Le Top des estampes

[02/02/2015]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine, le leader de l’information sur le marché de l’art revient sur les 10 estampes les plus chères du marché occidental.

Le Top des estampes
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Andy WARHOL 14 500 000$ Suicide (1964) 2012-11-13 Sotheby’s NEW YORK NY
2 Andy WARHOL 8 200 000$ The Kiss (Bela Lugosi) 2012-11-13 Sotheby’s NEW YORK NY
3 Andy WARHOL 5 800 000$ Cagney (1962/64) 2012-11-13 Sotheby’s NEW YORK NY
4 Pablo PICASSO 4 566 240$ La femme qui pleure I (1937) 2014-02-05 Sotheby’s LONDON
5 Pablo PICASSO 4 500 000$ La femme qui pleure, I (1938) 2011-11-01 Christie’s NEW YORK NY
6 Andy WARHOL 4 250 000$ Cagney (1962) 2013-05-14 Sotheby’s NEW YORK NY
7 Henri MATISSE 4 204 200$ Océanie, la mer (1946-1947) 2011-06-21 Christie’s LONDON
8 Pablo PICASSO 3 603 410$ La Suite Vollard (1930/37) 2013-06-19 Sotheby’s LONDON
9 Pablo PICASSO 2 667 980$ Le repas frugal (1904) 2012-06-20 Christie’s LONDON
10 Andy WARHOL 2 214 240$ Mao (1972) 2012-05-22 Sotheby’s LONDON
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La moitié des estampes les plus cotées sont de Picasso
Entre 1899 et 1973, Picasso réalise plus de 2 000 estampes. L’artiste aime expérimenter diverses techniques de gravure, voire en inventer de nouvelles. Sa production gravée et lithographique est d’une densité impressionnante et représentant 60 % de ses transactions en ventes publiques.
Un sujet particulier, La femme qui pleure (1937), revient plusieurs fois parmi les estampes les plus cotées. Quelle est la portée de ce sujet devenu l’absolu favori ? En 1937, Picasso réalise une huile sur toile intitulée La femme qui pleure I. L’oeuvre représente Dora Maar coiffée d’un grand chapeau, le visage déformé par la souffrance et l’inquiétude. Elle mord rageusement un mouchoir pour y étouffer sa douleur. Ses ongles sont acérés et ses yeux en larmes. Cubiste dans le traitement – Dora Maar est à la fois représentée de face et de profil – la toile présente les couleurs chaudes du fauvisme. La douleur de Dora Maar en 1937 s’impose comme la métaphore de la douleur des femmes ayant perdu un mari ou un fils, et la métaphore d’une Espagne affligée après les bombardements allemands sur Guernica. Une fois le tableau achevé, Picasso poursuit l’exploration des thèmes de l’agonie et du désespoir avec des estampes inspirées de La femme qui pleure.

La femme qui pleure crée pour la première fois la surprise en salle de ventes en 2011, lorsque Christie’s présente une gravure et aquatinte de 1938 : l’estimation haute affiche 2,5 m$ mais la feuille explose les prévisions et s’arrache pour 4,5 m$, plus de 5,1 m$ frais inclus. En février 2014, un autre coup de marteau vient confirmer la cote multimillionnaire de cette estampe : un état 7/7, vendu 4,56 m$.
Dora en larmes est l’une des estampes les plus célèbres de Picasso (l’américain Jasper Johns s’en est par ailleurs inspiré dans un tableau de 1982 intitulé Perilous night) aussi connue que Le Repas Frugal, représentation de deux personnages attablés devant un repas réduit au pain et au vin. Picasso n’a que 23 ans lorsqu’il réalise le Repas frugal, sa deuxième gravure. Nous sommes alors en 1904 dans sa période bleue. L’épreuve fait partie de La suite des Saltimbanques, une suite de quinze eaux-fortes et pointes sèches. Il y aurait environ 30 impressions tirées avant l’aciérage de la planche et une édition de 250 par Louis Fort après aciérage des plaques. Les planches les plus recherchées sont celles qui précédent l’ aciérage. Ces deux sujets – La femme qui pleure et Le Repas Frugal – font partis des rares estampes millionnaires de l’artiste. On peut y ajouter la Minautoromachie de 1936, qui tient cinq enchères millionnaires de l’artiste. Quant à La Suite Vollard (1930/37), classée dans ce Top 10, elle ne récompense pas une feuille unique mais un ensemble de 100 gravures.

D’autres coups de marteau phares sont à signaler pour des ensembles plus ou moins rares d ‘estampes. La présence dans ce top de l’américain John James Audubon (1785-1851) tient à la vente d’un ensemble exceptionnel de 435 estampes rehaussées par l’artiste. Il s’agit donc d’un cas particulier pour la première édition de The Birds of America (1827-1938), cédée 2,75 m$ en 1993. La présence d’Andy Warhol tient, elle aussi, à la valorisation de ses deux séries lithographiques phares, celle de Mao et de Marylin Monroe. Une édition ancienne de 10 à dépasser le million pour la première fois en 2006. Mao culmine aujourd’hui à 2,2 m$.

Les deux autres épreuves uniques de ce Top 10 sont pour Matisse et Munch : Océanie, la mer (1946-1947) est l’estampe la plus cotée de Matisse. Il s’agit d’une œuvre monumentale de près de quatre mètres, tirée sur toile de lin. Un exemplaire quadruplait son estimation en 2011 pour se mesurer au record de Picasso. Il s’agit de l’édition 26/30, adjugée l’équivalent de 4,2 m$ à New York (soit 4,7 m$). Océanie, la mer est inspirée de sensations vécues lors d’un voyage de l’artiste à Tahiti en 1930 : la confusion des espaces et des choses dans l’eau d’un lagon, l’effacement des frontières entre le ciel et la mer. En 1946, l’artiste travaille sur le livre d’art et de découpage Jazz à Paris et colle des découpages sur son mur. Océanie, la mer aussi de cet assemblage fortuit, ou presque…

L’Expressionniste le plus coté du marché de l’art revient à deux reprises dans le Top 10 des estampes les plus cotées de l’histoire. La gravure est une forme d’expression essentielle chez Edvard Munch, obsédé par des thèmes récurrents. Il pratique la gravure sur bois dès 1896 et retouche souvent ses tirages à l’aquarelle, à l’encre ou au crayon. Quinze estampes de Munch ont déjà passé le million aux enchères : Young Woman on the Beach et Vampire II sont les plus prisées, suivies du fameux Cri et de Madonna.