En bref : Bruce Nauman à Paris – Grande année annoncée pour Doris Salcedo – Rétrospective Markus Lüpertz à Paris

[19/02/2015]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres. Bruce Nauman à Paris – Grande année annoncée pour Doris Salcedo – Rétrospective Markus Lüpertz à Paris

Bruce Nauman à Paris

Une exposition importante de l’artiste américain Bruce NAUMAN ouvre sous peu à la Fondation Cartier de Paris (du 13 mars au 21 juin 2015). C’est la première exposition de cette envergure orchestrée dans la capitale française Paris, depuis la rétrospective organisée par le Centre Pompidou en 1997. Plasticien, performeur et vidéaste, Bruce Nauman est un touche à tout sur le plan formel. Son éventail de média passe par la sculpture en bronze, les pièces lumineuses en néon, l’holographie où l’usage de son propre corps, transformé, par exemple, en instrument de musique. Il crée des œuvres comme des situations, afin d’explorer l’absurdité des choses, les difficultés de communication, les tensions, les situations complexes dans les relations humaines.
La rétrospective de la Fondation Cartier présente cette diversité, à travers un choix d’œuvres récentes présentées pour la première fois en France, et de pièces plus anciennes. Bruce Nauman est discret dans le monde des enchères. Peu d’oeuvres passent sous le marteau, ce qui ne l’empêche pas d’afficher une cote à mesure de sa notoriété.L’année dernière, deux nouvelles enchères millionnaires ont étayé son palmarès, portant à 12 le nombre de ses oeuvres vendues plus d’un million de dollars. Il se vendait notamment, le 12 novembre 2014, une sculpture-fontaine intitulée Fish Fountain. Cette œuvre vivante créée en 2003 se vendait 1,2 m$ (soit 1,8 m$ frais inclus) chez Christie’s New York. Précisons que la Fish Fountain avait profondément marqué les esprits lors d’une exposition spectaculaire organisée par la galerie Gagosian de New York en 2012 : l’artiste avait transformé l’espace de la galerie en une œuvre immersive, où 97 poissons en bronze suspendus dans l’espace déversaient de l’eau au sein de la galerie.

Grande année annoncée pour Doris Salcedo

L’artiste colombienne Doris SALCEDO (née en 1958 à Bogota) est notamment influencée par la volonté d’impact dans les œuvres de Bruce Nauman, mais pas seulement. Salcedo s’intéresse toujours à la réception de son travail, car c’est au spectateur d’analyser les pistes qu’elle donne dans ses œuvres, de recoller les morceaux et d’interpréter les choses.

L’artiste est profondément engagée dans le réel. Elle a fait parler d’elle au cours d’actions fortes, comme l’édification d’un mémorial de 5 000 roses en 1999 au centre de Bogotá, suite à l’assassinat de l’humoriste Jaime Garzón et, plus récemment, avec une installation gigantesque de 1 600 chaises entre deux immeubles d’Istanbul, visant à témoigner de l’absence des habitants grecs et juifs obligés à quitter le centre ville lors de la Seconde Guerre Mondiale (installation en 2003, à l’occasion de la 8e Biennale d’Istanbul). Réflexion sur le camp de concentration, sur la guerre, la manipulation, la violence, l’abandon, l’histoire des villes et le temps, Doris Salcedo peut passer plusieurs années sur une même œuvre, dont la conception commence toujours par des recherches ardues et le recueillement de témoignages.
La grande année de Salcedo est celle de rétrospectives organisées dans des musées parmi les plus importants du monde : le Musée d’Art Contemporain de Chicago et le Guggenheim de New York, avec ses créations les plus emblématiques. Aux enchères, ses rares sculptures passent les 100 000 $ depuis 2005, avec un sommet frappé a 410 000 $ pour une technique mixte sans titre vendue le 9 novembre 2005 chez Christie’s New York. Sa présence en salles est rare mais sa cote déjà solide se voit confortée par ces expositions ambitieuses.

Rétrospective Markus Lüpertz à Paris

Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente la première rétrospective française consacrée au peintre allemand Markus LÜPERTZ (exposition du 17 avril au 19 juillet 2015). Markus Lüpertz est, avec Georg Baselitz, l’un des artistes les plus importants du renouveau de la peinture allemande. Il est d’ailleurs docteur honoris causa et recteur de l’Académie des Arts de Düsseldorf. Ce « prince des peintres » (c’est son surnom) est aussi extravagant en public qu’à travers son œuvre. Il commence a se faire connaître dans les années 1960 à Berlin avec ses « peintures dithyrambiques », puis à travers différentes séries, dont les sources d’inspiration puisent dans toute l’histoire de l’art depuis la période antique.
Bien que discret sur le marché des enchères, Markus Lüpertz signait tout de même son nouveau record récemment, en mai 2014, avec une sculpture en bronze polychrome réalisée au milieu des années 90′ et éditée sur six exemplaires. Intitulée Pietrasanta Bronzen, l’oeuvre la plus chère de Lüpertz se hisse a 240 000 €, soit plus de 326 000 $ (vendue chez Lempertz a Cologne, le 31 mai 2014). Avec 45 % des oeuvres accessibles pour moins de 5 000 $, cet artiste essentiel de la scène européenne du XXème siècle reste à l’abri de la spéculation.