Fernand Léger (1881-1955)

[06/04/2003]

 

Soutenu par de larges volumes d’échanges, des rétrospectives régulières et une production variée, le marché des œuvres de Fernand Léger explose. Son indice des prix a doublé en 5 ans.

Né en 1881, Fernand Léger découvre dès 1907 l’œuvre de Cézanne. Elle lui ouvre la voie du cubisme et de l’abstraction. Installé à « la ruche » dès 1910, il rencontre Picasso et Braque. Pourtant sa production garde ses distances vis à vis des canons cubistes : sa palette reste très colorée et le graphisme tubulaire subsiste. En 1912, il expose à la Section d’Or et signe un an plus tard un contrat d’exclusivité avec Daniel-Henry Kahnweiler. Son œuvre prend un tournant après la première guerre mondiale : il aborde les thèmes de cirque et le machinisme. Rapidement accroché dans les plus grands musées européens, deux grandes expositions le consacrent à l’Art Institute de Chicago et au MoMA de New York en 1935. Il fuit la guerre en 1940 et s’installe à New York. Son style s’assouplit en jouant sur la transparence des aplats colorés et en dissociant la couleur du dessin. De retour en France en 1945, Louis Carré organise une grande exposition de ses travaux américains. A partir de 1949, il aborde la céramique à Biot avec l’un de ses élèves, Roland Brice.

Que trouve-t-on aux enchères ?

L’œuvre de Fernand LÉGER est l’une des plus importantes et appréciées du marché. En 2002, 166 œuvres ont été adjugées aux enchères pour un résultat de ventes de 33 millions de dollars. Ce chiffre d’affaires, deux fois plus important qu’en 1999 lui permet d’accéder à la sixième position dans notre TOP 500 en 2002 (afficher cette liste). Sa production, très diversifiée, couvre un éventail de prix assez large. Même si 50% de ses œuvres s’échangent moins de 5000 euros, il faut en moyenne compter plus de 500 000 dollars pour une toile car elles sont généralement de grands formats : leur surface moyenne est de 4064 cm² (environ 50×80 cm). La majorité des productions vendues au delà du million de dollars date des années 1918-1925. A l’image du record détenu par Le moteur (1918), adjugé 15,2 millions de dollars chez Christie’s lors de la dispersion de la collection René Gaffé du 6 novembre 2001, les plus chères sont celles de l’immédiat après-guerre. Au delà des huiles (12% de la production vendue aux enchères entre 1999 et 2002), les collectionneurs s’échangent avant tout des œuvres sur papier : 80% du volume de transactions. Les estampes représentent 50% des enchères et s’adjugent en moyenne 2000 euros. En plus de quelques bronzes, on trouve aussi de nombreuses céramiques des années 1952-1953. Très colorées et aux reliefs fort marqués, elles sont particulièrement appréciées des amateurs. Le 6 novembre 2002, un grand panneau intitulé Femmes au Perroquet (1953) a été adjugé 180 000 dollars chez Sotheby’s New York.

Les places de marché

New York accueille l’essentiel des ventes de peintures et 65% du chiffre d’affaires. Le tiers des estampes est échangé en Allemagne. La France domine le marché de ses dessins et aquarelles. Récemment pourtant, il s’est vendu à Paris quelques très belles toiles, notamment durant la dispersion de la collection Carré par Piasa et Artcurial-Briest-Poulain-Le Fur le 9 décembre 2002.

Acheter / vendre

Le prix des œuvres de Fernand Léger est en pleine ascension, surtout depuis les deux importantes rétrospectives au Musée National d’Art Moderne (Paris) en 1997 et au MoMA (New York) en 1998. Comme pour beaucoup d’artistes de la Section d’Or, la demande de plus en plus soutenue fait encore face à une offre abondante et de qualité. En 2002, le taux d’invendus a chuté de 28% et les prix ont encore progressé de 19%. 100 euros investis en 1997 dans une œuvre de Fernand Léger valent en moyenne 223 euros en décembre 2002. Profitant de l’engouement actuel, un grand nombre de collectionneurs tentent de revendre au delà du prix de marché les toiles acquises quelques années plus tôt. Gourmands, les prix de réserve qu’ils imposent sont souvent bien au delà du juste prix. A titre d’exemple, Composition à l’araignée noire (1938) acquise 120 000 dollars (660 000 francs) en 1994 à Paris a été mise en vente 350 000 – 450 000 dollars et ravalée à New York en mai 2001. Selon l’Artprice Index, en base 100 en 1994, cette œuvre n’aurait value que 256 000 dollars en 2001.

    Fernand LégerArtprice Index toutes catégories, base 100 en janvier 1997, devise : EUR   Fernand Léger Nombre de lots vendus aux enchères   Fernand Léger Parts de marché Répartition par pays du chiffre d’affaires réalisé entre 1999 et 2002 © Artprice