Art Urbain à Paris : nouveaux records attendus

[28/01/2014]

 

Depuis que BANKSY est devenu un phénomène de société et du marché de l’art, nombre d’acheteurs se sont euphorisés de la nouvelle manne que constitue le Street art en train de forger sa réputation, et quelques maisons de ventes se sont positionnées afin de profiter du filon. En France, c’est le cas de Leclerc à Marseille et d’Artcurial à Paris. Cette dernière, qui se fait du genre une spécialité depuis 2007, consacre une vente dédiée à « l’art urbain » le 5 février 2014.

Il s’avère difficile pour les maisons de ventes françaises d’alimenter leurs vacations avec des oeuvres importantes des artistes historiques du Street art que sont Jean-Michel BASQUIAT et Keith HARING, tout simplement parce que leurs cotes, à mesure des marchés anglais et américains, sont démesurées pour la place de marché française (les exceptions sont rares). Ainsi, les ventes d’art françaises se concentrent sur les artistes de 2e et 3e génération, parvenant parfois à glisser dans leurs catalogues la signature d’un pionnier du genre. Le 5 février, Artcurial alimente ainsi sa vente de quelques dessins de Keith Haring dont une feuille particulièrement dense et bien datée (1984), estimée 30 000 – 40 000 euros. La société de ventes envisage donc d’enregistrer son plus beau coup de marteau pour un dessin de Keith Haring, n’affichant pas plus jusqu’à présent que 30 000 euros (soit 42 780 $) pour un grand travail à la craie Sans titre vendu le 23 octobre 2007. Les maisons de ventes parisiennes Pierre Bergé, Cornette de Saint Cyr ou encore Charbonneaux sont déjà parvenues à céder des dessins plus haut. Pas de raison donc pour qu’Artcurial ne remporte ce pari.

On s’arrache aujourd’hui des artistes qui ont intégré de grandes galeries et accédé ainsi à une légitimité efficace aux yeux des acteurs du marché de l’art, dont les collectionneurs, bien évidemment. Ce fut le cas avec FUTURA 2000 qui a travaillé avec la galerie Jérôme de Noirmont, comme c’est le cas pour JR ou KAWS qui font partie de l’écurie d’Emmanuel Perrotin.
Effectivement, une pièce anecdotique de Kaws est mise à l’encan le 5 février : un multiple édité chez Medicom Toy, Tokyo à 500 exemplaires. Les exemplaires ne sont pas numérotés mais signés et datés. Le petit multiple est tout de même estimé entre 1 000 et 1 200 euros. Pour le même prix, voire pour une moindre mise, plusieurs dessins originaux sont proposés sous les signatures de T-KID 170, CRASH, , etc… C’est rappeler encore une fois l’importance du prestige de la galerie de l’artiste dans l’inflation d’une cote.

Moins anecdotique et plus stimulant pour les collectionneurs du genre, Artcurial propose huit oeuvres de JR (à qui la galerie Emmanuel Perrotin consacrait une exposition parisienne entre le 19 novembre 2011 et le 7 janvier 2012). Parmi ces huit lots, six sont des estampes annoncées entre 700 euros (Mafia, 2006, 200 exemplaires) et 3 500 euros (Women are Heroes-Favela Morro da Providencia, 2009, 80 exemplaires) et deux sont des photographies dont un visage monumental (84 cm x 174 cm) contrecollé sur des panneaux de bois, une pièce unique espérée entre 40 000 et 60 000 euros (soit 54 000-81 000 $, œuvre intitulée Wrinkles of the City (Marino Saura Oton), Cartagena, Spain). Le marché de JR en est à ses prémices aux enchères (première vente aux enchères en 2006 et 40 lots offerts depuis) et les pièces uniques trouvent systématiquement preneurs. L’artiste français, qui vit à New York, commence à être présent dans les vacations de Londres et de New York mais c’est à Paris que sera signé son record d’enchère si Artcurial parvient à vendre Wrinkles of the City dans sa fourchette d’estimation.

Parmi les autres lots phares susceptibles de flirter avec des records : citons Reflections, une toile de Futura 2000 estimée entre 25 000 – 35 000 euros, soit 34 000 $ – 47 500 $ (son record d’enchère se situe autour de 50 000 $ depuis l’adjudication de Untitled, a performance piece created live on the Clash’s ‘Combat Rock’ tour le 11 janvier 2011 lors de la vente Urban art de Bonhams à Londres). Citons encore JONONE, attendu pour un record sur toile avec la présentation de R.I.P. Rest in peace (190 x 368 cm), une oeuvre annoncée entre 50 000 et 70 000 euros, soit 68 000 $ – 95 000 $ (son record absolu est détenu par une Rolls Royce Modele Corniche peinte, adjugée 128 500 euros (171 110 $ ) le 22 janvier 2013 chez Artcurial.

Les amateurs seront également sensibles à la présence de Shepard FAIREY (alias Obey), qui revisite un portrait de Warhol (2005) offert entre 30 000 et 40 000 euros et qui a le vent en poupe avec deux nouveaux records d’enchères signés en 2013 (Guns and roses adjugée 50 000 euros, soit 66 580 $ le 22 janvier 2013 chez Artcurial Paris et War is over, adjugée 52 000 euros, soit 71 700 $ le 25 octobre chez Digard). Ils se pencheront également sur les oeuvres de ZEVS, dont deux oeuvres représentant des sigles de marques immédiatement identifiables ont déjà passé le seuil des 10 000 euros à Paris (en 2012 et 2013). Trois de oeuvres de cette série sont offertes le 5 février dont les sigles Macdo et de Chanel dégoulinant de peinture, des oeuvres attendues entre 6 000 et 9 000 euros chacune, soit entre 8 000 et 11 000 $ (Liquidated Mac Do et Liquidated Chanel). Par ailleurs, Obey et ZEVS attirent généralement l’attention d’autres collectionneurs européens et de certains américains. Une internationalisation du marché prompte à faire grimper les prix.