Bilan d’un premier trimestre sous haute tension

[27/04/2009]

 

Depuis les premiers effets pervers de la crise financière sur le marché de l’art, l’état des lieux n’est pas rassurant. On constate notamment une baisse des subventions privées américaines dédiées aux arts ayant entraîné des suppressions d’emplois massives dans les musées les plus prestigieux (le Detroit Institute of Arts et le Museum of Contemporary Art de Los Angeles ont licencié 20% de leur personnel).Parallèlement, le marché de l’art a perdu en liquidités, les nouvelles fortunes en Russie, en Inde et en Turquie ont littéralement fondu (disparition de plus de 300 milliardaires à l’échelle mondiale enregistrée à la fin du premier trimestre), les banques cessent d’alimenter les collectionneurs en crédits destinés à l’achat d’œuvres d’art et le géant UBS a stoppé son pôle de conseil artistique dédié à l’achat et la vente d’œuvres d’art.

Dans ce contexte fébrile et après la déconfiture des ventes d’automne 2008, les grandes maisons de ventes ont dû réagir rapidement pour prévenir un risque de gel d’enchères étendu aux grandes ventes de 2009. Pour pallier le risque de pertes, elles ont réduit, voire cessé, leur système des prix garantis, minimisé le nombre de lots catalogués, fait baisser les prix de réserve en accord avec les vendeurs, révisé leurs fourchettes d’estimation à la baisse et se sont adaptées à une demande moins haut de gamme. Ces changements stratégiques n’ont pas empêché des réductions d’effectifs, ni même la fermeture de la succursale de Philips de Pury à Cologne.

A l’échelle mondiale, le taux d’invendus subit une légère hausse avec 37% d’œuvres concernées. Rien d’alarmant, puisque le ratio moyen était de 33% les années précédentes. Le bas blesse par contre en regard de la chute des niveaux de prix qui correspond à une restriction du secteur haut de gamme. Les collectionneurs, moins argentés et surtout plus prudents, ont amené les maisons de ventes à réduire l’offre sur le secteur haut de gamme. Ainsi, seules 79 enchères millionnaires en dollars furent frappées durant le premier trimestre 2009, un chiffre réduit de moitié par rapport au premier trimestre 2008. Cette année, 77% des lots soumis à enchères présentaient des estimations attractives à moins de 5 000$, soit 10% de plus qu’en 2008. La contraction du secteur haut de gamme se traduit encore par une réduction sévère du nombre d’œuvres à plus de 50 000$ proposées aux enchères : le ratio tombe de 6% à moins de 3% (Q1 2008 et Q1 2009).

Télécharger les indices de prix Artprice

Après l’euphorie de 2007 qui propulsait les prix du Fine Art de +18%, on assiste pour la deuxième année consécutive à un réajustement des prix. Cette baisse des prix, déjà constatée en 2008 (-30% en dollars) se poursuit en 2009. Au terme du premier trimestre 2009, l’Artprice Global Indices accuse une chute brutale des prix de l’art de –10%.