En bref : Malick Sidibé – Xpositions – Les foires bruxelloises

[22/04/2016]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Malick Sidibé – Xpositions – Les foires bruxelloises

La photographie humaniste de Malick Sidibé
Le photographe malien Malick SIDIBÉ, décédé le 14 avril 2016 à l’âge de 81 ans, restera un maillon essentiel de la photographie humaniste du XXème siècle. Malick Sidibé commença à devenir l’œil de Bamako dans la spontanéité de ses premiers reportages. Des photos prises au cours de fêtes, de mariages, de baptêmes, dans l’euphorie de la vie. De retour au « Studio Malick », il place des tirages de lecture dans des chemises, puis les exposent en vitrine. Ce travail précède celui qui fera sa gloire au Mali et ailleurs, celui du portrait commercial en studio. Aujourd’hui, ces chemises aux multiples tirages constituent, pour les collectionneurs, l’assurance d’obtenir des tirages argentiques d’époque.
Son studio de photo devient célèbre. On s’y presse seul, en famille, en couple ou entre amis pour incarner son personnage face à l’objectif. On sort ses plus beaux costumes, et l’on pose avec sa moto ou avec son mouton, loin des portraits convenus habituels. La photographie de Malick Sidibé est humaniste, elle va à la rencontre des gens, de la jeunesse et de la fête. Cette photographie populaire commence à faire parler d’elle à l’international à partir des années 1990, d’abord en France avec une première exposition à la Fondation Cartier pour l’art contemporain en 1995, puis aux États-Unis et au Japon. En 2003, il reçoit le Prix international de la Fondation Hasselblad, une récompense de premier plan dans le monde de la photographie. Quatre ans plus tard, c’est la consécration absolue, avec l’obtention du Lion d’or à Venise, pour l’ensemble de son œuvre. Cette dernière récompense réveilla immédiatement les collectionneurs et son marché des enchères y gagna une nouvelle vitalité. Les œuvres de Sidibé vendues en salles passèrent d’un timide chiffre d’affaires de 5 000 $ annuel à près de 45 000 $ après l’obtention du Lion d’Or. Figure majeure de la photographie, Malick Sidibé est collectionné dans le monde entier, avec un écho particulier en France où se joue 40% de ses transactions (contre 27% aux Etats-Unis, 22% au Royaume-Uni et 3,5% au Maroc).
Sa photographie la plus chère en salle s’intitule Combat des amis avec pierres, un tirage de 2007 d’un cliché pris 30 ans plus tôt. Bien que frais, ce tirage validé par la signature de l’auteur s’est envolé à près de 25 000 $ chez Artcurial Paris, le 24 octobre 2010. Le Combat des amis fait partie du triumvirat de Sidibé aux enchères, avec Nuit de Noël (1963), où un jeune apprend à danser le twist à sa sœur et Regardez-Moi ! (1962), figeant un homme dans sa danse euphorique.

L’actualité berlinoise : Xpositions
Xpositions n’est pas un salon mais un rendez-vous annuel pour lequel plusieurs galeries berlinoises concentrent leurs forces et proposent un parcours culturel renouvelé dans la ville. L’événement s’ouvre à la fin du mois (du 29 avril au 1er mai 2016) et il offre cette année un focus sur des œuvres sur papier. Le focus Paper Positions – c’est son nom – ouvre en preview au Bikini Berlin le 28 avril, pour se prolonger jusqu’au 15 mai. Il se rapproche d’un petit salon, dont la spécialité veut rendre compte de l’exploitation du papier dans la création, et ce au sens large. Il y est bien sûr question de dessins et de collages, mais aussi de lithographies, de papiers coupés, de sculptures et d’objets. C’est en somme un véritable hommage à la matière que le salon veut ici rendre, à travers des créations artistiques des années 1960 à nos jours et des signatures fortes, telles que Ernst Ludwig Kirchner, George Grosz, August Macke, Bernard Schultze, Neo Rauch, Shinkichi Tajiri, Vera Molnar, ou Chris Newman.
Cette initiative, qui vise à faire découvrir les galeries et à créer une effervescence culturelle récurrente, n’est pas propre à Berlin. Les rendez-vous de ce type se multiplient dans diverses villes européennes. Les galeries sont si nombreuses de nos jours qu’elles doivent de temps à autre se rassembler pour rayonner avec plus de force.

L’actualité des foires bruxelloises
Trois foires ont ouvert cette semaine à Bruxelles : la fameuse Art Brussels, Independant Brussels et la Yia. Voici, en bref, leurs profils.
Commençons par la plus ancienne : Art Brussels se resserre et change de lieu pour sa 34e édition. On passe tout d’abord de 190 à 140 galeries, puis on déménage à Tour & Taxis (du 22 au 24 avril). L’un des points forts du salon est son découpage clair en trois sections distinctes : PRIME (section dédiée aux galeries représentant majoritairement des artistes établis à un niveau international), DISCOVERY (section dédiée aux galeries promouvant activement des artistes prometteurs, innovants et non-établis au niveau international avec des œuvres récentes) et une nouvelle section, REDISCOVERY où 14 galeries présentent des artistes vivants ou décédés, qui sont sous-estimés ou négligés, en se concentrant sur une période de création comprises entre 1917 et 1987.
Mais Art Brussels a une belle concurrente cette année avec la Independant, une foire d’art contemporain née à New York, qui lance deux initiatives. Tout d’abord, elle lance son salon dans le centre de Bruxelles (du 20 au 23 avril) avec 60 galeries de stature internationales (dont David Zwirner, Gladstone Gallery, Almine Rech), ensuite, elle met en place un espace d’exposition permanent, Independent Régence, qui sera une plate-forme pour un réseau de galeries internationales et permettra de mettre en avant des artistes n’étant pas représentés en Belgique ! C’est un point très positif pour la ville, dont l’attractivité culturelle n’en sera que plus nourrie.
Enfin la foire française YIA, acronyme de «Young International Artists», fait ses armes à Bruxelles en même temps (à l’espace Louise 186, du 21 au 24 avril) avec une sélection de 35 galeries. C’est, pour la jeune foire française, un premier pas vers la scène internationale et certainement pas le dernier : après Paris et Bruxelles, la Yia vise Maastricht.