Le Top 10 des dessins contemporains en Occident

Le vendredi c’est top! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement thématique afin de découvrir les plus belles pièces adjugées en salles de ventes. Cette semaine, les meilleurs résultats enregistrés en Occident pour des dessins d’artistes contemporains sont passés au crible.

L’Art du dessin reste malheureusement trop souvent associé, du moins en Europe et aux Etats-Unis, à une idée de travail préliminaire. Quand il s’agit des Maîtres Anciens, les œuvres sur papier circulant sur le marché comptent en effet beaucoup d’esquisses et d’études préparatoires. Ce sont des recherches qui annoncent les chefs-d’œuvre mais qui leur restent généralement inférieures. Le marché chinois ne reconnaît pas pour sa part une telle subordination, admirant plus que tout autre l’art de la calligraphie et de la peinture traditionnelle. Les œuvres sur papier, de riz ou de soie, y récoltent ainsi les plus belles enchères. A tel point que depuis l’explosion du marché chinois (centrée autour de 2010), le dessin a acquis une place cruciale sur le marché de l’art à l’échelle planétaire et pèse en 2015 un quart du produit des ventes publiques.

Aux enchères en Occident, le dessin (9%) représente une part des recettes très inférieure aujourd’hui encore à celle de la peinture (74%). Et si les artistes contemporains sont de plus en plus nombreux à privilégier ce médium, le prix de leurs oeuvres peine cependant à rivaliser avec les records enregistrés par des peintures et des sculptures. Par ailleurs, les plus belles enchères dessins ne récompensent malheureusement pas encore les spécialistes de ce médium mais soulignent à quel point le marché du dessin reste dans l’ombre de la peinture.

Largement dominé par le travail de Jean-Michel Basquiat, ce classement fait apparaître l’influence des peintres sur le marché du dessin. Le génie de Basquiat repose en grande partie sur ses talents de dessinateur : son trait est aussi reconnaissable que celui de Picasso ou de Modiglianni, si bien que l’engouement du marché pour sa signature, l’une des plus recherchées de l’art contemporain, se répercute dans le prix de toutes ses œuvres. Les enchères enregistrées pour ses dessins se mêlent à présent aux sommets atteints par ses peintures.

Ainsi, Untitled (1982), de qualité et de dimensions proches de celles d’une toile, s’accapare du second meilleur résultat de l’artiste en ventes publiques en 2015. Moins aboutie pourtant que certaines toiles passées en salles, Untitled (1982) se démarque par une immense pureté artistique. Cette œuvre n’est en rien une peinture : ce n’est là qu’un ensemble de traits, un visage griffonné sur une feuille blanche mais qui condense tout le génie de l’artiste. Cette pièce est si précieuse qu’elle avait été intégrée à la prestigieuse vente new-yorkaise de Christie’s « Looking forward to the past » mais de façon générale, le marché du dessin est beaucoup moins tape à l’oeil que celui de la peinture. Si plusieurs toiles de Jean Michel Basquiat passent chaque année en salles de ventes (17 vendues en 2015), à New York (8), Londres (6) et Paris (3), chacun de ces passages est évidemment très remarqué. Les oeuvres sur papier, un peu plus nombreuses encore (33 proposées en 2015), sont bien moins médiatisées. L’occasion pour certains individus de profiter de l’enthousiasme du marché et des imposantes variations de prix qu’ont enregistrés les œuvres de Basquiat sur les 25 dernières années. L’oeuvre Untitled (1985) cédée pour 543 000$ en mars 2015 avait ainsi été achetée 40 200$ en avril 1990. Le prix de cette oeuvre a donc gagné 1 250 % en l’espace d’un quart de siècle.

La présence de l’américain Robert Longo dans ce classement est de très bon augure. Ses réalisations au fusain, en noir et blanc pour la majorité, récoltent des enchères inhabituellement élevées pour un artiste contemporain spécialiste du dessin. De tels résultats sont d’autant plus remarquables que ses œuvres sur papier ne sont pas tellement rares en salles de ventes, comme le sont, par exemple, celles de son compatriote Raymond Pettibon. L’an dernier, 30 dessins de Robert Longo ont été adjugées pour un total de plus de 4 m$ et cette performance sera très vraisemblablement confirmée en 2016, qui compte déjà un résultat supérieur à 1,2 m$.

Il n’est pas particulièrement étonnant de retrouver le nom de Yoshimoto Nara parmi les meilleures ventes dessins de l’année. Le marché ne cesse de montrer une immense fascination pour son univers envoûtant, peuplé de petites filles et gentils chiens. Or son travail procède largement de l’art du dessin. En 2015, 10 de ses toiles ont été vendues plus d’un million de dollars chacune, enregistrant un nouveau record à 3,4 m$. Alors qu’un ensemble de 17 dessins soit acquis pour 850 000$ n’a rien d’étonnant.

Enfin, l’une des planches du dessinateur français (d’origines Yougoslaves) Enki Bilal prend la 10ème place du classement. La bande dessinée, longtemps dédaignée par le marché de l’art, voit aujourd’hui ses prix monter en flèche. La capitale française est devenue la grande spécialiste de ce médium, grâce notamment à l’expertise de la maison Artcurial. Avec un résultat supérieur à 3 m$ pour 43 lots vendus, Enki Bilal s’est glissé dans le Top 500 des artistes les plus performants de la planète aux enchères en 2015. Un accomplissement extraordinaire pour un dessinateur de bandes dessinées.