pour le bronze Tête de Femme, Dora Maar (Sotheby’s NY), son record absolu en sculpture.

2 – Francis BACON (1909-1992) : 256 m$

Comme Picasso, après quelques années de forte hausse, l’indice des prix de Francis Bacon atteignait son point culminant en janvier 2008. En l’espace de trois ans cet indice progressait de 514% (entre janvier 2005 et janvier 2008) avant de s’effondrer de –48% les 12 mois suivants. Et pourtant, le chiffre d’affaires annuel de Bacon représente 11m$ de plus qu’en 2007, époque où il se positionnait 3ème du Top10, toujours derrière Picasso. 76 m$ séparaient alors leur performance respective. En 2008, Bacon talonne le maître à 6 m$ près. Les plus beaux résultats 2008 de Bacon furent signés chez Sotheby’s entre février et mai. Tout d’abord avec Study of Nude with Figure in a Mirror, une toile de près de deux mètres réalisée en 1969 émergeant d’une collection privée parisienne. Sotheby’s consacrait à ce chef-d’œuvre pas moins de 12 pages de son catalogue de vente d’art contemporain du 27 février. L’œuvre fut frappée 17,8 m£, soit 35 m$. Trois mois plus tard, cette performance fut largement déclassée par un triptyque de 1976, emporté à 77 m$ par le milliardaire russe Roman Abramovitch. Six coups de marteau supérieurs à 20 m$ résonnèrent pour des chefs-d’œuvre baconniens entre février et le début de l’été 2008, dégageant 237 m$. Les premiers invendus importants furent enregistrés à partir du mois de juillet. Dès lors, entre Paris, Londres et New-York, plus de 20 œuvres furent ravalées en cinq mois, dont un échec cuisant pour un grand autoportrait de 1964 attendu entre 40 et 60 m$ et boudé le 12 novembre chez Christie’s.

3 – Andy WARHOL (1928-1987) : 236 m$

L’année dernière, Andy Warhol défrayait la chronique en devançant Pablo Picasso sur le podium des meilleurs chiffres d’affaires. La vente des œuvres de Warhol en salle dégageait alors plus de 430 m$. En 2008, le roi du Pop art est certes bien classé sur la troisième marche du podium cependant, son chiffre d’affaires annuel est en chute libre avec 194 m$ de moins par rapport à la précédente performance. Pas moins de 74 coups de marteau millionnaires avaient jalonné l’année 2007, propulsant son indice des prix de +70% en douze mois. L’émulation agitant alors son marché emportait l’œuvre Green Car Crash (Green Burning Car I) jusqu’à l’adjudication hors normes de 64 m$ en mai 2007 chez Christie’s New York. Après de tels scores, le marché de Warhol s’est essoufflé en 2008, accusant une baisse de -27% sur l’année. Ce fléchissement est un retour à la prudence mais aussi une réponse à la saturation du marché. En effet, la cote flamboyante de Warhol a incité bon nombre de collectionneurs à se défaire de leurs œuvres, inondant le marché de près de 55% d’œuvres de plus qu’en 2007. Difficile d’absorber près de 1700 lots soumis à enchères en douze mois ! Dans le flot des pièces déferlant en salles, près de 1 200 lots de sérigraphies et estampes furent proposés, dont des portfolios de 10 Marylin (1967) ou 10 Mao (1972) frappés dans une fourchette moyenne de 600 000 à 1 m$. Cette gamme de prix est honorable mais en deçà des prix 2007 où ces mêmes portfolios flirtaient avec 1,5 m$ en 2007.

4 – Damien HIRST (1965) : 230 m$

L’ascension du Britannique Damien Hirst fut fulgurante ces deux dernières années : en 2006, Hirst apparaissait en 58ème position du classement Artprice fort d’un produit des ventes de 16,8 m$. En 2007, il se hissait à la 15ème position de ce classement avec 76,6 m$ de chiffre d’affaires et devint l’artiste vivant le plus coté du marché grâce aux 8,6 m£ (17,1 m$) déboursés pour Lullaby Spring, travail minutieux de 6.136 pilules peintes individuellement et présentées dans une armoire à pharmacie (juin 2007, Sotheby´s). Au terme d’une année jalonnée par vingt coups de marteau millionnaires, son indice des prix affichait une progression de +1400% par rapport à 1998. En 2008, deux vacations médiatiques ont encore boosté sa cote, triplant son chiffre d’affaires annuel : en février, la vente de charité “(RED)” chez Sotheby´s frappait un coup de marteau retentissant à 6,5 m$ pour Where There´s a Will, There´s a Way. En septembre, la vente “Beautiful Inside My Head Forever” enfonçait le clou à Londres. La dernière en date restera dans l’histoire des ventes aux enchères : les 15 et 16 septembre 2008 en effet, Damien Hirst défrayait la chronique en passant directement par Sotheby´s pour vendre ses œuvres, court-circuitant son réseau traditionnel de galeries. Le marché dû absorber 218 œuvres « fraîches » en deux jours et la vacation fut un succès malgré un contexte économique alarmant. Elle enregistrait notamment un nouveau record de 9,2 m£ (16,5 m$) pour son Veau d’or (The Golden Calf) plongé dans un aquarium de formol. Après le succès de cette vacation, dégageant 95,5 m£ (171,6 m$) hors frais, le contrecoup fut d’autant plus violent lors des ventes de novembre 2008 : sur 13 œuvres signées Damien Hirst, 10 ne se vendaient pas. Son taux d’invendus a explosé entre septembre et décembre 2008, passant de 11% à 55%.

5 – Claude MONET (1840-1926) : 174 m$

Le père de l’impressionnisme français Claude Monet est un grand habitué du Top 10. Au terme de l’année 2007, la dispersion de ses œuvres avait dégagé 165 m$. En 2008, ce chiffre avoisine les 175 m$. Les grands collectionneurs se battent pour des toiles de qualité muséale, de plus en plus rares et par conséquent de plus en plus chères. En 2007, sa plus belle enchère culminait à 16,5 m£ (32,7 m$) pour une toile de la fameuse série des Nymphéas (1904, Sotheby’s). En 2008, ce record fut déclassé à deux reprises, en mai à New-York et le mois suivant à Londres. Le Pont du chemin de fer à Argenteuil de 1873, chef-d’œuvre présenté chez Christie’s en mai fit l’objet d’un catalogue indépendant. Le sujet emblématique qu’est Argenteuil, point de rendez-vous des peintres impressionnistes de la fin du XIXème siècle, fit monter les enchères à 37 m$. En juin, Christie’s doublait quasiment ce score avec le Bassin aux nymphéas de 1919, emporté à 36,5 m£, soit près de 72 m$.L’indice des prix du leader de l’art moderne est fluctuant car soumis au rythme de rares chefs-d’œuvre proposés aux enchères. Entre 2004 et 2008 la progression de +118% enregistrée fut le résultat d’un marché dense par rapport aux années précédentes. En 2008, 28 huiles sur toiles furent mises à l’encan : 17 ont signé des enchères millionnaires et 6 furent ravalées. Au mois de novembre, le défaut d’enchère essuyé par La cathédrale dans le brouillard fut une grande déception pour Sotheby’s qui en attendait 16 m$. Cette série des cathédrales est rarissime en salle (cinq furent proposées en 25 ans) mais l’estimation était trop optimiste en cette période de crise, et la dernière cathédrale adjugée partait en 2001 pour l’équivalent de 900 000 $ (Christie’s).

6 – Alberto GIACOMETTI (1901-1966) : 132 m$

Alberto Giacometti n’avait plus intégré le Top 10 depuis 2002. L’an dernier, son chiffre d’affaires annuel talonnait celui de Claude Monet, à quelques 500 000$ près. Giacometti était alors en 11ème position du classement avec 86 m$ enregistrés sur douze mois et une enchère record pour L´Homme qui chavire, un bronze de 1947. La silhouette filiforme et chancelante de cette sculpture emportait les enchères au double de l’estimation initiale pour s’envoler à 16,5 m$. Le même sujet était adjugé 2,4 m$ chez Sotheby´s NY en 1998 ! En 2008, l’engouement pour Giacometti ne s’est pas démenti : deux enchères ont déclassé L´Homme qui chavire et son produit des ventes enregistre 47 m$ de plus qu’en 2007! En mai 2008, une Grande femme debout II de près de 3 mètres, fondue par Susse en 1960 à 6 exemplaires, a enterré le précédent record avec une enchère gagnante de 24,5 m$ plantée par la galerie Gagosian. Lors de cette même vente, Christie’s présentait une autre œuvre phare, La Place II, un rare groupe composé de cinq personnages que l’artiste conçut après son exposition new-yorkaise à la Galerie Pierre Matisse en 1948. Elle changeait de propriétaire pour 13 m$. Les vacations de mai 2008 furent époustouflantes : 78 m$ de produit de ventes, 12 adjudications millionnaires, un nouveau record en sculpture et en peinture. L’huile sur toile intitulée Caroline (1963) changeait en effet de mains pour 13 m$ le 7 mai chez Sotheby’s, déclassant de 3 m$ le précédent record dans ce médium. En 1961, Caroline posait déjà pour le peintre. Ce premier portrait sur fond blanc de dimensions similaires (185×80 cm) fut soumis à l’enchère en 1993 chez Sotheby’s New-York, où un heureux acquéreur l’emporta sous l’estimation pour 320 000$. La cote de Giacometti a flambé en quatre ans avec un indice des prix en hausse de plus de 341% entre décembre 2004 et décembre 2008.

7 – Gerhard RICHTER (1932 ) : 122 m$

L’artiste allemand Gerhard Richter a lui aussi bénéficié de l’euphorie des ventes du premier semestre 2008 et la dispersion de ses œuvres a dégagé 36 m$ de plus qu’en 2007. Pour la première fois en 2008, il passait la barrière des 10 m$ aux enchères, et ce à cinq reprises dans l’année ! Le record frappé le 27 février pour Kerze chez Sotheby’s était inattendu. La toile fut adjugée sous les applaudissements de la salle à près de 14 m$, trois fois au-delà de l’estimation (adjugée 7,1M£). Inimaginable 10 ans plus tôt, cette adjudication équivaut au produit des ventes de Richter sur l’année 1998 ! Les vacations new-yorkaises de mai ont manqué de déclasser le record de Kerze. En effet, Christie’s adjugeait 13 m$ une toile abstraite monumentale (250×400 cm) le 13 mai. Le lendemain, Sotheby’s frappait une autre abstraction 13,5 m$ contre une estimation de 5 m$. Les collectionneurs allemands voient les plus belles œuvres de leur compatriote disputées lors des vacations de Londres et de New-York : les anglo-saxons dégagent 95% de son chiffre d’affaires en salles, en concentrant la moitié des transactions annuelles. L’Allemagne réalise 40% des transactions, pour l’essentiel des estampes, dessins et toiles modestes en regard de celles proposées par les grands auctioneers Outre-Manche et Outre-Atlantique. Sur la décennie, la cote de Richter a fortement progressé : 100 $ investis en 1998 dans une toile de l’artiste valaient en moyenne 780$ en décembre 2008.

8 – Edgar DEGAS (1834-1917) : 111 m$

Edgar Degas n’avait pas réintégré le Top10 depuis 2004, année où il occupait la9ème position avec un chiffre d’affaires annuel de 31,4 m$. En 2008, 81 œuvres ont changé de main en salles des ventes, dont 12 pour des enchères millionnaires, dégageant 111,7 m$. Ses danseuses, sculptées ou dessinées au pastel, sont les sujets les plus prisés : depuis 1999, son record était détenu par une Danseuse au repos adjugée 25,3 m$ chez Sotheby’s. Or, cette même œuvre fut à nouveau soumise au jeu des enchères en novembre 2008 où elle décrochait 33 m$, établissant de fait le nouveau record de l’artiste !Les feuilles aux sujets intimistes, danseuses et femmes à leur toilette en particulier, représentent 67% du produit des ventes de Degas, contre 20% pour la sculpture et 11% pour la peinture. Le sommet pour une scène aux danseuses réalisée à l’huile culmine à 7,5 m$, loin derrière la fameuse Danseuse au repos. Ce résultat fut signé en mai 2008 lors des vacations Impressionnistes et Modernes de Sotheby’s, déclassant Les chevaux de courses, autre sujet phare de Degas frappé 3,7 m£ en juin 2004 (Sotheby’s, environ 6,8 m$). En sculpture, sa pièce la plus emblématique est La Petite Danseuse de 14 ans qui décroche des adjudications supérieures à 10 m$ depuis 1996. En 2008, la plus forte enchère en bronze fut signée par Le Tub, fondu à la cire perdue par Hébrard vers 1921. Elle changeait de propriétaire pour 3,3 m$ au marteau, sous son estimation basse de 4 m$ lors des ventes new-yorkaises de novembre chez Sotheby’s.

9 – Lucio FONTANA (1899-1968) : 95 m$

Argentin de naissance, Lucio Fontana adopte l’Italie et fonde le mouvement Spatialiste à Milan en 1948. Sa quête d’immatérialité le porte à un langage plastique radical où les œuvres monochromes sont fendues au cutter ou perforées, dans ce qu’il nomme ses Concetti spaziali (Concepts spatiaux) et ses Tagli (fentes). L’artiste conçoit la déchirure comme un geste lyrique ouvert sur l’infini. Après l´effondrement du marché au début des années 90, son indice des prix grimpe sans faillir depuis plus de 10 ans : la progression enregistrée entre 1998 et décembre 2008 frôle les 575%. Sa cote a pris une autre envergure en 2001 avec la première adjudication équivalente au million de dollars pour un Concepto Spaziale de 1954 : l’œuvre doublait son estimation pour un coup de marteau de 680 000£ (Sotheby’s, Londres, 07 févr. 2001). Depuis, les Concetti spaziali de Fontana font la fierté des Parts One de Sotheby´s et Christie´s. Les enchères millionnaires se sont véritablement accélérées à partir de 2006, année où neuf œuvres ont dépassé le million de dollars. En 2007, le nombre d’enchères millionnaires passait à dix-sept, dont un premier coup de marteau à sept chiffres pour une œuvre céramique. La pièce en question, une terre cuite de 60 centimètres intitulée Concetto spaziale, natura grimpait à 1,6 m$ (Christie’s, New York NY, 16 mai). La flambée des prix s’est encore poursuivie en 2008 avec, pour la première fois dans l’histoire des enchères de Fontana, des adjudications à plus de 10 m$. Le sommet fut atteint chez Sotheby’s à l’occasion des vacations londoniennes de février 2008 avec le Concetto Spaziale, la fine di Dio, frappé 9,2 m£, soit 18,1 m$. En trois coups de marteau, deux frappés en février et un autre en octobre, ses Concetti Spaziali dégagèrent 44 m$, lui permettant de gagner 10 places par rapport à son dernier classement.

10 – Yves KLEIN (1928-1962) : 91 m$

Yves Klein fait sa première entrée dans le Top10. Le Nouveau Réaliste français est collectionné partout ou presque : 34% de ses œuvres s’échangent en France et sa présence est récurrente à Londres et à New-York, lors des vacations d’art contemporain de Christie’s et Sotheby’s. Ses plus belles pièces traversent souvent la Manche ou l’Atlantique, si bien que le produit des ventes en France représente seulement 8% contre 88% dégagés par le Royaume-Uni et les Etats-Unis. L’une des raisons de son succès chez les Anglo-saxons fut la promotion de son œuvre par Leo Castelli à New-York dès la fin des années 50.En dix ans, son indice des prix affiche une progression de près de 387%. L’année 2008 fut pour son œuvre celle de tous les records avec trois œuvres adjugées plus de 15 m$. Son chiffre d’affaires de près de 92 m$ le positionne devant Jeff Koons, l’une des stars les plus médiatiques de l’art contemporain, dont le produit de ventes annuel s’élève à 89,2 m$.La hausse des prix de Klein s’est accélérée en 2000 lorsque le monochrome R1, une œuvre de 1958 agrémentée d’éponges imprégnées de bleu outremer, frappait un record à hauteur de 6,1 m$ chez Christie’s. Entre mai et novembre 2008, ce sommet fut déclassé à trois reprises chez Sotheby’s. Le nouveau record à battre est celui de Monogold MG 9 (monochrome doré), culminant depuis le 14 mai 2008 à 21 m$, au triple des estimations. Lors de cette même vacation, une autre performance fut signée pour le monochrome bleu IKB 1 parti à 15,5 m$. Après les succès du mois de mai, les ventes de novembre s’annonçaient sous de moins bons auspices pour Archisponge RE11, œuvre majeure présentée par Sotheby’s en pleine débâcle du marché de l’art. Très bien conservée et très bien datée (1960, année de naissance officielle du Nouveau réalisme), elle réalisait un beau score de 19 m$.