Le Top des Ventes 2014

[19/12/2014]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. 2014 fut une année riche en records. Pourtant la meilleure enchère reste bien en-deçà du sommet atteint en 2013 ; si bien que certaines questions se posent naturellement. Cette semaine, afin d’y voir un peu plus clair, Artprice revient sur 10 meilleures adjudications de l’année 2014.

Le Top des Ventes 2014
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Alberto GIACOMETTI 90 000 000$ Chariot (1950) 2014-11-04 Sotheby’s NEW YORK NY
2 Barnett NEWMAN 75 000 000$ Black Fire I (1961) 2014-05-13 Christie’s NEW YORK NY
3 Andy WARHOL 73 000 000$ Triple Elvis [Ferus Type] (1963) 2014-11-12 Christie’s NEW YORK NY
4 Francis BACON 72 000 000$ Studies for a Portrait of John Edwards (1984) 2014-05-13 Christie’s NEW YORK NY
5 Amedeo MODIGLIANI 63 000 000$ Tête (1911/12) 2014-11-04 Sotheby’s NEW YORK NY
6 Francis BACON 62 043 759$ Portrait of George Dyer Talking (1966) 2014-02-13 Christie’s LONDON
7 Cy TWOMBLY 62 000 000$ Untitled (1970) 2014-11-12 Christie’s NEW YORK NY
8 Andy WARHOL 62 000 000$ Four Marlons (1966) 2014-11-12 Christie’s NEW YORK NY
9 Mark ROTHKO 59 000 000$ Untitled (1952) 2014-05-13 Christie’s NEW YORK NY
10 Édouard MANET 58 000 000$ Le Printemps (1881) 2014-11-05 Christie’s NEW YORK NY
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Une sculpture au sommet des ventes

La plus belle enchère de l’année revient au sculpteur Alberto Giacometti. La statue intitulée Chariot, réalisée en 1950, petite femme sur un seul pied, mais montée de deux grandes roues, ravit aux peintres un record auquel ils s’étaient habitués. C’est un record remarquable dans la mesure où la peinture domine largement les ventes publiques, exception faite il y a 2 ans, lorsqu’un dessin (l’un des Cri d’Edvard Munch) avait surpris le marché en dépassant pour la première fois les 100 millions de dollars.
L’enchère qui remporta l’œuvre, 90 millions $, n’est pas en elle-même particulièrement surprenante. Elle suit assez naturellement celle qui, en 2010, emporta l’une des 6 épreuves de L’homme qui marche I (la dernière encore sur le marché) vendue par Sotheby’s Londres pour un équivalent de 92,5 m$. Ce qui étonne en revanche c’est que ce record 2014 ne se hisse qu’à la 7ème place dans le panthéon des adjudications, alors que l’on s’attendait à un nouveau record, tant ils se sont succédés au cours des derniers mois.

 

Deux Bacon et deux Warhol dans le top 10

Ils sont aujourd’hui les princes du marché de l’art, qui affolent les salles de ventes : Francis Bacon et Andy Warhol. Le premier conserve le titre de la meilleure enchère de tous les temps avec ses trois études de Lucien Freud (adjugées 127 m$ chez Christie’s New York en 2013) ; tandis que le second, avec 60 adjudications au-dessus du million de dollars cette seule année, assied plus que jamais sa prédominance.

Chacun d’eux comptent 2 œuvres dans le top 10 cette année, sans que cela étonne véritablement. Ils ont pris la place de Picasso, de Van Gogh ou de Renoir : leurs noms sont devenus ceux que l’on est quasiment certain de toujours retrouver sur les premières marches des classements. La raison n’est pas que les grands maîtres, impressionnistes ou modernes, aient finalement lassé les collectionneurs, mais leurs œuvres (du moins les plus belles) se font de plus en plus rares sur le marché. Alors celui-ci trouve d’autres coups de cœur.

 

Les valeurs sûres

Il y a tout d’abord les géants, qui ne sont jamais très loin.

Avec la vente de Tête (1911/12), le record personnel aux enchères d’Amedeo Modigliani s’élève un peu plus encore, confirmant que ses sculptures sont tout aussi appréciées que ses portraits. Une nouvelle adjudication supérieure à 50 millions de dollars pour Mark Rothko, la cinquième, rappelle l’importance de l’œuvre de ce dernier dans le XXème siècle. Enfin, la dixième meilleure enchère de l’année établit un nouveau record pour le « père » de l’impressionnisme lui-même :Édouard Manet.

 

Les plus belles envolées

La seconde meilleure adjudication va toutefois à une œuvre signée Barnett Newman : Black Fire I, une toile de plus de 2 mètres sur 3, datant de 1961. Ce peintre américain n’est certainement plus à présenter, mais son record en vente publique passe ainsi brusquement de 39 m$ à 75 m$ avec ce résultat. Et le voici soudain parmi les 10 artistes les plus chers aux monde.

Cy Twombly est sans nul doute l’autre grande surprise de ce classement. Une apparition inattendue avec un bond plus impressionnant encore, et son record passe de 19,2 m$ à 62 m$ !

Aucun de ces deux artistes n’a pourtant eu droit à une récente rétrospective. La dernière en date pour Cy Twombly remonte tout de même à 2008/2009, lorsqu’il fut successivement exposé à la Tate Modern, au Guggenheim Bilbao et enfin à la Galleria Nazinale d’arte Moderna de Rome.

 

L’hégémonie de New York

Parmi les 10 plus belles enchères de l’année, une seule fut frappée en dehors de Manhattan. Celle-ci prouve certainement que Francis Bacon est tout autant apprécié des deux côtés de l’Atlantique, mais cette constatation souligne aussi et surtout la prépondérance de l’île new-yorkaise dans le marché de l’art. Or l’Amérique aime l’Amérique et il ne faut pas s’étonner que la moitié des artistes de la présente liste (les plus performants aux enchères) soient américains.

 

« Une collection muséale » ?

Que des œuvres en plusieurs exemplaires puissent atteindre des prix supérieurs à des pièces uniques peut sembler, à priori, aller contre nature. Pourtant, la présence de sculptures et de toiles réalisées à partir de techniques de sérigraphie parmi les meilleures enchères montre que la pluralité d’une œuvre ne freine pas (ou plus) le désir des collectionneurs. Et pour cause : quel plus grand plaisir en effet que de partager une partie des sa collection avec les musées. Or n’est-ce pas finalement un peu ce que rêvent de s’offrir les collectionneurs en se disputant les œuvres de Giacometti, Warhol, Rothko ou de Manet ?