En bref : Tino Sehgal – Palais de Tokyo – Wifredo Lam – Tate Modern – Christian Boltanski

[25/08/2016]

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Tino Sehgal – Palais de Tokyo – Wifredo Lam – Tate Modern – Christian Boltanski

Tino Sehgal au Palais de Tokyo

L’artiste anglo-allemand Tino SEHGAL (1976) a commencé sa carrière comme danseur avec les chorégraphes expérimentaux Jérôme Bel et Xavier Le Roy. 20 ans après ses débuts sur scène, le principe de l’art vivant ne l’a pas quitté. Il est au contraire devenu sa signature, sa forme de résistance à la production d’objets plastiques. L’exposition qu’il prépare dans la totalité des espaces du Palais de Tokyo de Paris – soit pas moins de 13 000 mètres carrés – promet d’être particulièrement animée. Elle s’annonce comme une expérience en soi, d’autant que Tino Sehgal intègre les spectateurs dans son travail. Ce fut notamment le cas en 2010, lors de l’exposition This Progress au musée Guggenheim de New York. Le visiteur du musée (vidé de toutes œuvres pour l’occasion) rencontrait, en bas de la rampe hélicoïdale du bâtiment, un enfant interrogeant un petit groupe d’individus sur leur perception du progrès. Au fil de l’ascension, le groupe se voyait poser d’autres questions plus alambiquées par un étudiant, puis un jeune adulte, enfin par un individu mature au point culminant du musée. Cette performance fut la première « œuvre vivante » acquise par le musée Guggenheim. Trois ans plus tard, l’artiste emportait le Lion d’Or du meilleur artiste pour l’exposition internationale Il Palazzo Enciclopedico (Le Palais Encyclopédique) de la Biennale de Venise. Cet artiste hors-normes, qui expose dans le monde entier (au Stedelijk Museum d’Amsterdam en 2015, à l’Institute of Contemporary Arts de Londres en 2005, 2006 et 2007, à la Serralves Foundation de Porto en 2005, etc.) résiste si bien à la production d’oeuvres physiques que son marché aux enchères est inexistant. Le fait est assez rare pour mériter d’être souligné. A défaut de l’acquérir, il faut le visiter, du 12 octobre au 18 décembre 2016 au Palais de Tokyo de Paris.

Wifredo Lam à la Tate Modern

Artiste cubain majeur, Wifredo LAM (1902-1982) est exposé à la Tate Modern du 14 septembre 2016 au 8 Janvier 2017 après son exposition remarquée au Centre Pompidou de Paris. L’exposition regroupe près de 300 oeuvres et une centaine de documents (peintures, céramiques, livres d’art, documents d’archives, photographies) qui mettent en exergue les rencontres marquantes dans l’oeuvre et la carrière de l ‘artiste. L’exposition compte avec son œuvre emblématique, La Jungle, la toile ayant fait scandale lors de son exposition à New York en 1944, puis achetée par le MoMA l’année suivante. Soutenu par le galeriste Pierre Matisse à New York, Lam fut connu et reconnu de son vivant, notamment par les plus grandes icônes culturelles de son époque, des artistes et intellectuels de l’envergure de Pablo Picasso, André Breton, Aimé Césaire, Lucio Fontana ou encore Asger Jorn. Aujourd’hui, l’exposition itinérante en cours confirme la place majeure de Lam au centre de l’art moderne, tandis que son marché aux enchères se dynamise, avec deux nouvelles adjudications millionnaires sur le premier semestre 2016, portant à 13 le nombre de toiles adjugées plus d’un million de dollars.

Les battements de cœurs de Christian Boltanski

Christian BOLTANSKI enregistre les battements de cœurs dans le monde entier depuis 2008. L’artiste français a déjà capturé les rythmes sonores de plusieurs milliers de cœurs d’individus, et stocke les enregistrements sur “l’île d’art” de Teshima au Japon. Cette fois, ses Archive du Coeur ont élu domicile près d’Édimbourg, pour capturer de nouvelles pulsassions vitales (exposition jusqu’au 25 Septembre 2016 à Jupiter Artland). Au cœur de cette bibliothèque sonore croissante, Boltanski n’en finit pas d’explorer les thèmes de la mort, de la mémoire et du souvenir, qui traversent son œuvre depuis les années 1980. Bien que ses expositions personnelles soient rares (la dernière eut lieu en 2015 pour le vingtième anniversaire de la galerie Marian Goodman), Christian Boltanksi est l’un des artistes français les plus reconnus sur le plan international, l’un des rares à trouver un bel écho sur le marché américain, lequel représente tout de même le tiers de ses résultats de ventes aux enchères. Le prix de ses œuvres n’est pas pour autant explosif : son record signé il y a 10 ans flirte avec les 157 000 $, pour l’installation Le reliquaire, une pièce de 1988 mêlant boites métalliques, photographies et ampoules lumineuses. L’artiste n’a plus atteint de tels niveaux de prix depuis. La cote s’est même essoufflée, si bien qu’une installation importante de la même époque, intitulée Réserve (La fête du Pourim) et comprenant 123 boîtes en métal, cinq photographies et cinq ampoules lumineuses, partait pour 56 000 $ seulement en juin 2016, chez Christie’s à Paris.