Du Design à Paris

[24/03/2015]

 

Retour sur les « antiquités du futur », à l’heure où le PAD – salon Paris, Art+Design – ouvre sa 19ème édition sur une sélection pointue d’Art Moderne, de Design Historique et Contemporain, entre autres (26-29 mars 2015 aux Tuileries).

Désormais, les salons parisiens se regroupent stratégiquement en mars : Art Paris Art Fair, le PAD et Drawing Now, ont tous lieu au même moment, la dernière semaine du mois. Le PAD est le seul salon mixant art, arts décoratifs, design historique et design contemporain. Les soixante-quinze galeries exposantes soignent leurs stands (un prix du stand est d’ailleurs à la clef) et opèrent une sélection toujours drastique. On retrouvera bien sur les designers modernes les plus célèbres tels que Jean Prouvé, Charlotte Perriand, Alexandre Noll, Jean Royère, Mathieu Matégot, Pierre Jeanneret, Georges Jouve, Serge Mouille, Pierre Paulin, Gio Ponti, Hans Wegner, Carlo Mollino, Pierre Guariche, ces piliers du design vintage parisien, très appréciés par ailleurs dans les salles de ventes de Londres, New York et Chicago.
Le PAD et les galeries spécialisées de Paris attirent immanquablement les acheteurs internationaux qui recherchent des pièces emblématiques, les mêmes qu’ils s’arrachent en salles de ventes. Rappelons que la bonne tenue de la dernière vente new-yorkaise de Phillips (le 16 décembre 2014), permet aux spécialistes du genre de rester enthousiastes. La société de ventes Phillips récoltait tout de même 14,2 m$ frais inclus, égrenant au passage de nouveaux records pour Giò PONTI (avec une paire de Wingback Chairs adjugée 178 000 $, soit 218 500 $ frais inclus), pour Jean ROYERE (842 500 $ déboursés avec les frais pour un canapé et deux fauteuils de la série Ours polaire), et surtout pour Isamu NOGUCHI, dont la table-sculpture The Goodyear Table explosait les prévisions, pour un résultat final de 3 826 500 $, plus de 4,4 m$ frais inclus.
Cette vacation témoignait aussi d’une demande solide pour Carlo MOLLINO, en vendant au seuil du million un bureau a cylindre (Rolltop Desk, adjugé 818 000 $, soit 986 500 $ frais inclus, Phillips le 16 décembre 2014). La chaise conçue pour le bureau de la faculté d’architecture de Mollino partait quant à elle au double des prévisions les plus optimistes (Side Chair for Carlo Mollino’s office at the Facolta di Architecttura, adjugée 628 000 $, soit 758 500 $ frais inclus).

Le marché du design se porte donc bien, aux Etats-Unis certes, mais aussi en France, où les maisons Artcurial et Piasa profitent de cette spécialité, signant des résultats très honorables par rapport à leurs homologues américains. En effet, contrairement au marché haut de gamme de l’art contemporain, le marché du design est aussi parisien. Artcurial, leader du genre à Paris, a récemment enregistré quelques coups de marteau n’ayant rien à envier aux ventes de Christie’s, Sotheby’s ou Phillips. En mai 2014, Artcurial vendait notamment pour 1,37 m$ (1,7 m$ frais inclus) une table trapèze en acier laqué signée Jean PROUVÉ. Elle enregistrait aussi, l’année dernière, sept nouveaux records d’enchères pour Hubert Le Gal et le record mondial de Ron ARAD, établi à plus de 380 000 $ en octobre 2014 (la vente de la bibliothèque Restless, partie à plus de 473 000 $ frais inclus le 27 octobre 2014, rafraîchit un record américain tenu depuis 2007).

Quelques années après les excès de l’ultra-contemporain que l’on a vu flamber en salles de ventes (en 2009 et 2010), la cote d’amour du design n’a pas faibli et le marché est exigeant.
Les prochaines ventes spécialisées se tiendront en avril et mai 2015. Une mise en bouche sera donnée chez Piasa avec Intérieur(s), une vacation qui balaye les siècles jusqu’au XXIème, organisée le 2 avril 2015. Au menu, des objets signés Ettore Sotssas, Zaha Hadid, Marco Zanini, Joe Colombo, proposés entre 300 et 3 000 $ en moyenne. Trois semaines plus tard à New York, Phillips organise une grande vacation (le 28 avril), mettant notamment à l’honneur Gio Ponti et Shiro Kuramata.