La grande reprise : New York-Hong Kong

[26/09/2017]

Plusieurs centaines d’oeuvres pointues sont dispersées à New York au cours de cette dernière semaine de septembre. Les grandes tendances sont annoncées par les catalogues de ventes de New York, tandis que Hong Kong teste de « nouvelles » signatures.

Christie’s donne sa première cession d’art d’après-guerre et contemporain de la rentrée le 28 septembre. Ni Warhol ni Bacon ne sont en focus de cette vente, mais une installation complexe de l’artiste américain Jason RHOADES achevée peu avant son décès prématuré en 2006, à l’âge de 41 ans. Méconnu en-dehors des Etats-Unis, l’artiste a néanmoins réalisé un corpus d’oeuvres remarquables dont certaines ont été exposées dans des institutions aussi prestigieuses que le Centre Georges Pompidou à Paris, le Los Angeles County Museum of Art, le MoMA à New York ou encore la Tate Gallery à Londres. Son travail fait par ailleurs l’objet d’une rétrospective majeure à la Brant Foundation Art Study Center dans le Connecticut cet automne. Le moment est donc particulièrement bien choisi pour mettre aux enchères l’imposante Sweet Chocolate Nation attendue pour un record de prix dans sa fourchette d’estimation de 500 000-700 000 $. L’oeuvre de Jason Rhoades est donc la plus chère du catalogue de Christie’s, face à des œuvres signées Kenneth Noland, Hannah Wilke, Louise Nevelson, Wayne Thiebaud, Yayoi Kusama, Joe Bradley, Ad Reinhardt, Kline ou Motherwell, Jean Dubuffet, Calder ou Gerhard Richter. La liste des grandes figures de l’art d’après-guerre et contemporain se poursuit sur plus de 300 lots affichés au catalogue de Christie’s, qui repose sur un équilibre savant dans la diversité des artistes et sur une gamme de prix propice à susciter l’intérêt des collectionneurs les plus riches comme des plus modestes, avec des enchères démarrant autour de 1 500 $ pour des dessins de David Rabinowitch ou de Harry Bertoia.

Sotheby’s maîtrise tout aussi bien les tendances du marché que sa concurrente. Le catalogue de sa vente Contemporary Curated, qui se tient le 27 septembre à New York, convoque les mêmes signatures phares que sont Alexander CALDER, Franz KLINE et Willem DE KOONING, Jean DUBUFFET et Yayoi KUSAMA, Louise NEVELSON et Andy WARHOL. Ici encore, la diversité des propositions promet un grand rassemblement d’acheteurs potentiels, car les 212 lots offerts par Sotheby’s comprennent toutes les grandes tendances de la création d’après-guerre et contemporain. Comment ne pas susciter l’intérêt d’un maximum de collectionneurs avec un panel artistique si varié qui passe allègrement par l’art minimal et conceptuel, le Pop art, l’Op Art, l’Expressionnisme abstrait, l’Art abstrait européen, le Nouveau réalisme, le Surréalisme tardif, le Street art ou encore l’Appropriationnisme ? Le tout sans omettre des électrons libres ne se reliant à aucun mouvement particulier dont Ai Weiwei ou Maurizio Cattelan, des artistes dont le marché est en ébullition, comme Helen FRANKENTHALER (+ 669 % depuis 2000) et d’autres dont il est en construction, comme la captivante Liza LOU. Afin de diriger au mieux les collectionneurs, un chapitre « Photographie » est ouvert indépendamment le 28 septembre, dans le cadre d’une vente dédiée dont les têtes d’affiche sont Cindy Sherman, Thomas Struth, Nan Goldin et Hiroshi Sugimoto.

Mais les deux grandes sociétés de ventes ne soignent pas seulement leur rentrée new-yorkaise. Elles ont aussi compilé des catalogues taillés sur mesure pour les acheteurs asiatiques dans le cadre des ventes de Shanghai pour Christie’s et de Hong Kong pour Sotheby’s. Les artistes chinois, japonais ou indonésiens sont fortement majoritaires lors de ces vacations et garantissent toujours un certain succès. De nos jours, une vente réussie à Hong Kong se doit de proposer des œuvres de Zao Wou Ki et de Chu Teh Chun. Deux toiles du premier et trois du second sont attendues le 30 septembre chez Sotheby’s, dont une merveilleuse toile de Zao susceptible d’atteindre les 9 millions de dollars. En bon stratège, Sotheby’s anticipe par ailleurs sur l’actualité à venir autour de l’artiste japonais Tsuguharu FOUJITA. Trois toiles sont proposées le 30 septembre, trois toiles pour lesquelles les amateurs devraient se battre ardemment compte tenu du record encore frais de l’artiste (5m$ pour Nu au Chat vendu en avril 2016 chez Sotheby’s Hong Kong), compte tenu surtout des expositions Fougita promises en 2018 en hommage au 50 ans de sa disparition. Au cœur de ce catalogue, les artistes occidentaux trouvent leur place même si ils sont peu nombreux. Si des artistes tels que Jesus Rafael Soto, Gerhardt Richter, Antony Gormley ou Damien Hirst sont signatures communes dans le cadre de ventes occidentales, elles ne ne sont absolument pas en Asie. Cette vacation est aussi un test important pour jauger la demande sur ce point, car ces quatre artistes vont passer l’épreuve des enchères hongkongaises pour la première fois !