Antony Gormley – Démesure et effet de masse

[02/11/2009]

 

Lorsque la Whitechapel Art Gallery de Londres ouvre ses portes à Antony Gormley pour sa première exposition solo, l’artiste est âgé de 31 ans. Nous sommes en 1981, année de naissance de ses premières sculptures anthropomorphes (Three Ways). En 2008-2009, il s’impose comme le troisième contemporain britannique classé par chiffre d’affaires.

La carrière d’Antony GORMLEY prend une autre dimension en 1994 : il emporte alors le Turner Price, récompensant 20 ans de création et une œuvre spectaculaire intitulée Field for the British Isles (1993). Cette installation a mobilisé des centaines de volontaires pour modeler dans de l’argile une horde de 40 000 figurines humaines. D’autres Champs démesurés suivent. En 2006, Asian Field implique 350 villageois de XianXian en Chine pour la réalisation de 180 000 figurines. Faisant partie d’œuvres imposantes (Asian Field s’étend sur 2 000 mètres carrés), les figurines en terre sont rarissimes sur le marché des enchères. En février 2001, Christie’s adjugeait bien un lot de 200 sculptures pour 41 000€ (26 000£), mais aucune maison de ventes n’a proposé cette denrée rare depuis.
La restriction de son marché (une dizaine de sculptures est proposée annuellement aux enchères) contribue à maintenir un niveau de prix élevé. Ses sculptures anthropomorphes, les plus prisées, sont rarement accessibles à moins de 100 000 € en salles des ventes.

Le nom d’Antony Gormley a fait le tour du monde avec Angel of the North, une sculpture publique de 200 tonnes, 20 mètres de haut et 54 mètres de large (1994-1998 à Gateshead en Angleterre). L’Ange du Nord, la plus grande sculpture d’Angleterre, est devenu un point de ralliement, un symbole fort lui valant d’être reçu au sein de l’Ordre de l’Empire britannique pour services rendus à la sculpture. La mise en œuvre d’un tel monument a donné évidemment lieu à de nombreuses sculptures de moindres dimensions, dont deux furent proposées aux enchères en 2008. La plus importante, présentée le 1er juillet 2008 chez Sotheby’s Londres, compte cinq mètres d’envergure, dont il existe 5 exemplaires. Les enchères ont grimpé jusqu’à 2,02 M£, équivalent à 2,55 M€, contre une fourchette d’estimation préalable de 600 000 – 800 000 £.
Trois mois plus tard, Sotheby’s présentait une version plus petite en bronze (de près de trois mètres de large) tirée à 12 exemplaires et adjugé l’équivalent de 615 000 € (480 000 £, 17 oct. 2008).

Parallèlement a son activité sculpturale, Gormley se prête au dessin, une activité dense pour l’artiste et beaucoup plus abordable pour l’amateur. Le marché des œuvres sur papier étant plus confidentiel, il permet d’acquérir des pièces originales entre 2 000 € et 5 000 € en moyenne. Lors des dernières ventes d’octobre à Londres notamment, Sotheby’s (16 oct. 2009) et Phillips de Pury & Company (17 oct.2009) adjugeaient chacune un dessin autour de 2 200€.

Malgré un marché ténu, l’artiste est parvenu à s’imposer comme le troisième contemporain britannique classé par chiffre d’affaires. Entre juillet 2008 et juin 2009, ses œuvres dégageaient en effet 4,7 M€ en 19 coups de marteau dont 10 pour ses sculptures, derrière Damien HIRST (134,7 M€) et Peter DOIG (12,2 M€).