Le top des artistes Philippins

[20/06/2014]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les dix meilleures enchères pour des artistes contemporains philippins.

Entouré par la Chine, Taïwan et Singapour, pôles désormais incontournables du marché de l’art, l’archipel aux 7 700 îles tire partie de l’émulation ambiante. La nouvelle scène artistique philippine fait des émules dans les salles asiatiques (Hong Kong, Shanghai, Singapour), tandis que le marché se dynamise in situ via deux sociétés aptes à taper le marteau à Makati, Leon Gallery et Salcedo Auctions. Les artistes défendus aux jeux des enchères se nomment Geraldine Javier (née en 1970)Mariano Ching (né en 1973), Louie Cordero (né en 1978), Lena Cobangbang (née en 1976) ou, plus jeunes encore, Buen Calubayan (né en 1980), Marina Cruz (née en 1982) ou Winner Jumalon (né en 1983). Malgré leur jeunesse, certains ont déjà gouté aux élans spéculatifs des salles de ventes, aux envolées de prix au quadruple ou sextuple des estimations fournies, estimations souvent conséquentes par ailleurs pour des signatures émergentes. Les grands musées internationaux commencent à se porter acquéreur de ces artistes prometteurs, à commencer par le Guggenheim de New York, qui a consacré une exposition dédiée aux philippins en 2013 (intitulée No Country: Contemporary Art for South and Southeast Asia) et compte des philippins dans ses collections.

Top 10 : les dix meilleures enchères pour des artistes contemporains philippins.

Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Ronald VENTURA $900200 Grayground (2011) 04/04/2011 (Sotheby’s HONG KONG)
2 Ronald VENTURA $837849 Wonderful Bait (2013) 24/05/2014 (Christie’s HONG KONG)
3 Ronald VENTURA $670800 Magicaland (2011/12) 05/10/2013 (Sotheby’s HONG KONG)
4 Ronald VENTURA $592939 Gateway (2013) 05/04/2014 (Sotheby’s HONG KONG)
5 Ronald VENTURA $516000 The Dive (2010) 07/10/2012 (Sotheby’s HONG KONG)
6 Ronald VENTURA $425040 Humanime (2012) 02/04/2012 (Sotheby’s HONG KONG)
7 Ronald VENTURA $412800 Crossed Trip (Humanime Series) (2011) 24/11/2012 (Christie’s HONG KONG)
8 Ronald VENTURA $399900 An Open Invitation (2012/13) 23/11/2013 (Christie’s HONG KONG)
9 Ronald VENTURA $347760 Eye Land (2011) 06/04/2013 (Sotheby’s HONG KONG)
10 Ronald VENTURA $270690 Natural – Lies (2010) 04/10/2010 (Sotheby’s HONG KONG)

 

 

Ronald Ventura : fer de lance d’une génération
Les Top du vendredi d’Artprice révèle les 10 meilleures adjudications sur un thème et à ce jeu, Ronald Ventura rafle toutes les places du classement. Difficile de lutter en effet contre un artiste de 41 ans qui affiche déjà 27 résultats d’enchères à plus de 100 000 $ depuis 2008 et dont le record culmine à 900 200 $, pour une œuvre vendue quelques mois après sa création (Grayground, 2011, vendue chez Sotheby’s Hong Kong le 4 avril 2011 coûte 1,08 m$ frais inclus). Depuis trois ans, Grayground tient le prix le plus élevé jamais atteint aux enchères pour un artiste du Sud-Est asiatique.

Né en 1973 à Manille où il vit et travaille depuis, Ronald Ventura a présenté sa première exposition en solo aux Etats-Unis à Tyler Rollins Beaux-Arts de Chelsea en 2009. Manuel Ocampo a également montré une partie de son travail à la galerie. Depuis, Ses oeuvres ont été vues à l’occasion d’expositions personnelles ou collectives à travers l’Asie et les Etats-Unis, mais aussi l’Europe. En 2012, ses succès déjà emportés lui permette de gagner la galerie Emmanuel Perrotin qui le présente sur son stand de la Korea International Art Fair (KIAF).
Le langage de l’artiste constitue en quelque sorte un Memento Mori, mais l’image traditionnelle du crâne en vanité est remplacée par la multitude d’images dont nous sommes abreuvés. Le rapport de l’homme aux choses passe par un trop plein et Ronald Ventura explore ce délire de la matérialité. Son univers visuel ouvre la boite de Pandore en ressassant des images aléatoires ou la multitude des couleurs jouxtent celle des significations. Superposition d’icônes culturelles et populaires se déchaine à la surface de l’oeuvre, pour dire la puissance des médias et du marché, dans un délire souvent carnavalesque. C’est avec cette pollution visuelle hétéroclite – née d’un bain culturel issu de diverses colonisations, dont les Espagnols, les Américains et les Japonais, nourri de télévision, d’internet et de voyages – que l’artiste est entré sur la scène publique de l’art et de son marché.

Première présentation aux enchères en 2007 : à l’époque, le jeune homme n’a exposé qu’aux Philippines et à Singapour, où il essuie un échec de vente chez Larasati Auctioneers. La première œuvre mise en salle est un grand dessin au fusain, qu’il était possible d’acquérir autour de 3 500 $ (Best Before). Un travail de cette dimension atteindrait aujourd’hui au moins 15 000 $… 15 000 $, c’est le budget minimum pour tenter d’acheter en salles une petite toile « ancienne » dès années 2002-2004, tandis que les enchères se déchainent pour la production récente. Pour preuve, Christie’s n’est pas passée loin d’un nouveau record le 24 mai 2014 avec une toile de 2013, Wonderful Bait,oeuvre particulièrement explosive visuellement, et de grand format (180 cm x 244 cm). Au final, Wonderful Bait a multiplié par dix l’estimation basse annoncée pour se vendre plus d’un million de dollars frais inclus (adjudication de 6,5 mHK$, soit 837 849 $, à Hong Kong).

L’intérêt croissant pour l’art contemporain philippin se manifeste à bien des niveaux sur la scène culturelle mondiale mais le symptôme le plus spectaculaire passent par des résultats d’enchères en pleine phase ascendante à Hong Kong et Singapour. Parallèlement, Manille et Makati sont en train d’affirmer leur existence en tant que nouvelle place de marché au coeur de l’élan asiatique. Les Philippines ont même leur foire d’art : Art Fair Philippines (AFP), dont la seconde édition s’est tenue en février 2014 à Makati.