En bref : Art Karlsruhe 2016 – Gottfried Honegger – Liu Wei

[29/01/2016]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Art Karlsruhe 2016 – Gottfried Honegger – Liu Wei

Art Karlsruhe 2016
Les 210 exposants du salon Art Karlsruhe attiraient, l’année dernière, quelques 54 000 visiteurs pendant les quatre jours du salon. La treizième édition s’apprête à ouvrir du 18 au 21 février 2016 à Rheinstetten, accueillant 211 galeries issues de 13 pays, afin de proposer un panorama de 100 ans d’histoire de l’art, de l’art moderne classique à l’art contemporain. La spécificité de ce grand salon réside ainsi dans sa diversité quant aux propositions, tant le panorama historique est volontairement large. L’impressionnisme y côtoie l’expressionnisme, le néo-expressionnisme, le Street art et des propositions contemporaines pointues via des galeristes comme Ernst Hilger (Vienne), Brigitte Holbein-March (Stuttgart), ou Meyer Riegger (Berlin/Karlsruhe). La chose est peu courante dans le monde actuel des foires d’art, mais si l’offensive qualitative est bien ajustée (et c’est là toute l’ambition d’Art Karlsruhe), l’éventail d’oeuvres et de mouvements couverts permet d’élargir considérablement le champ des amateurs et des visiteurs. Après un focus sur Capa l’an dernier, l’édition 2016 se penche sur le versant photographique d’Ernst Ludwig Kirchner, un aspect méconnu de son travail, qui tient pourtant une place importante. Auteur de quelques 12 000 œuvres, le prolifique Ernst Ludwig KIRCHNER eut une production photographique d’une grande densité. La Fondation Kirchner a sélectionné quelques clichés parmi les 1 500 photographies de sa collection, une occasion suffisamment rare pour mobiliser les amateurs de l’expressionniste allemand (même aux enchères, ses photographies sont rarissimes et toujours proposées en Allemagne et en Suisse).
Anticipant sur un calendrier de foires souvent saturés dès le mois de mars, Art Karlsruhe est parvenue à faire sa place, et elle mobilise un nombre grandissant de visiteurs.

Gottfried Honegger
L’artiste Suisse Gottfried HONEGGER est décédé la semaine dernière à l’âge de 98 ans, après une longue vie dédiée à une peinture pure et à un travail conceptuel qualifié d’Art concret. Cet adepte du hasard, qui commandait son déjeuner ou choisissait un livre à coups de dés, introduisit des choix aléatoires dans la distribution des formes et des couleurs de ses œuvres en utilisant un ordinateur dès les années 50. Honegger créait ses premiers tableaux-reliefs en 1957 et les exposait en 1958 à la galerie Martha Jackson à New York. Les monochromes rouges exposés s’arrachaient, y compris par Alfred Barr, alors directeur du MoMA. A cette époque, Honegger se lia d’amitié avec les grands chantres du monochrome américain Mark Rothko et Barnett Newman et c’est à leur contact qu’il décida de se consacrer pleinement à son aventure artistique. Mais avec le temps et son installation en France, ses relations avec les Etats-Unis se sont distendues… Honegger reste de fait un artiste important mais discret sur la scène internationale. Le jeu des enchères en témoigne : le marché américain est pauvre en œuvre, et c’est en Suisse et en France que les transactions ont lieu (à hauteur de 66% du chiffre d’affaires en Suisse et de 14% en France). Il y a quelques mois, le Centre Pompidou lui consacrait une rétrospective (24 juin – 14 septembre 2015) à travers une cinquantaine de dessins, de peintures et de sculptures, mettant l’accent sur la genèse et le développement des Tableaux-reliefs. L’exposition ne fit pas grand bruit mais stimula visiblement les amateurs d’art concret, puisque ses performances aux enchères n’ont jamais été si bonnes qu’en 2015 (avec 188 000 $ de résultat annuel). A l’abri des velléités spéculatives du marché, 87% de l’oeuvre de Gottfried Honegger est accessible pour moins de 10 000 $.

Liu Wei. La génération montante
Du 27 janvier au 2 mai 2016, la Fondation Vuitton consacre une exposition à l’art contemporain chinois, Bentu, organisée en collaboration avec l’Ullens Center for Contemporary Art (UCCA) et dont le commissariat est assuré par Suzanne Pagé. Douze artistes de la nouvelle génération chinoise ont été retenus et parmi eux Liu Wei, artiste chinois représenté par la galerie Lehman Maupin à New York. LIU Wei a le vent en poupe et notamment aux enchères où il affiche des performances spectaculaires. Ce jeune artiste né en 1972 affiche des recettes en hausse de 102% pour l’année 2015. Seules 13 œuvres sont passées en salle de ventes, mais elles ont suffi à générer un chiffre d’affaires de 5,3 m$, soit une moyenne de plus de 400 000 $ par lot. En un an, ce jeune artiste a amélioré à quatre reprises son propre record pour finalement conclure sur un sommet à plus de 856 000 $ en novembre (Christie’s Hong Kong), avec une grande vue colorée de Tiananmen.