Top 10 des artistes allemands

[04/03/2016]

 

Le vendredi c’est top! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement thématique. Nous nous arrêtons cette semaine sur les 10 artistes allemands les plus performants aux enchères en 2015, non pas en nous arrêtant sur les meilleures adjudications mais cette fois sur les recettes annuelles.

Très présents sur la scène internationale, les artistes allemands se mesurent à certaines sommités américaines en terme de performances aux enchères. Les artistes “historiques” du XXème siècle, tels que Ernst Ludwig Kirchner, Max Ernst, Emil Nolde et Josef Albers se retrouvent naturellement bien classés. Par ailleurs, force est de constater que plusieurs artistes d’après-guerre et contemporains sont référencés parmi les 500 artistes les plus performants du monde sur le marché des enchères, dont Neo Rauch (né en 1960), Martin Kippenberger (1953-1997), Albert Oehlen (né en 1954), Thomas Struth (né en 1954), Thomas Schütte (né en 1954), Jörg Immendorff (1945-2007), Ruby Sterling (né en 1972) et bien sûr Gerhard Richter (né en 1932), l’un des artistes les plus cotés du monde.

Top 10 des artistes allemands
Rang Artiste Produit des ventes (frais inclus) Lots vendus Meilleur prix
1 Gerhard RICHTER 205 303 872$ 374 46 306 758$
2 Lucian FREUD 101 788 409$ 73 56 165 000$
3 Martin KIPPENBERGER 62 429 463$ 156 27 130 000$
4 Sigmar POLKE 40 002 119$ 35 16 405 000$
5 Ernst Ludwig KIRCHNER 31 416 678$ 91 13 605 000$
6 Max ERNST 24 361 665$ 243 9 125 000$
7 Anselm KIEFER 20 647 302$ 42 1 665 584$
8 Günther UECKER 16 069 522$ 369 2 035 283$
9 Lucas I CRANACH 14 924 606$ 22 14 483 883$
10 Emil NOLDE 13 041 820$ 132 2 170 000$
copyright © 2016 artprice.com

 

Depuis Cologne où il vit et travaille, Gerhard Richter a assisté ces dernières années à l’envolée spectaculaires du prix de ses œuvres, via le marché des enchères. Le 10 février 2015 chez Sotheby’s à Londres, un nouveau record mondial fut établi à 46,3 m$ frais inclus pour une grande toile abstraite de 1986 (Abstraktes bild, 300,5 cm x 250,5 cm). Cette toile, qui valait 607 500 $ frais inclus en 1999 (Sotheby’s, 18 mai 1999) gagne donc 45,6 m$ une quinzaine d’années plus tard… Le fer de lance de la peinture contemporaine allemande n’en revient pas lui-même. Ces niveaux de prix lui paraissent déconnectés de la réalité, mais le marché l’a élu. Le marché européen en premier lieu, mais aussi le marché américain sensible à ses champs colorés méditatifs, qui évoquent certainement aux yeux des collectionneurs une filiation avec leur premier grand mouvement historique, celui de l’expressionnisme abstrait américain (Pollock, Rothko, etc.). En 2015, Gerhard Richter fut le 11ème artiste mondial classé parmi les meilleurs recettes annuelles aux enchères. La vente de ses œuvres a dégagé plus de 205 m$ frais inclus (soit 178 m$ hors frais), pour la vente de 371 lots. A l’instar de Richter, Sigmar Polke, Anselm Kiefer et Gunther Uecker font partie des artistes toujours en activité témoins de l’évolution d’une cote qui dépassent leur maîtrise. L’ascension de Polke (qui n’est pas dans ce top car il est né en Pologne et a pris la nationalité allemande par la suite) s’avère phénoménale, avec 62,4 m$ de résultats annuels, lui offrant la 40ème place du classement mondial. Kiefer est classé 103ème, avec 20 m$ de recettes annuelles frais inclus pour la vente de 42 œuvres. Uecker n’est pas loin derrière, en 125ème position avec 16 m$ de résultats annuels, pour un nombre conséquent de lots vendus : 365 au total.

La cote flamboyante des grands artistes allemands se mesurent encore à l’aune de Lucian Freud, né en 1922 à Berlin et mort en 2011 à Londres, et de Martin Kippenberger, né en 1953 à Dortmund et mort en 1997 à Vienne. Lucian Freud tient la 22ème place mondiale selon la ventes de ses œuvres au cours de l’année 2015. 73 de ses œuvres se sont vendues l’année dernière, générant plus de 101 m$. Lucian Freud est le seul artiste allemand dont une œuvre a passé le seuil des 50 m$ en 2015, au même titre que les grands artistes américains Roy Lichtenstein, Cy Twombly et Andy Warhol, tous classés au Top 10 mondial par produit de ventes. L’oeuvre en question est Benefits Supervisor Resting, payée plus de 56 m$ au marteau de Christie’s, le 13 mai 2015. L’artiste fut encore âprement disputé lors des récentes ventes de février 2016, avec la vente de Pregnant girl chez Sotheby’s, une toile intimiste estimée 15 m$, et finalement vendue pour 23,2 m$. De son vivant, Martin Kippenberger n’a pas connu l’agitation suscitée par ses œuvres dans les grandes ventes d’art contemporain. La récompense du marché s’est faite à titre posthume, catalysée par sa participation à la 50ème Biennale de Venise en 2003 puis par sa première grande rétrospective en Grande-Bretagne, à la Tate Modern en 2006. Entre ces deux grands adoubements, une toile passe la barre du million de dollars pour la première fois à New York (Untitled, 1991, 1 m$, contre une estimation haute de 600 000 $, Phillips de Pury & Company, 12 mai 2005). Aujourd’hui, son record absolu se hisse à 22,5 m$ avec une peinture sans titre de 1988, vendue en novembre 2014 chez Christie’s New York. En 2015, 35 de ses œuvres ont changé de mains aux enchères, pour un chiffre global de 40 m$, ce qui l’emmène à la 57ème place du classement mondial des artistes.

Lucas Cranach (1472-1553) est le seul Maître ancien du classement. C’est à lui que l’on doit par ailleurs la seule œuvre occidentale vendue plus de 10m$ au cours de l’année 2015. L’artiste allemand atteint un nouveau record absolu à 14,4 m$ avec The Bocca della Verità (Sotheby’s Londres, 8 juillet 2015). De tels chefs-d’œuvre sont des bijoux patrimoniaux qui demeurent dans les mêmes familles pendant des générations. Or, ces trésors historiques paraissent sous-cotés en regard des autres secteurs du marché comme l’illustre l’œuvre vieille de cinq siècles du puissant Cranach qui se retrouve loin derrière les records contemporains mondiaux de l’année.

Cinquième place de marché mondiale, l’Allemagne se caractérise aussi par la vitalité de sa scène émergente. La patrie du père du conceptualisme Joseph Beuys reste un pôle attractif recevant un afflux d’artistes du monde entier. Berlin, ville emblématique de ce phénomène, séduit notamment par ses facilités d’hébergement, les grands villes allemandes étant bien plus avantageuses que Londres ou Paris. Pour l’heure, la place de marché allemande représente seulement 2 % du produit des ventes mondial de l’art. Mais avec les grands artistes dont la notoriété est internationale, les sociétés de ventes autochtones ont un atout majeur en mains pour mieux faire.