Les prochaines ventes de photographies

[25/03/2014]

 

Les ventes de photographies drainent de plus en plus d’amateurs, comme en témoigne les résultats d’enchères avec douze enchères millionnaires signées en 2013, un indice de prix en hausse de 25 % et un chiffre d’affaires multiplié par trois en 10 ans.
Au début du mois d’avril, à New York, les maisons de ventes Phillips, Sotheby’s et Christie’s dispersent quelques centaines de clichés, dans des fourchettes de prix annoncées entre 800 $ et… 500 000 $. Phillips et Sotheby’s ouvrent le bal les 1er et 2 avril 2014 tandis que Christie’s prend la relève le 3.

La Photographie américaine à l’honneur

L’offre s’adapte au terrain, en l’occurrence à la demande américaines. Chez Christie’s notamment, les ¾ des épreuves sélectionnées sont le fait d’artistes américains. Au coeur de ces vacations, une vente entière est consacrée à Ansel Easton ADAMS, le 3 avril chez Christie’s, en 25 lots cotés entre 8 000 et 500 000 $. Les deux jours précédents, Phillips présente quatre clichés du même artiste et Sotheby’s neuf, tant la signature est porteuse. L’américain Anselm Adams, qui fonda le groupe f/64 avec Edward Henry WESTON en 1932, a introduit la création photographique dans les collections du MoMA, pour laquelle il ouvre un département dédié en 1940. Précurseur dans la reconnaissance du genre et grand maître des jeux de contrastes qu’il pratique avec excellence, il est l’un des photographes les plus prisés dans l’arène des enchères. Plus de 40 photographies d’Adams ont déjà passé le seuil des 100 000 $ ces 10 dernières années, des niveaux de prix toujours atteints à New York ou se rencontrent le mieux l’offre et la demande. Six clichés de plus pourraient alimenter son palmarès des œuvres à plus de 100 000 $, dont un paysage californien fortement contrasté (Winter Sunrise, Sierra Nevada from Lone Pine, California, 1941) estimé entre 300 000 et 500 000 $ chez Christie’s. Un autre sujet phare est une vue de la vallée Yosemite, qui signait déjà le record de l’artiste à 600 000 $ en 2010 dans un format bien plus important que celui offert le 3 avril (Sotheby’s, le 21 juin 2010), est estimé entre 30 000 et 50 000 $.

Les autres grands photographes américains présentés entre le 1er et le 3 avril sont Robert FRANK (1924) (détenteur d’un nouveau record de 550 000 $ en 2013 avec Trolley – New Orleans), Diane ARBUS (nouveau record de 500 000 $ en 2013 avec Identical Twins), Edward Henry WESTON (Shells annoncée entre 300 000 et 500 000 $ le 1er avril chez Sotheby’s), Irving PENN (pas moins de 25 lots le 3 avril chez Christie’s, dans des estimations de 10 000 $ à 250 000 $ espérés pour Lisa with roses on her arm, qui serait un prix record pour ce cliché), Edward STEICHEN (son portrait de Gloria Swanson chez Sotheby’s pourrait réitérer un coup de marteau proche de 450 000 $ comme en 2007 chez Phillips de Pury & Company), mais encore Sally MANN, Philippe HALSMAN ou Dorothea LANGE.

Les européens les plus courus

Parmi les lots phares de ces cessions newyorkaises, un Rayograph de MAN RAY est affiché entre 400 000 et 600 000 $ chez Sotheby’s le 1er avril. Rappelons que le surréaliste vendait pour la première fois une photographie d’un million de dollars en 2013 (Untitled Rayograph, 1922, Christie’s New York, 4 avril 2013) et que les collectionneurs sont particulièrement attentifs à ce type de denrée. La hausse des prix de Man Ray pourrait par ailleurs avoir un effet positif sur les Fotogramm de László MOHOLY-NAGY proposés chez Sotheby’s.Les photographes européens incontournables sont, pour le public américain entre autre : André KERTÉSZ, Horst P. HORST et BRASSAÏ, mais aussi Henri CARTIER-BRESSON (16 lots chez Christie’s, dont des portraits d’Henri Matisse offerts entre 5 000 et 7 000 $, ainsi que neuf lots chez Phillips et un chez Sotheby’s), Helmut NEWTON avec, notamment, une version de ses fameux mannequins dénudés (Sie Kommen naked, Paris, 1981, estimée entre 20 000 et 30 000 $), August SANDER avec un portrait du peintre Heinrich Hoerle (1931) estimé entre 150 et 250 000 $ (Sotheby’s, 2 avril). Ce même visage vaut à Sander sa troisième meilleure enchère depuis 2008 à 130 000 $ (Phillips de Pury & Company, 9 avril 2008) ou encore l’anglais Nick BRANDT et ses majestueux clichés africains, dont le plus célèbre, Elephant drinking (2007, sur 25 exemplaires), est proposé chez Christie’s entre 50 000 et 70 000 $. Un format plus grand du même éléphant tient le record de Brandt à plus 95 600 $ (vente Christie’s Paris du 17 novembre 2012).

Bien qu’elle représente seulement 1,2 % des recettes mondiales pour la vente d’oeuvres d’art aux enchères, la photographie est un secteur en pleine croissance. Parmi la multitude d’images générées aujourd’hui, les signatures fortes, (historiques, modernes ainsi que les stars contemporaines) s’affichent comme des valeurs sûres et les prix ne cessent de grimper. Au début des années 2000, le seuil des 500 000 $ était exceptionnellement atteint une ou deux fois par an, tandis que l’an dernier, 33 photographies passaient ce seuil de prix.