Top 10 des oeuvres françaises

Le vendredi c’est top! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Nous nous arrêtons cette semaine sur les 10 oeuvres d’artistes français les plus performantes aux enchères l’année dernière. Un Top qui repose sur des valeurs sûres…

Le rayonnement culturel français repose sur les grandes signatures de la modernité : Monet, Manet et Degas… ces trois incontournables se disputent huit des dix meilleures enchères de l’année 2015, lorsqu’une seule œuvre de moins de 20 ans se hisse au Top, sous la signature de Louise Bourgeois. L’art français est ainsi : ne parvenant pas (ou trop peu) à hisser ses artistes contemporains au cœur de la scène internationale, ceux-ci sont à l’écart (à l’abri aussi) du jeu de la spéculation et de la course mondiale des prix. Emblématique des grandes révolutions picturales, l’art moderne français a depuis longtemps quitté les frontières de son hexagone pour aller nourrir les grands musées et les plus illustres collections privées dans le monde entier. Les œuvres françaises partent se vendre là où le marché est le plus brûlant, c’est à dire à Londres et New York, plutôt qu’à Paris. Même Jean DUBUFFET, qui signait cette année un nouveau record mondial avec Paris Polka (24,8 m$) se vend mieux aux Etats-Unis (51% du marché) qu’en France (20% du marché).

Monet poursuit sa hausse

L’année 2015 fut un très bon cru quant à la qualité des œuvres de l’impressionniste Claude Monet dispensées sur le marché. C’est Sotheby’s qui a remporté la palme en vendant des Nymphéas de 1905 pour 54 m$, 9 millions au-dessus de l’estimation haute. Cette oeuvre au seuil de l’abstraction, passée par les galeries Durand-Ruel et Wildenstein, fut de celles qui influencèrent les Expressionnistes abstraits américains tels que Marc Rothko, Clifford Still et Jackson Pollock. Ce joyau d’un mètre est devenue la seconde œuvre de Monet la plus cotée sur le marché des enchères (frais inclus), derrière le majestueux Bassin aux nymphéas deux fois plus important par ses dimensions, vendu 80,5 m$ en 2008 (Christie’s Londres).
La hausse des prix de Monet continue (l’indice affiche +354% de hausse depuis 2000) et l’année 2015 fut une année record pour l’artiste français en terme de chiffre d’affaires annuel, avec 298 m$ de recettes contre 222 m$ en 2014.

Paul Gauguin juste derrière Monet

Gauguin se hisse juste derrière Claude Monet, grâce à Thérèse, une sculpture en bois réalisée vers 1902-1903 et vendue plus de 30,9 m$ le 9 novembre dernier chez Christie’s New York. Ce soir là, Christie’s vendait aussi la superbe toile Jeune homme à la fleur de Gauguin pour 13,6 m$, mais surtout le fameux Nu couché d’Amedeo Modigliani (1884-1920) pour 170,4 m$, un record pour le peintre italien, et surtout le deuxième prix le plus élevé jamais payé pour une œuvre d’art aux enchères. Thérèse a pris quant à elle la quatrième place des meilleures ventes de Paul Gauguin aux enchères, après trois œuvres sur toile… elle est donc à ce jour la plus chère sculpture de l’artiste. L’œuvre fut exposée entre février et juin 2015 à la Fondation Beyeler à Bâle en Suisse, dans le cadre d’une rétrospective à Paul Gauguin qui s’est conclue sur un record de fréquentation pour la fondation (plus de 369 000 visiteurs). Thérèse était à nouveau exposée au public après avoir disparue pendant une trentaine d’années dans une collection privée à Londres.

De petits bijoux rares et chers de la fin du XIXème

Deux chefs-œuvres de la fin du XIXème, la Petite Danseuse de Quatorze Ans de Degas et Le Bar aux Folies-Bergère de Manet, se sont illustrés à plus de 20 m$ le même jour chez Sotheby’s Londres, dans le cadre de l’une des meilleures ventes impressionniste et moderne de l’année (282 m$ de résultats pour la soirée du 24 juin 2015).
Le Bar aux Folies-Bergère est la dernière œuvre majeure de l’artiste réalisée avant sa mort. Elle est considérée de fait comme le testament pictural de Manet par certains critiques. Vendue une première fois pour 6,1 m$ au marteau de Sotheby’s Londres en 1994, elle atteignait 26,7 m$ en 2015, gagnant 20 millions en 20 ans. Le Bar aux Folies-Bergère constitue le troisième meilleur résultat de Manet aux enchères.
Quant à la plus célèbre sculpture de Degas, elle a établi le nouveau record de l’artiste en trois dimensions. Cette œuvre emblématique, qui coutait 19 m$ en 2009 (vente Sotheby’s Londres du 3 février 2009) est cette fois partie pour 24,96 m$. Les acquéreurs de ces deux œuvres majeures ont ajouté à leurs collections des pièces dignes du musée d’Orsay et du MoMA…

L’oeuvre française – ou plutôt franco-américaine – la plus fraîche du classement est une sculpture Spider de Louise Bourgeois. L’araignée géante (plus de 7 mètres d’envergure), éditée sur 6 exemplaires, a atteint 28 m$ le 10 novembre 2015. C’est une véritable flambée, considérant qu’une œuvre très similaire tenait depuis quatre ans le record de l’artiste à 10,7 m$ (Christie’s New York, le 8 novembre 2011). Ces 28 m$ constituent un nouveau sommet, un record qui enterre le précédent de quelques 17 millions.
L’année 2014 fut un cru historique pour l’artiste (le chiffre d’affaires annuel passe de 16,5 m$ à 34,1 m$) dont les œuvres se disputent âprement aux Etats-Unis (près de 76% du marché), lorsque le marché français se trouve de plus en plus dépourvu…