Top 10 up and down des artistes chinois

[31/01/2014]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les reventes d’artistes contemporains chinois auréolés d’une adjudication supérieure à 100 000 $ en 2008.

Top 10 up and down des artistes chinois
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente Adjudication 2013 Vente
HAUSSE
1 HONG Ling 23,562$ Lonely Night 1/6/2007 (Poly International PEKIN) 105,616$ 7/4/2013 (Poly Auction HONG KONG)
2 LI Songsong 86,640$ National Geographic 12/2/2009 (Phillips de Pury & Company LONDRES) 644,000$ 7/4/2013 (Poly Auction HONG KONG)
3 LUO Zhongli 183,039$ Moonlight 29/4/2008 (Beijing Huachen Auctions PEKIN) 267,040$ 2/6/2013 (Ravenel TAIPEI)
4 ZHOU Chunya 216,150$ Horse 28/5/2008 (Poly International PEKIN) 453,880$ 12/7/2013 (Xiling Yinshe HANGZHOU)
5 LIU Ye 1,113,500$ Big Flagship 31/5/2007 (Poly International PEKIN) 2,346,100$ 1/6/2013 (Poly International PEKIN)
BAISSE
1 ZHANG Xiaogang 9,637$ Bloodline: big family 28/5/2011 (United Asian Auctioneers WANCHAI) 6,000$ 29/4/2013 (Phillips NEW YORK)
2 GUO Wei 20,400$ Inside with the Mosquitoes and Moths 10/6/2012 (Zhong Cheng Auctions TAIPEI) 11,592$ 26/5/2013 (Ravenel HONG KONG)
3 ZHANG Huan 38,112$ Shanghaï Family Tree 28/10/2006 (Cornette de Saint-Cyr PARIS) 17,943$ 28/3/2013 (Cornette de Saint-Cyr PARIS)
4 QI Zhilong 40,000$ Untitled 17/9/2008 (Sotheby’s NEW YORK) 15,456$ 5/4/2013 (Sotheby’s HONG KONG)
5 FENG Zhengjie 45,000$ Untitled 13/11/2008 (Christie’s NEW YORK) 25,000$ 7/3/2013 (Sotheby’s NEW YORK)

Le marché de l’art chinois s’est imposé comme le plus puissant de la planète pour la première fois en 2010, puis à nouveau en 2011 et 2012 (en terme de recettes), suite à quatre années d’enchères flamboyantes, dont ont notamment bénéficié de nombreux contemporains. En 2008, 174 artistes chinois nés après 1920 vendaient au moins une œuvre à plus de 100 000 $ aux enchères. Parmi eux, plusieurs « jeunes » artistes (nés après 1945) participaient à la flambée des prix. Comment ces contemporains se sont-ils récemment comportés aux enchères ?Artprice analyse ici quelques résultats, dont des allers-retours aux enchères d’oeuvres vendues avant 2010, puis revendues en 2013. Cinq artistes dont la cote est en hausse et cinq dont la cote est en baisse ont été sélectionnés afin de prendre la mesure de la bonne santé des uns et de l’essoufflement des autres.

Cas de plus-values : le moment de vendre ?
Le nom de LUO Zhongli ne parle peut-être pas aux collectionneurs occidentaux. Pourtant, ce réaliste chinois, né en 1948, professeur à l’Académie des Beaux-Arts du Sichuan au début des années 80 avant de passer quelques temps en Europe, a trois résultats millionnaires à son actif dont un sommet de 5,547 m$ (pour Spring Silkworms vendue chez Christie’s Hong Kong le 23 novembre 2013) ! Son marché n’est pas neuf en Asie. Ses toiles se vendaient déjà quelques dizaines de milliers de dollars au début des années 90. La flambée du marché chinois le propulse en 2006 avec les premières adjudications à six chiffres. Depuis, la cote de Luo Zongli est au beau fixe : outre son nouveau record millionnaire en 2013, sa toile Moonlight est passée de 183 000 $ à 267 040 $ entre 2008 et 2013.

Considéré comme un maître dans l’art du paysage contemporain, HONG Ling, né en 1955, se vend moins de 5 000 $ dans les salles hongkongaises dans les années 90, puis quadruple en valeur en 2000. En 2007, année faste pour le marché chinois, une première adjudication à six chiffres est enregistrée. Depuis ce premier coup de marteau fort, la cote de Hong Ling n’a cessé de progresser comme en témoigne la plus-value de Lonely Night, passée de 23 500 $ à 105 600 $ entre 2007 et 2013.

 

Les propositions plus contemporaines de Liu Ye, Zhou Chunya et Li Sonqsong échappent elles-aussi au ralentissement annoncé du marché chinois.
Artiste basé à Pekin et né en 1964, LIU Ye a imposé sa signature au gré d’un univers enfantin nourri d’art européen. Sa carrière décolle au début des années 2000 pour conquérir une scène d’emblée internationale. Ce rayonnement et l’attrait spéculatif de son œuvre lui ont permis d’emporter cinq enchères millionnaires sur la seule année 2013, dont un record équivalent à 4,773 m$ (Sword, Sotheby’s Hong Kong le 5 octobre 2013) et une plus-value de 1,3 m$ pour Big Flagship, dont le prix est passé de 1,113 m$ à 2,346 m$ entre 2007 et 2013.

Auréolé de 11 enchères millionnaires depuis 2010, ZHOU Chunya est l’un des artistes les plus internationaux et les plus dynamiques de la scène contemporaine chinoise. Les prises de bénéfices sont toujours importantes, en témoigne la revente de sa toile Horse dont la valeur a doublé entre 2008 et 2013, passant de 216 150 $ à 453 880 $ (vente Poly International le 28 mai 2008 puis vente Xiling Yinshe à Hangzhou le 12 juillet 2013).

Une autre belle performance est réalisée par l’huile sur toile National Geographic de LI Songsong, un jeune quarantenaire qui a vu le prix de sa toile grimper de 557 000 $ en quatre ans. L’oeuvre atteint en effet 86 640 $ le 12 février 2009 à Londres et s’envole pour 644 000 $ le 7 avril 2013 à Hong Kong. C’est son enchère record, contre un précédent sommet de 581 580 $ décrochés chez Christie’s Londres en 2009 (avec Cuban Sugar adjugée 360 000 £ le 16 octobre).

Cas de reventes à la baisse : le moment d’acheter ?Les cas de reventes a la baisse touchent de nombreux artistes contemporains dont les cotes ont rapidement flambée entre 2006 et 2010. Autant collectionnés en Asie qu’en Occident, leurs prix sont devenus trop vite trop forts pour que les acheteurs puissent suivre. L’essoufflement des prix touche notamment Zhang Xiaogang, Guo Wei, Qi Zhilong et Feng Zhengjie. Leurs estimations devraient encore être attractives en 2014.
L’envolée des prix de ZHANG Xiaogang fut de l’ordre de plusieurs millions pour une même toile : sa Bloodline: Big Family No.1 par exemple, augmentait de 5 m$ entre 2008 et 2011 (adjugée l’équivalent de 2 574 000 $ le 4 octobre 2008 puis de 7 453 000 $ le 3 octobre 2011 chez Sotheby’s Hong Kong dans les deux cas). L’artiste est célèbre et international certes, il n’en est pas moins soumis aux effets de la mode et de la spéculation : méfiance sur la volatilité de la cote, y compris celle des multiples. La sérigraphie Bloodline: Big Family éditée sur 58 exemplaires, qui a fait l’objet de nombreux allers-retours aux enchères, est passée d’un prix record équivalent à 23 000 $ en 2008 (25 mai 2008, Christie’s Hong Kong) à 7 740 $ en 2013 (23 novembre 2013, Bonhams Hong Kong).

Le régime est sévère pour GUO Wei, dont le prix de Inside with the Mosquitoes and Moths est presque divisé par deux en un an, passant de 20 400 $ en 2012 à 11 600 $ en 2013 (vendue une première fois chez Zhong Cheng à Taipei le 10 juin 2012 puis chez Ravenel Art Group, Hong Kong le 26 mai 2013). Ses toiles se sont vendues entre 10 000 $ et 29 250 $ en 2013, malgré douze enchères à plus de 100 000 $ emportées en 2007-2008.

Le soufflé est aussi retombé pour les portraits de jeunes chinoises signés QI Zhilong : l’un d’eux, Chinese girl series (1997, 41,2 cm x 33 cm ), vendu l’équivalent de 33 400 $ en 2010 (soit 41 000 $ frais inclus, Christie’s Hong Kong, 30 mai 2010) était ravalé malgré une estimation basse de 18 000 $ le 25 mai 2013 chez Bonhams Hong Kong. En 2008, Qi Zhilong était capable de quadrupler les estimations (sa Chinese Girl Series No.1 s’arrachait d’ailleurs pour 436 500 $ contre une estimation haute de 102 000 $ le 9 avril 2008 chez Sotheby’s Hong Kong). Symptomatique de la désaffection des acheteurs, son taux d’invendus est passé de 14 % à 28 % entre 2008 et 2013.

ZHANG Huan constitue un autre cas de sévère contraction des prix avec, par exemple, son fameux ensemble de 9 photographies intitulé Family Tree, qui atteignait 358 000 $ aux enchères en 2007, puis après des décotes successives, se voyait ravalé à une estimation basse de 150 000 $ le 15 mai 2013 chez Christie’s New York (vendue l’équivalent de 358 000 $ le 28 octobre 2007 chez Borobudur à Singapour).

FENG Zhengjie fit lui aussi l’objet d’une extrême spéculation, avec des cas de plus-values supérieures à 100 000 $ en quelques mois (le grand Chinese Portrait Series 2006 No.2 atteint 133 800 $ le 29 juin 2009 chez Phillips de Pury & Company Londres puis 264 000 $ chez Poly International en novembre de la même année). Les prix se sont affalés ces deux dernières années, et le taux d’invendus a explosé passant de 17 % à 40 % entre 2008 et 2013. Certains portraits de deux mètres d’envergure sont accessibles aujourd’hui pour 50 000 $ en moyenne et des toiles en 150 x 150 cm, cotées autour de 60 000 $ en 2008-2009, ont vu leur prix divisé par deux. La décote a ceci d’intéressant : c’est le bon moment pour acheter.