Christie’s – Leader du marché indien

[06/01/2015]

 

Christie’s inaugurait sa salle de vente à Bombay en décembre 2013, devenant la première maison de ventes internationale à donner du marteau en Inde dans la durée. Les résultats de cette ‘première’ prouvaient alors combien les acheteurs indiens se trouvaient en demande, la vente inaugurale dédiée à l’Art d’Asie du Sud générant 15,455 m$ frais inclus – soit deux fois les estimations – et surtout 98% de lots vendus.
Un an plus tard, la grande société de ventes est le leader sur place des ventes d’art moderne et contemporain. Les résultats enregistrés pour The Indian Sale à Bombay, le 11 décembre 2014 sont un peu en-deçà des performances de l’an dernier avec un chiffre d’affaires de 12 m$ frais inclus, mais les acheteurs restent très stimulés par l’offre, en témoignent les 90 % de lots vendus, dont 70 % ont dépassé leurs estimations.

Bombay-New York
Le marché a quelque peu délaissé les artistes contemporains, ceux là-même qui affichaient, à l’image des jeunes artistes chinois, des cotes explosives dans les années 2005-2008. Les achats se reportent depuis sur les grandes signatures modernes. Le lot phare de cette vacation Christie’s Bombay se trouvait être, comme l’an dernier, une toile de Tyeb MEHTA (1925-2009), l’artiste moderne indien le plus coté du marché. Rappelons que les toiles de Metha valaient entre 5 000 et 10 000 $ en moyenne au milieu des années 90′ et que l’artiste affiche aujourd’hui 19 adjudications millionnaires à l’international (Bombay, Calcutta, Londres, New York), dont 2,421 m$ frappés le 11 décembre dernier pour la toile Untitled (Falling Bull), en couverture du catalogue de Christie’s. Ce résultat prouve combien le marché des artistes modernes indiens est aussi vivace depuis Bombay que depuis New York. Cet Untitled (Falling Bull) s’est en effet vendu 500 000 $ de plus qu’une toile similaire en sujet et dimensions, vendue en mars 2014 par Christie’s New York.

Un seul autre artiste passait le million de dollars ce 11 décembre à Bombay : Francis Newton SOUZA (1924-2002), qui plantait sa troisième meilleure enchère à 1,2 m$ avec une huile sur carton de 1947 représentant une scène de famille (Untitled (Indian Family), 119.7 cm x 117.2 cm). Comme pour Mehta, les performances de Souza à Bombay valent désormais celles enregistrées à New York. Quelques semaines avant cette adjudication, New York (où se joue plus de la moitié du marché de l’artiste) vendait la grande toile The Butcher pour 1,4 m$ (Christie’s, le 17 septembre 2014).

Les collectionneurs se disputent âprement les grands artistes nés dans les années 20. Les œuvres les mieux vendues sont ainsi souvent datées des années 50′ a 80′, c’est-à-dire en pleine période de maturité d’artistes tels que Tyeb MEHTA, Sayed Haider RAZA, Ram KUMAR ou Jagdish SWAMINATHAN.
Peu d’œuvres contemporaines furent proposées à Bombay. Et ce ‘peu’ d’œuvres n’avait rien de magistral. Les signatures d’Anish KAPOOR et de Bharti KHER étaient certes au catalogue, mais sans œuvres suffisamment stimulantes pour la demande internationale. La sculpture acrylique In Mind de Kapoor est tout de même partie pour 80 700 $, au double de l’estimation basse, et Hyperbolic Spiral de Barthi Kher, toile d’environ 60 x 60 cm fut adjugée dans son estimation, a près de 52 000 $. Le marché des leaders contemporains indiens semble digérer le trop plein millionnaire des années précédentes. Tout ne se vend pas si aisément, y compris sur les meilleures places de marché mondiales. En septembre dernier, à New York, l’imposante sculpture de Barthi Kher – I’ve Seen an Elephant Fly en fibre de verre recouvert de bindis – se retrouvait invendue malgré une estimation basse de 500 000 $. C’est pourtant un sujet qui valut à l’artiste ses deux coups de marteau millionnaires (The Skin speaks a Language not its own, vente Sotheby’s Londres de juin 2010 puis de Christie’s New York de juin 2013). Vendues ou pas, les meilleures œuvres de Kapoor et de Kher font encore partie des ventes de Londres et de New York. Pas encore celles de Bombay.

Outres ces signatures connues de tous les amateurs, un jeune nom fait une superbe percée sur le marche indien (et international) : celui d’A. BALASUBRAMANIAN, artiste né en 1971 et vivant à Bangalore. Ses œuvres ont déjà suscité l’intérêt du MoMA, du Guggemheim de New York, du Mori art museum, entre autres. La nouvelle étoile montante indienne vendait sa sculpture Gravity, réalisée en 2008, au prix record de 145 000 $. Le nom d’A. Balasubramaniam devrait encore circuler d’Est en Ouest en 2015. Prochaine vente indienne de Christie’s : le 15 mars 2015. Cette fois à New York.