En bref : Art contemporain – Londres – Victor Vasarely – Défense de mourir – Centre Pompidou

[24/06/2016]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Grandes ventes d’art contemporain à venir à Londres. Les 110 ans de Victor Vasarely triplement fêtés. Défense de mourir au Centre Pompidou.

Grandes ventes d’art contemporain à venir à Londres
Le calendrier du marché de l’art en juin est marqué chaque année par les grandes ventes du soir à Londres. Les opérations vont battre leur plein en 2016 encore, chez Sotheby’s le 28 juin prochain et chez sa grande rivale Christie’s, le lendemain. Les maisons sélectionnent pour ces ventes prestigieuses la crème de la crème, espérant atteindre des records de vente. Grands noms chez l’une : Sotheby’s rassemble, dans son catalogue de 46 lots, Keith Haring, Dubuffet, Cy Twombly ou encore Alexander Calder… difficile de faire plus select. Pièces d’exception chez l’autre : Johnny Depp a fait confiance à Christie’s pour disperser cette année un groupe de neuf pièces signées Basquiat, dont un autoportrait et une grande porte peinte seront présentés lors de cette vente, pour une estimation haute globale approchant les 8 m$.

Les stars incontestées du marché se retrouvent sans surprises dans les deux ventes. Andy WARHOL, avec un total de six œuvres, représente la plus grosse estimation de Christie’s avec ses Two Dollar Bills affichés sur la couverture du catalogue, à près de 8,6 m$ (estimation haute). On est cependant loin de la vente à 43,7 millions des One Dolllar Bills chez Sotheby’s en 2009, et surtout des 105,4 m$ remportés il y a trois ans pour Silver Car Crash ! Chez Sotheby’s, l’œuvre phare est Roter Fish de Sigmar POLKE, dont l’estimation culmine à 6,6 m$. Chez la rivale, celle de Flucht (blau) oscille entre 2,2 et 2,9 millions. Adrian GHENIE lui aussi, sera l’objet de toutes les attentions avec chez Sotheby’s 2 œuvres, dont son Self-portrait as a Monkey estimé entre 216 000 et 289 000 $ ; et chez Christie’s deux pièces également, dont Lidless eye, hommage à Van Gogh, estimé entre 510 000 et 790 000 $.

Signe de la contraction du marché de l’art contemporain chinois, le leader du genre ZENG Fanzhi affiche une décote de 2 m$ si l’on en croit l’estimation fournie par Sotheby’s. Son autoportrait de 1996, estimé 2,8 m$, se vendait en effet 4,8 m$ chez Christie’s Hong-Kong en 2011, au plus fort de la vivacité du marché asiatique. Christie’s offre aussi un autoportrait de Zeng, une œuvre plus récente (2003) dont la revente pourrait s’avérer cette-fois une opération gagnante : cédée 378 000 $ le 8 février 2007, soit avant la flambée de ses prix, la toile est cette fois attendue entre 550 000 et 850 000 $. Ces deux ventes permettront de prendre la température de ce segment de marché, dont la volatilité est confirmée par les estimations actuelles.

Les 110 ans de Victor VASARELY triplement fêtés
Alors que s’achève une exposition hommage Vasarely à Budapest, un triple événement prend le relais en France. L’exposition Multiplicité fête un double anniversaire jusqu’au 2 octobre 2016, les 40 ans de la Fondation à la Fondation Vasarely d’Aix-en-Provence, et le 110ème anniversaire de la naissance de Vásárhelyi Győző, dit Vasarely, né à Pécs en Hongrie, le 9 avril 1906. Afin de fêter dignement l’un des artistes les plus populaires du XXème siècle, deux autres institutions culturelles se sont engagées : le Musée Vouland en Avignon, à travers l’exposition Victor Vasarely en Mouvement présentant de nombreuses œuvres originales issues pour la plupart de collections privées, et le Château de Gordes avec L’Alphabet plastique, exposition construite autour de jeux optiques et cinétiques intégrant le spectateur.
Considéré comme l’un des pères de l’Op’ art, Vasarely fut toléré par le régime communiste hongrois grâce à une production démocratique, ses sérigraphies étant à la portée de toutes les bourses. Mais c’est en France qu’il est devenu un grand artiste. Installé à Paris comme graphiste au début des années 30′, il participe à la célèbre exposition Le Mouvement organisée par la galeriste Denise René en 1955. C’est alors l’explosion d’un nouvel ordre artistique optique et cinétique, porté par Agam, Soto, Tinguley, Calder, Pol Bury et Jacobsen, des artistes inconnus à l’époque… Dix ans après cette exposition historique, New York à commence s’intéresser à ses nouvelles propositions plastiques jouant sur la perception visuelle. Le terme “Op Art” est lancé dans un article du Time (Op Art : Pictures that Attack the Eyes, Des tableaux qui attaquent l’œil, 23 octobre 1964) et le MoMA ouvre l’exposition The Responsive Eye (L’Oeil attentif) en 1965. C’est le début d’une reconnaissance internationale et d’une popularité non encore démentie. En effet, Vasarely est aujourd’hui encore l’un des artistes les plus largement diffusé sur le marché mondial : ses œuvres s’achètent et se vendent dans 35 pays, en plus de la triade France/Etats-Unis/Allemagne qui concentre 60% de ses ventes.

Défense de mourir au Centre Pompidou
Défense de mourir, tel est le titre de la prochaine exposition du Centre Pompidou rendant hommage à Gil Joseph Wolman, du 11 juillet au 5 octobre 2016. Figure majeure de l’avant-garde française, Gil Joseph WOLMAN (1929-1995) créa notamment l’Internationale lettriste avec Guy Debord. En véritable explorateur, Wolman a manié la poésie, le collage, la peinture, les films… Il inventa aussi les Mégapneumes, remplaçant les mots par le souffle, dans une poésie dépouillée de phonèmes. A partir des années 60′, Wolman arrache des fragments de textes et d’images issus de magazines qu’il reporte sur ses tableaux. Cet œuvre radical, qui sonne comme une mise à mort de la peinture traditionnelle, refuse donc de mourir aujourd’hui… Malgré sa dimension confidentielle – presque secrète si Beaubourg ne lui rendait hommage – ses oeuvres sont collectionnées à travers les grandes sociétés de ventes françaises (93% de son marché), parfois à haut niveau. Deux de ses œuvres ont d’ailleurs passé le seuil des 100 000 $ aux enchères (le 3 juillet 2008 chez Tajan et le 4 avril 2011 chez Cornette de Saint Cyr). Il demeure parallèlement accessible à un large panel d’amateurs de l’avant-garde conceptuelle, sa confidentialité impliquant des prix abordables, notamment pour des dessins et collages originaux vendus moins de 3 000 $ à l’heure actuelle.