En Bref : Yoko Ono – Adrian Villar Rojas – Marian Goodman – L’art ancien et l’art nouveau

[11/09/2015]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres. Yoko Ono, « L’artiste inconnue la plus célèbre au monde » – Adrian Villar Rojas, l’étoile montante de Marian Goodman – L’art ancien et l’art nouveau – le passé et l’avenir

Yoko Ono, « L’artiste inconnue la plus célèbre au monde »
Cette citation de Lennon à propos de son épouse résume bien le statut d’artiste de Yoko ONO qui aura longtemps attendu avant de voir son travail crédité par une rétrospective. Malgré sa célébrité, ce n’est qu’après avoir soufflé sa 82ème bougie, qu’elle s’est finalement vu offrir sa première grande exposition au Moma (de mai à septembre 2015). Car, si en 1971 elle annonçait par voie de presse sa future exposition dans l’illustre musée, il s’agissait en fait d’une performance non autorisée. Suivant sa lancée institutionnelle les travaux de la plasticienne, musicienne et militante pour la paix rejoindront en mars 2016 les salles du Mac de Lyon pour sa première rétrospective française. Intitulée « Lumière », l’exposition retracera son parcours des années 1952 à 2016. Une fois n’est pas coutume, ici l’œuvre de Yoko Ono ne se verra pas réduite à sa participation au mouvement Fluxus. Du côté de son marché, avec 52 résultats enregistrés depuis 1986 dont près de 87 % frappés sous la barre des 5 000 $ on ne peut que lui souhaiter des jours meilleurs aux vues de la richesse de son actualité. Si en 2014 son chiffre d’affaire a timidement dépassé les 16 000 $ (hors estampes), 2015 est encore loin de l’égaler avec seulement une œuvre vendue pour un peu plus de 2 300$ (Colour of the Globe, le 24 janvier 2015 chez SBI Art Auction Co, Ltd, Tokyo). Son actuel record, détenu depuis mai 2010 par les 95 000 $ de Pay It By Trust (1986/87) n’est pas négligeable mais reste un zéro en moins que celui d’un certain Joseph BEUYS, autre figure incontournable du mouvement Fluxus (Bett (Cortsett) adjugée 900 000$ le 14 mai 2008 chez Sotheby’s New York).

Adrian Villar Rojas, l’étoile montante de Marian Goodman 
Du haut de ses 35 ans, Adrián VILLAR ROJAS a déjà un cv à faire pâlir plus d’un artiste : Documenta de Kassel, Biennale de Venise, Moma Ps1 New York, Fondation Louis Vuitton, Guggenheim, Serpentine Gallery…etc Si ses apparitions en salles sont encore rares, en 2014 une de ses fameuses installation en argile, Untitled (from the series What fire has brought to me), est devenue son record en trouvant preneur pour 87 000$ (frais compris). Ses installations étant généralement éphémères, cette œuvre clef dans sa carrière a été recrée en 2011. L’originale avait été pensée et conçue en 2008 pour sa première grande exposition personnelle Lo que el fuego me trajo (What fire has brought me) à la Ruth Benzacar Gallery (Buenos Aires). Elle avait été détruite, comme la plupart de ses installations, à la fin de l’événement. L’œuvre mets en scène des débris d’objets contemporains usuels présentés précieusement sur un socle, comme le serait le résultat d’une fouille archéologique. En fossilisant le présent, il interroge les thèmes qui lui sont chers tels que le temps, la fin de l’humanité, la fin de l’art.

En 2015 l’artiste continue de surfer sur une actualité prestigieuse. Nouveau poulain de l’écurie Marian Goodman, la galerie lui consacre une exposition personnelle à New York. Côté institutions le Moderna Museet de Stockholm organise « Fantasma », sa première exposition personnelle scandinave. Côté prix, si Adrian Villar Rojas est avant tout reconnu pour s’exprimer par la sculpture, cette année couronne une partie plus intime de son œuvre : ses dessins (Lauréat du prix Canson 2015).

L’art ancien et l’art nouveau – le passé et l’avenir
De plus en plus souvent, l’art contemporain est invité à s’immiscer dans les grands bastions de l’art classique. S’inscrivant dans cette mouvance, le Louvre propose ponctuellement à des artistes plasticiens d’investir l’une ou l’autre salle de son gigantesque palais. Mais pour la rentrée 2015, le musée a imaginé un événement de plus grande envergure avec Une brève histoire de l’avenir (du 24 septembre 2015 au 4 janvier 2016).
Cette exposition, directement inspirée par l’ouvrage homonyme de Jacques Attali (paru en 2006), est organisée en collaboration avec les Musées royaux de Belgique. Deux capitales, deux approches. Tandis que l’exposition bruxelloise aborde, à travers 70 œuvres, une série de problématiques contemporaines et leur évolution à court terme, le musée du Louvre a demandé à sept artistes de travailler sur l’histoire des grandes civilisations : regarder le passé pour entrevoir l’avenir.
Pour mener à bien ce projet, le Louvre a fait appel à Jean de Loisy, co-commissaire de l’exposition mais surtout président du Palais de Tokyo, véritable laboratoire d’art contemporain à Paris. Parmi les sept artistes commandités, quelques noms très connus, dont celui d’AI Weiwei (1957), artiste chinois au centre de l’actualité avec sa rétrospective à la Royal Academy de Londres, le congolais Chéri SAMBA (1956) ou encore la française Camille HENROT (1978), déjà récompensée par le prix Marcel Duchamp ainsi que le Lion d’Argent à la Biennale de Venise.
Mais aux cotés de ces grands noms, quatre autres, encore assez mal connus dans la capitale française. A commencer par l’artiste néerlandais Mark MANDERS (1968), lui aussi remarqué lors de la biennale de Venise 2013 et l’égyptien Wael SHAWKY (1971), dont une œuvre fut vendue pour la première fois aux enchères publiques cette année : Cabaret Crusades III, adjugée 42 700$ le 12 février chez Sotheby’s Londres. Et puis deux artistes déjà été présentés au Palais de Tokyo : Tomas SARACENO (1973) et Isabelle CORNARO (1974). Si le premier est connu sur le second marché (il a même enregistré un nouveau record à 22 000$ ce 26 mai 2015, chez Phillips à New York avec sa sculpture Flying Garden/Air-Port-City (2008)), la seconde en revanche n’a encore jamais vu l’une de ses oeuvres proposées en ventes publiques!
A ces sept artistes, il a ainsi été demandé de réaliser une oeuvre montrant l’avenir dans le passé. Un projet ambitieux, à la hauteur de la réputation du Musée du Louvre.