En Bref : Beauté Congo à la Fondation Cartier – Doris Salcedo – Alexander Calder

[17/07/2015]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres. Beauté Congo à la Fondation Cartier – La grande rétrospective de Doris Salcedo – Alexander Calder à grande échelle.

Beauté Congo à la Fondation Cartier
Une rétrospective d’art contemporain congolais riche de plus de 300 œuvres… Cette première mondiale est accueillie à la fondation Cartier de Paris jusqu’au 15 novembre 2015. La diversité de cette scène africaine plonge dans la peinture, la musique, la sculpture, la photographie et la bande dessinée, afin d’offrir un panorama le plus ouvert possible sur près d’un siècle d’art contemporain congolais, les premières œuvres remontant aux années 20′. André Magnin, commissaire général de l’exposition, s’est concentré sur le Congo démocratique parce que, dit-il, “il y a une créativité unique en Afrique qui n’existe pas du tout au Congo-Brazzaville, bien que sa capitale soit exactement en face de Kinshasa”.
Outre de rares artistes internationalement cotés – Chéri SAMBA en tête – le marché de l’art contemporain africain reste l’un des plus abordables qui soit, y compris pour ceux considérés comme de véritables précurseurs. Ainsi, les rares dessins d’Antoinette LUBAKI n’ont encore jamais passés les 12 000 $ en salles. Ceux de Djilatendo – qui réalisa avec Albert et Antoinette Lubaki les premières œuvres sur papier connues a la fin des années 20′ – ne se sont encore jamais présentées en salle de ventes. La relève est assurée par des œuvres définitivement hautes en couleurs, dont celles de Steve BANDOMA, né en 1981 à Kinshasa. Ses grands dessins de plus d’un mètre sont accessibles autour de 5 000 $ en salles. Un peu plus cher, son collègue Kura SHOMALI, 36 ans, se vend entre 8 000 et 10 000 $ en moyenne. Les artistes africains font généralement leurs armes dans des salles de ventes en France. Le marché en est à ses débuts, il s’est éveillé en 2014 seulement pour des artistes comme Pathy TSHINDELE et Rigobert NIMI, travaillant tous les deux à Kinshasa. Trois grandes toiles de Pathy Tshindele se sont vendues autour de 6 000 $ chacune chez Piasa (le 7 octobre 2014) et une première sculpture de Rigobert Nimi est partie autour de 10 000 $ chez Millon & Associés (Prédator, adjugée 7 500 € le 19 novembre 2014). Les petites toiles du trentenaire JP MIKA (Jean-Paul Nsimba Mika, né en 1980) testaient le marché pour 500 $ en 2010. des œuvres plus grandes passent désormais allègrement les 5 000 $. Ce sont des prix cohérents pour des artistes émergents, loin des envolées spectaculaires constatées chez les poulains des galeries prescriptrices (envolées d’ailleurs susceptibles de retomber rapidement). L’art contemporain africain reste un champ d’exploration d’une grande diversité, à l’abri des jeux de spéculations actuels.

La grande rétrospective de Doris Salcedo
L’artiste colombienne (née en 1958 à Bogota) bénéficie cette année d’une puissante rétrospective, organisée dans des musées parmi les plus importants du monde : le Musée d’Art Contemporain de Chicago et le Guggenheim de New York. Depuis des décennies, Doris SALCEDO travaille sur la perte et la violence, ne ménageant ni le travail de recherches, ni le recueillement de témoignages autour de crimes toujours atroces : enlèvements, viols, meurtres. Salcedo veut éveiller les consciences de ses visiteurs, les incitant à analyser les pistes qu’elle offre dans ses œuvres.

Sa rétrospective vient d’arriver au Musée Guggenheim de New York. Elle est ouverte jusqu’au 12 octobre 2015, autour d’objets détournés, comme autant de mémoriaux en hommage aux victimes oubliées. L’exposition présente notamment des meubles en bois réagencés, alourdis de ciment. Privés de leurs fonctions initiales, devenus pesants, ces objets domestiques se chargent d’un nouveau sens, comme chez l’artiste libanaise Mona Hatoum ou le français Jean-Pierre Raynaud. La dernière œuvre de ce type passée par les enchères – un fauteuil coulé dans du béton – s’est payée 365 000 $ (14 mai 2014, Christie’s New York), soit plus de 100 000 $ au-dessus de son estimation haute. La rétrospective, déjà annoncée à l’heure de cette vente, eut un effet vertueux sur la cote de cette artiste habituellement discrète sur le marché des enchères…

Alexander Calder à grande échelle
Lorsque la Tate Modern décide d’ouvrir une rétrospective de l’artiste américain Alexander CALDER (1898-1976), elle voit les choses en grand, à la mesure des ses monumentaux stabilo-mobiles. Fasciné par le mouvement et par l’industrie, bricoleur invétéré, Calder est issu de deux parents artistes (un père sculpteur et une mère peintre) mais étudie la géométrie, la physique et la chimie (génie mécanique a l’Institut Stevens de Technologie, New Jersey), avant l’art. En 1926, il s’envole pour Paris, y invente son Cirque, bricolé de bouts de fils de fer et de morceaux de liège, rencontre Fernand Léger, Piet Mondrian, Joan Miro et construit un son langage abstrait, constitué de formes géométriques et de couleurs primaires.
Après la seconde guerre mondiale (période durant laquelle il manque de métal pour construire de grandes oeuvres), on lui demande des stabiles de plus en plus grands. L’artiste s’entoure de techniciens pour construire 120 œuvres géantes en inox et ne cessera de repousser les limites jusqu’à la fin. Les œuvres les plus monumentales arrivent dans les années 60 et 70′. L’exposition de la Tate Modern présentera une œuvre imposante, La Veuve Noire, de près de 4 mètres de haut, qui quitte pour la première fois l’Institut d’Architecture du Brésil, où elle est tourne doucement dans l’entrée depuis 1948.
Aux enchères, la plus grande œuvre jamais vendue est un dragon rouge de 9 mètres de haut et 17 mètres de long : Flying Dragon fut achevée en 1975, quelques mois avant le décès de l’artiste. Vendue 5,6 m$ frais inclus chez Sotheby’s New York en 2006, elle gagnerait quelques millions en cas de revente, puisque Calder a atteint depuis 25,9 m$ pour un grand Poisson volant métallique (frais inclus, Christie’s New York, le 13 mai 2014).

Les artistes cités dans cet article : Chéri SAMBAAntoinette LUBAKISteve BANDOMAKura SHOMALIPathy TSHINDELERigobert NIMIJP MIKADoris SALCEDOMona HATOUMJean-Pierre RAYNAUDAlexander CALDERFernand LÉGERPiet MONDRIAANJoan MIRO