En bref : New York – Joan Jonas – Jean Tinguely – MoMA – Jackson Pollock

[27/11/2015]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres. Joan Jonas – Jean Tinguely – MoMA – Jackson Pollock

Joan Jonas, de Venise à Montréal, en passant par Sotheby’s New York
Joan JONAS, pionnière américaine de la performance et de l’art vidéo, a représenté les Etats-Unis pour la Biennale de Venise 2015 (elle y exposait déjà en 2009). A 78 ans, elle triomphait avec son œuvre immersive They Come to Us Without a Word, œuvre qui sera d’ailleurs incluse dans sa grande rétrospective au DHC/ART à Montreal, au printemps 2016.
Considérée comme l’une des artistes les plus influentes des 50 dernières années dans le domaine de la vidéo, toujours dynamique sur la scène culturelle, récompensée à de nombreuses reprises (Anonymous Was A Woman 1998; Rockefeller Foundation 1990; American Film Institute’s Maya Deren Award for Video 1989; Guggenheim Foundation 1976; National Endowment for the Arts 1974), inscrite dans des collections essentielles (dont celles du MOMA et du Guggenheim de New York), Joan Jonas se retrouve pourtant quasiment absente du monde des enchères (quatre œuvres mises à l’encan ces 10 dernières années). La reconnaissance critique et institutionnelle ne suffit pas encore à dynamiser l’ombre d’un marché qui n’a rien d’attractif (pas d’offre diversifiée), si bien que la seule de ses œuvres soumises à enchères cette année fut ravalée malgré l’actualité et l’aura dont l’artiste bénéficie (l’oeuvre en question est la photographie Iceland Photo for “Volcano Saga” #3, ed. 2 sur 5, estimée 10 000-15 000 $, ravalée le 12 novembre 2015 chez Sotheby’s New York).

Jean Tinguely à New York
L’artiste Suisse Jean TINGUELY s’est fait connaître à New York avec sa sculpture auto-destructrice monumentale intitulée Hommage à New York, et présentée le 17 mars 1960 dans le jardin de sculptures du MoMA, où elle se détruisit en 28 minutes devant une foule d’invités… Sept mois plus tard, un petit groupe d’artiste fondaient à Paris le Nouveau Réalisme. Niki de Saint Phalle, la compagne de Tinguely, fit partie du groupe à la première heure.

Au sein des Nouveaux Réalistes, Jean Tinguely fut le plus “ingénieur” de tous, avec une poésie et une drôlerie qui ont convaincu de nombreuses institutions internationales, dont le MoMA bien sûr, mais aussi le Centre Pompidou à Paris, le Stedelijk Museum à Amsterdam, le Moderna Museet à Stockholm, l’Institute of Contemporary Art à Londres et le musée Haus Lange à Krefeld, entre autres. Cette année, les œuvres de Tinguely sont à nouveau à New York, non pas pour une rétrospective muséale, mais pour une vaste exposition au sein de l’une des galeries les plus prestigieuses : la galerie Gladstone (jusqu’au 19 décembre à 2015). L’exposition confronte des œuvres créées de 1954 à 1991. Pourquoi 1954 précisément ? Parce que cette année là, Tinguely commence la réalisation de ses Méta-Matics ou Méta-mécaniques, des sculptures animées, conçues parfois comme des machines à dessiner. Rare et chère, la mécanique inventive de ces machines peut faire grimper les prix au-delà du million, mais l’intérêt de Jean Tinguely passe aussi par une production foisonnante, dont des œuvres uniques et originales, encore abordables au plus grand nombre. Citons ses petits dessins au feutre réalisés par les machines même, des œuvres accessibles pour quelques centaines d’euros, que l’on trouve surtout en Suisse, Allemagne, Belgique et France.

Le MoMA s’offre une relecture de l’oeuvre de Pollock
Le MoMA mène l’enquête dans sa propre collection. Objet : l’évolution de l’oeuvre de Jackson POLLOCK des années 1930 jusqu’à sa mort, en 1954, à travers 50 œuvres sélectionnées dans ses collections (Jackson Pollock: A Collection Survey, 1934–1954, 22 novembre 2015-13 mars 2016). Le MoMA souhaite ainsi représenter chaque phase de la carrière de Pollock, à travers chaque matériau et technique employés, jusqu’à la pleine maturité de son œuvre (à partir de 1948), celle du Dripping, celle ou l’artiste détourne le mieux le hasard et l’accident en énergie de création. Le marché non plus ne s’y trompe pas : entre les œuvres de jeunesse et les autres, les écarts sont considérables, de l’ordre de plusieurs millions de dollars pour des toiles de dimensions équivalentes. L’oeuvre de Pollock, l’un des artistes préférés des américains, est encore loin de l’épuisement.