Les meilleures ventes d’Espagne
[16/09/2016]Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine, les dix plus beaux résultats enregistrés en Espagne au cours du premier semestre 2016 sont passés au crible.
Rang | Artiste | Adjudication | Oeuvre | Vente |
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1 | Joaquín SOROLLA Y BASTIDA | 421 989$ | Monte Ulía, san Sebastian | 2016-02-23 Goya Subastas Madrid |
2 | Salvador DALI | 234 128$ | El llac de Vilabertran (c.1919-1920) | 2016-04-06 Fernando Durán Madrid |
3 | Joaquín SOROLLA Y BASTIDA | 150 056$ | San Francisco Javier (1891) | 2016-05-25 Alcala Subastas Madrid |
4 | Georges BRAQUE | 112 932$ | Tetera y limón (1947) | 2016-04-06 Ansorena Madrid |
5 | José Gutiérrez SOLANA | 108 890$ | Cargadores de vino | 2016-06-15 Ansorena Madrid |
6 | Evgeni Evgenievich LANCERAY | 95 297$ | Abanderado a caballo | 2016-02-18 Durán Madrid |
7 | Miquel BARCELO | 82 633$ | Figues esbravades (1997) | 2016-04-06 Fernando Durán Madrid |
8 | María BLANCHARD | 82 633$ | Rostro-Cabeza de mujer | 2016-04-06 Ansorena Madrid |
9 | Keith HARING | 80 259$ | Barking Dog (1989) | 2016-06-29 Fernando Durán Madrid |
10 | Hermenegildo ANGLADA CAMARASA | 78 937$ | Parral | 2016-03-02 Ansorena Madrid |
De toute évidence, l’Espagne n’a pas encore retrouvé l’intensité des échanges qu’elle connaissait avant la crise financière de 2008. Le produit des ventes aux enchères, qui s’élevait à plus de 57 m$ en 2007, a été divisé par deux depuis lors. Sur la première moitié de l’année 2016, les ventes publiques n’ont engendré que 10 m$ de recettes, si bien que le pays se classe désormais en 24ème position, loin derrière la France (302 m$), mais aussi derrière la Pologne, le Danemark ou encore la République Tchèque.
La place de l’Espagne dans l’Histoire de l’Art et son influence sur la scène culturelle internationale continuent pourtant à conférer un très grand potentiel à ce marché. Si les meilleures œuvres des grands peintres du siècle d’or espagnol (Velasquez, Zurbaran, El Greco, etc.) sont désormais mises en ventes à Londres et New York, tout comme celles de ses plus éminents artistes modernes (comme le soulignait Artprice dans le dernier Top des artistes espagnols), ce marché recèle encore de très belles pièces, singulières et particulièrement diversifiées, héritées d’une longue tradition de collectionneurs. Ainsi les dix plus belles enchères frappées au cours du premier semestre mettent en lumière de grands noms espagnols, mais aussi français et même du pop-art américain.
Joaquin Sorrolla Y Bastida domine ce classement avec deux toiles de styles tout à fait différents : un paysage très coloré, réalisé en 1917 à San Sebastian, ainsi qu’un portrait pieux de San Francisco Javier, terminé un quart de siècle plus tôt. Aucune de ces deux toiles ne fait véritablement partie du meilleur de l’oeuvre de Sorolla. Les collectionneurs continuent en effet de préférer les grandes scènes très vivantes inspirées par les plages espagnoles, et qui s’échangent chaque année au-dessus du million de dollars dans les deux grandes capitales anglo-saxonnes. Cependant, les deux toiles inédites proposées cette année à Madrid (aucune n’étant jamais passée aux enchères auparavant) révèlent les différentes recherches picturales de Sorrolla et de l’évolution de son art.
Sur la deuxième marche de ce classement, El llac de Vilabertran de Salvator Dali se distingue elle-aussi par son originalité. Oeuvre de jeunesse, peinte entre 1919 et 1920, alors que Dali n’avait pas plus de 17 ans et que le surréalisme n’existait pas encore, cette toile découvre les premières inspirations d’un futur génie, des inspirations tout d’abord impressionnistes. Cette huile sur toile n’avait pas trouvé acheteur en novembre 2015 chez Fernando Durán, qui l’avait alors estimée à 270 000$. Sa seconde apparition a été la bonne : la toile a finalement été cédée pour 35 000$ de moins que l’estimation initiale.
Seul artiste contemporain présent dans ce top 10, Miquel Barcelo garde un important succès dans son pays natal. Bien qu’il suivit l’exemple des grands artistes modernes en s’établissant très tôt dans la capitale française (où il bénéficiait cette année de deux belles expositions à la BNF et au Musée Picasso), Miquel Barcelo continuent de voir ses œuvres régulièrement échangées à Madrid. L’Espagne constitue toujours son troisième marché, avec 3 % du produit de ventes aux enchères sur le S1 2016, après le Royaume-Uni (84%) et la France (11%).
De façon générale, les œuvres qui transitent par les maisons de ventes espagnoles rassemblent essentiellement des pièces d’artistes nationaux, mais on y trouve également des petites œuvres d’artistes majeurs. En juin, un dessin au feutre signé Keith Haring a changé de mains pour 80 000$. Un peu plus tôt dans l’année, une petite toile de Georges Braque, Tetera y limon (1947), était adjugé l’équivalent de 113 000$ chez Ansorena. Cette même pièce avait été vendue 78 400$ par la même maison en janvier 2001. La plus-value de +45 % ainsi réalisée au cours de ces 15 dernières années prouve que le marché espagnol ne s’est pas effondré.
Or, si les ventes aux enchères tiennent bon en dépit d’un rétablissement difficile, l’Espagne le doit essentiellement à un ensemble de maisons concentrées dans sa capitale. En l’absence des grandes enseignes internationales, à commencer par Sotheby’s et Christie’s, les prix se maintiennent et des pièces intéressantes continuent de circuler.
Le succès de la foire ARCO, qui se tient chaque année en février dans la capitale, atteste de l’attrait du marché madrilène pour les collectionneurs aussi bien locaux qu’internationaux. L’an dernier, l’organisation s’est exportée à Lisbonne avec pour objectif de redynamiser à son tour le marché portugais. La péninsule ibérique recèle encore de grandes richesses culturelles et Madrid a tout le potentiel pour devenir le grand centre des échanges dans cette zone. Elle pourrait ainsi réaffirmer sa place sur le Marché de l’Art international, et retrouver une place comparable à celle de Stockholm, Istanbul ou Bruxelles.