Les chefs-d’oeuvre contemporains annoncés à New York

[03/05/2016]

 

Basquiat, Mark Rothko, Clifford Still, Peter Doig, Christopher Wool, Andy Warhol, Mike Kelley, Robert Gober, Cy Twombly, Joan Mitchell… voici quelques noms égrenés dans les catalogues de ventes d’art contemporain de New York ce printemps. Derrière ces noms qui font la sève du marché haut de gamme, les œuvres sélectionnées sont aussi ambitieuses que les estimations fournies.

Les enchères commencent le 10 mai 2016, où Christie’s offre 61 lots triés sur le volet, dont 57 sont susceptibles de finir à un prix millionnaire selon les estimations fournies. Le ticket d’entrée de cette vente très haut de gamme affiche 400 000 $ (en l’occurrence pour une œuvre d’Agnes MARTIN, The Wave, 1963) et les prix devraient grimper à plus de 30 m$ sous les signatures de Clifford Still, Mark Rothko et certainement de Basquiat…

Basquiat en tête d’affiche

L’oeuvre la plus attendue de cette session de vente n’est autre qu’un chef-d’oeuvre de Jean-Michel BASQUIAT, une toile sans titre de 1982 (la meilleure année pour Basquiat aux enchères avec 1981) de cinq mètres de long. L’estimation de cette œuvre muséale est encore tenue secrète, mais Christie’s indique clairement s’être engagée à la bonne tenue de la vente, via son système de garantie. Il se trouve que cette œuvre est déjà passée en salles : elle s’est vendue 4,5 m$ en juin 2004 chez Sotheby’s à Londres. Le propriétaire pourrait décupler sa mise si les enchères s’emballent un peu sur cette rareté. A ce jour, l’oeuvre la plus chère de Basquiat reste Dustheads (1982), une toile vendue 48,8 m$ en 2013 pour un format deux fois moins important que celui proposé le 10 mai prochain.
Rappelons que Basquiat demeure l’artiste contemporain (artistes nés après 1945) le plus important du marché. L’année dernière (entre juin 2014 et juin 2015), la vente de ses œuvres confirmait la toute puissance de cette signature sur le marché, générant pas moins de 7% des recettes mondiales de l’art contemporain ! Basquiat représente un enjeu colossal pour le marché haut de gamme… Sans faire partie du Top 10 des artistes mondiaux 2015 classés selon leurs chiffres d’affaires (le ticket d’entrée s’est établi à 212 m$ fin 2015 avec Roy LICHTENSTEIN), la vente d’oeuvres de Jean-Michel Basquiat représentait néanmoins 132,3 m$ de recettes l’année dernière. Cet Untitled monumental devrait participer à une autre année faste.

Twombly et Bacon chez Sotheby’s

Le lendemain, 11 mai, Sotheby’s prend le relais avec une sélection plus ténue : 44 lots seulement au catalogue et un ticket d’entrée plus bas. Le jeune artiste Roumain Adrian Ghenie, représenté par la Pace Gallery ainsi que par Thaddaeus Ropac, fortement remarqué lors de la 56e Biennale de Venise, ouvre les estimations. Son autoportrait en Vincent Van Gogh est l’oeuvre la plus abordable de cette vente, via une estimation basse de 200 000 $. Adrian GHENIE est rapidement devenu une signature juteuse : cet autoportrait achevé en 2012 fut exposé l’année suivante à la galerie Pace. Son propriétaire l’aura conservé à peine trois ans avant de le remettre en circulation sur le marché, soit une courte jouissance contre une possibilité rapide de forte plus-value…
Ce 11 mai, Sotheby’s espère tirer le meilleur de deux oeuvres de Cy TWOMBLY, pour lesquelles les estimations sont confidentielles, et d’un superbe diptyque signé Francis BACON. Ce sont les lots phares de cette vente. L’ensemble des deux études de Bacon (Two studies for a self-portrait) est estimé entre 22 m$ et 30 m$, malgré des formats peu généreux de 35 x 30 centimètres. Le lot est d’autant plus attendu qu’il s’agit d’un autoportrait, resté de surcroît dans la même collection depuis plus de 40 ans. Ce petit chef-d’oeuvre fut en effet acheté au sein de la galerie Marlborough en 1970, et n’a fait l’objet d’aucune transaction depuis. Des provenances tout aussi prestigieuses accompagne les œuvres de Twombly. Son tableau Untitled (New York City) de 1968 est resté dans la même collection depuis son achat en 1969 à la galerie Leo Castelli de New York, et Untitled [Bacchus 1st Version V], une toile de 2004, n’est jamais passée non plus en salle de ventes.
Outre les signatures stars habituelles, les plus demandées actuellement, le catalogue de Sotheby’s propose une toile de ZHANG Xiaogang. Or, cette figure majeure de l’art contemporain chinois brillait par son absence dans les grandes ventes new-yorkaises depuis quelques années… Mais voici qu’arrive Bloodline: Big Family No.1, une toile susceptible de rafraichir le record new-yorkais de l’artiste, si elle atteignait ne serait-ce que son estimation basse de 5 m$. A ce prix cependant, cette acquisition serait une bonne affaire, compte tenu d’un prix d’achat de 8,4 m$, enregistré en 2011 à Hong Kong pour cette même oeuvre (Sotheby’s, le 3 octobre 2011). Il est vrai, le marché de l’art contemporain chinois s’est terriblement contracté depuis 2008-2009, notamment en Occident. Au jeu des valses millionnaires, les allers-retours aux enchères peuvent être aussi fructueux que risqués…