Art Basel Miami Beach and Co

[08/12/2015]

 

Le temps d’une petite semaine, Miami est devenue la capitale du marché de l’art, en volant la vedette à New York. C’est l’effet Art Basel Miami Beach, où le meilleur de l’art moderne et contemporain s’offre dans la moiteur de la Floride (parfois sous le déluge). La bouture américaine de Art Basel fut lancée en 2002, et son succès ne se dément pas au fil des années. 75 000 visiteurs se sont déplacés l’an dernier, venus de 100 pays d’après Noah Horowitz (nouveau directeur d’Art Basel pour les Amériques), qui annonce encore un élargissement des visiteurs pour cette 14e édition. Les professionnels et les collectionneurs se déplacent du monde entier, car la qualité est au rendez-vous, et que les à-côtés de la foire sont particulièrement festifs et branchés.

Le temps d’une petite semaine, ce n’est pas 1, mais 19 foires qui agitaient leurs étendards, pour le meilleur et pour le pire. Car l’on croise l’éloge du mauvais goût dans certaines foires off, lorsque les œuvres de meilleures qualité se retrouvent concentrées sur Art Basel et Art Miami (lesquelles cèdent parfois à un bling bling qui fait aussi la sève de Miami). L’incontournable : la Art Basel, accueillait 267 galeries en provenance de 32 pays, et un millier d’artistes exposés, dont la plupart sont des valeurs sûres. Les niveaux de prix y sont les plus importants, avec plusieurs œuvres négociées au-delà du million de dollars.

Du côté de Art Miami, les déambulations permettent de cerner quelques tendances fortes à travers des signatures récurrentes sur plusieurs stands : outre les incontournables Andy Warhol, Michel Basquiat, Roy Lichtenstein et Keith Haring, monstres sacrés de l’art américains, le marché s’est recentré fermement sur des artistes tels que Jim Dine, Frank Stella (qui fait actuellement l’objet d’une rétrospective au Whitney museum de New York), Ed Ruscha, mais aussi le surréaliste Joseph Cornell, le cubain Wifredo Lam (dont la rétrospective est en cours au Centre Pompidou de Paris), l’américain Wayne Thiébaud, la grande expressionniste abstraite Helen Frankenthaler, le minimaliste Robert Mangold, Robert Condo et le coréen Kwang Young Chun.

Miami étant une porte sur les deux Amériques, l’art d’Amérique Latine s’y trouve mieux représenté que n’importe où ailleurs ; et l’on relève aussi une proposition pointue d’artistes cubains, dont Manuel MENDIVE, qui a signé trois nouveaux records d’enchères en 2015 (pour des œuvres vendues entre 68 000 et 100 000 $) et Tania Bruguera. On a pu apprécier la sculpture Destierro (Displacement) de Tania BRUGUERA sur le stand de la galerie Cernuda Arte (Floride) spécialiste de la scène cubaine. Un cartel accolé à l’oeuvre nous rappelle comment l’artiste fut arrêtée et privée de son passeport le 31 décembre 2014, puis à nouveau le 24 mai 2015 pendant la Biennale de la Havane. Destierro (Displacement) était à vendre pour 190 000 $, mais le cartel ne précisait pas que cette œuvre s’est vendue pour 110 000 $ de moins, en mai dernier chez Philipps (81 250 $ frais inclus). Mais c’est le jeu de ces foires : offrir les œuvres les meilleures possibles au prix fort…

A défaut d’être un pôle important pour les ventes aux enchères (9ème ville américaine avec 9,3 m$ de ventes Fine Art en 2014), la cité balnéaire instaure un micro-climat globalement attractif chaque année, impose l’hégémonie des artistes américains, réveille l’art latino-américain, en même temps que le quartier arty de Wynwood.