En bref : Giovanni Anselmo – Barbara Hepworth – Art Basel

[26/06/2015]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres. Giovanni Anselmo enfin honoré par le marché. Barbara Hepworth – La sculpture pour un monde moderne. Art Basel en état de grâce.

Giovanni Anselmo enfin honoré par le marché
Le musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne propose plusieurs expositions dont l’une dédié au maître de l’Arte Povera Giovanni ANSELMO (jusqu’au 3 janvier 2016). Anselmo fait partie des 12 artistes historiques de l’Arte Povera, avec Alighiero Boetti, Pier Paolo Calzolari, Luciano Fabro, Jannis Kounellis, Mario et Marisa Merz, Pino Pascali, Giulio Paolini, Giuseppe Penone, Michelangelo Pistoletto et Gilberto Zorio. Il a participé à toutes les expositions collectives du mouvement et a bénéficié de grandes expositions personnelles dans des musées telles que le Stedelijk Van Abbemuseum d’Eindhoven, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (1985) et le Musée des Beaux-Arts de Bruxelles (2002). Il représenta par ailleurs l’Italie lors de la 44e Biennale de Venise (1990).
Son travail radical, élaboré sur un concept d’énergie mettant en jeu équilibre et tension entre divers éléments, témoigne de manière intuitive du cycle de la vie et de la position de l’homme dans la nature et le cosmos. L’oeuvre est puissante. Voici une exposition de plus pour en témoigner bien qu’Anselmo soit un artiste discret. La galerie new-yorkaise Marian Goodman lui consacrait certes une exposition l’an dernier (octobre-décembre 2014), les œuvres en circulation sont néanmoins rares : moins de 50 pièces ont alimenté le monde des enchères en 25 ans… Cette offre, sous-alimentée pour un artiste si essentiel dans l’histoire de l’art, menait à un record époustouflant le 13 mai 2015 à New-York : Torsion (1968) vendue moins de 450 000 $ il y a 10 ans, s’est envolée à plus de 6,4 m$ frais inclus, soit huit fois l’estimation haute. Et pour cause, Torsion est l’une des premières œuvres importantes d’Anselmo, un travail puissant sur la tension des matériaux et l’équilibre précaire des choses. Il aura fallut attendre la 81e année de l’artiste pour que sa cote soit enfin à mesure de sa notoriété.

Barbara Hepworth. La sculpture pour un monde moderne
La sculpture pour un monde moderne, voici le sous-titre accolé au nom de l’artiste anglaise Barbara HEPWORTH pour introduire sa rétrospective à la Tate Britain de Londres (du 24 juin au 25 octobre 2015). Considérée comme l’alter-ego féminin de son compatriote Henry MOORE dans l’histoire de la sculpture, elle commence à gagner le même niveau de reconnaissance sur le marché. Dix ans de patience furent nécessaire avant que son record absolu (emporté l’an dernier) rattrape celui de Moore à un million près. Barbara Hepworth plafonne à 7 m$ frais inclus (Figure for Landscape, édition 6/7, Christie’s Londres le 26 mai 2014) et Moore se hisse à 8,4 m$ (Three-piece reclining Figure: draped, édition 7/7, Sotheby’s New-York, le 4 novembre 2004). Pour une pièce unique de Moore, l’histoire est tout autre avec 30 m$ déboursés en 2012 pour Reclining Figure : Festival (Christie’s, Londres, le 7 février 2012).

La bonne nouvelle – outre le fait que la moitié des œuvres de la grande dame sont accessibles pour moins de 5 000 $ – est que la cote de Barbara Hepworth est encore en construction, que sa progression est à mesure de son talent (avec un indice de prix en hausse de +400 % depuis 2000) et que l’exposition actuelle de la Tate Britain donnera encore du souffle à un marché londonien déjà conquis. C’est ici, à Londres, que se joue 61 % de son marché. Avis aux amateurs de la forme libre…

Art Basel en état de grâce
La petite ville Suisse de Bâle fut la capitale du marché de l’art pour quelques jours, avec une 46e édition d’excellence, louée comme la meilleure de toutes par certains exposants. Voici quelques chiffres et noms clefs d’un rendez-vous hors normes…
La fine fleur des galeries et des artistes composait cette année avec 284 exposants issus de 33 pays, venus célébrés près de 4 000 artistes sur leurs stands. Une offre dense, pour une demande boulimique composée de près de 100 000 visiteurs venus du monde entier. Les collectionneurs les plus fortunés de la planète faisaient partis du sérail, accompagnant les représentants de 80 musées et institutions, tous venus dans une véritable dynamique d’acquisition. Le public le plus qualifié qui soit était donc là, face aux œuvres les plus chères du marché. Les plus chères certes, mais pas forcément les plus risquées, car les stands les plus prestigieux affichaient notamment des classiques du XXe sicle, comme Robert Rauschenberg, Max Beckmann, Marc Chagall, Max Ernst, Yves Klein, René Magritte, Pablo Picasso, Egon Schiele, Alexander Calder, Andy Warhol ou Joseph Beuys. Les prix de Art Basel se trouvent en parfaite adéquation avec les meilleures d’enchères de Mark ROTHKO (la galerie Helly Nahmad présentait une œuvre affichée 50 m$), Keith HARING (la galerie Skarstedt vendait une grande toile autour de 5 m$), ou Marlene DUMAS (la galerie David Zwirner vendait le premier jour une œuvre de 2002 pour 3,5 m$). Marc Spiegler, directeur de la foire, a annoncé 2 milliards de dollars en valeur globale des œuvres présentées sur son salon, soit une fraction importante du marché puisque le Royaume-Uni dégage entre 2 et 2,8M$ sur une pleine année de ventes aux enchères (résultats 2013 et 2014).

Tous les artistes cités dans cet article :
Giovanni ANSELMOAlighiero BOETTIPier Paolo CALZOLARILuciano FABROJannis KOUNELLISMario MERZMarisa MERZPino PASCALIGiulio PAOLINIGiuseppe PENONEMichelangelo PISTOLETTOGilberto ZORIOBarbara HEPWORTHHenry MOORERobert RAUSCHENBERGMax BECKMANNMarc CHAGALLMax ERNSTYves KLEINRené MAGRITTEPablo PICASSOEgon SCHIELEAlexander CALDERAndy WARHOLJoseph BEUYSMark ROTHKOKeith HARINGMarlene DUMAS