Résultats impressionnistes et modernes de New York

[13/05/2014]

 

Le premier temps fort du marché de l’art new-yorkais s’est achevé à New York le 7 mai 2014 au soir, après le dernier coup de marteau donné par Sotheby’s pour les ventes d’art impressionniste et moderne de prestige. En deux soirs, Christie’s et Sotheby’s ont enregistré 504,8 m$ de recettes cumulées. Christie’s devance sa rivale de 66,8 m$, notamment grâce à neuf lots vendus plus de 10 m$ chacun. Il s’agit là du segment très haut de gamme du marché, où pas moins de 79 oeuvres se sont vendues au-delà du million de dollars : 43 chez Christie’s et 36 chez Sotheby’s.

Le succès de ces ventes reposent en grande partie sur la signature de Pablo PICASSO : il est indéniablement l’artiste le mieux représenté et le plus rentable de ces ventes. Vingt lots se sont vendus sous sa signatures (8 chez Sotheby’s, 12 chez Christie’s) et le tableau le plus cher de ces deux jours de ventes est, justement, de Picasso, avec Le Sauvetage, une toile de 1932 payée 31,5 m$ chez Sotheby’s. Le prix de cette œuvre a par ailleurs doublé en 10 ans, puisqu’il coutait « seulement » 14,7 m$ frais inclus, le 6 mai 2004 (Sotheby’s). Pour Christie’s, le Picasso le plus cher est un portrait froid et anguleux de Dora Maar, adjugé 20 m$ et payé 22,565 m$ frais inclus. Cette œuvre de 1942 n’était jamais passée en salle de ventes et Dora Maar est l’un des sujets favoris des collectionneurs… Christie’s l’a néanmoins surestimé dans son estimation haute de 35 m$. Ce sont généralement les toiles des années 1901-1906 ou des années 30 qui parviennent à ce niveau de prix. Une seule œuvre des année 40 a déjà atteint ce seuil, un portrait de Dora Maar certes, mais plus coloré et plus magistral : c’était en 2006, et Dora Maar au chat faisait grimper les enchères à 85 m$ (95,2 m$ frais inclus), devenant la troisième œuvre la plus chère du maître.

Autre œuvre aussi chèrement estimée chez Christie’s et cédée 10 m$ sous l’estimation optimiste : les Nymphéas de Claude MONET, qui, à 24 m$ (27 m$ frais inclus), constituent tout de même la meilleure enchère du 6 mai. Si le thème des Nymphéas est le plus apprécié de Monet, l’oeuvre affichait par ailleurs une provenance irréprochable, passant par la galerie Durand-Ruel de Paris et de New York dans les années 20, avant d’intégrer la collection Edgar Bronfman dans les années 30. Deux bassins aux Nymphéas de dimensions similaires à cette œuvre se sont déjà vendus bien plus chers, entre 30 et 40 m$ chacun. Leurs différences ? Ils étaient plus contrastés, plus colorés, plus lumineux.

Parmi les denrées rares présentées lors de ces ventes, citons un plâtre du fameux Baiser de Constantin BRANCUSI. Cédé 7,5 m$ (soit 8,5 m$ frais inclus), il confirme une estimation basée sur l’adjudication en 2004 d’un Baiser en pierre (8 m$, 4 novembre 2004, Sotheby’s NY). Du côté des meilleures reventes, citons la Dormeuse de Tamara DE LEMPICKA, qui gagne 2 m$ en 20 ans (adjugée 360 000 $ le 11 mai 1994 chez Christie’s, il s’est arraché plus de 2,7 m$ frais inclus le 7 mai chez Sotheby’s) mais surtout le Jeune homme roux assis d’ Amedeo MODIGLIANI, dont le prix a grimpé de 8 m$ en 12 ans (adjugé 7,7 m$ le 5 novembre 2002 chez Sotheby’s puis 15,6 m$ le 6 mai 2014 chez Christie’s).

Aucun record significatif n’est a relever pour ces ventes aux estimations parfois trop gonflées. Des résultats plus spectaculaires sont attendus avec les vacations d’art contemporain où plusieurs oeuvres affichent les mêmes prétentions de prix que les meilleurs Monet et Picasso cédés la semaine dernière, sous les signatures, cette fois, de Francis Bacon, Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat ou Gerhard Richter.