Le Top d’Europe. Chapitre 7 : Royaume-Uni

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine, nous vous livrons les 10 meilleures enchères jamais enregistrées au Royaume-Uni, c’est à dire à Londres, coeur du marché européen et troisième place de marché mondiale.

Toutes signées avec les années 2000, toujours chez Christie’s ou Sotheby’s, pour des adjudications comprises entre 42,6 et 92,5 m$… les dix meilleures enchères de l’histoire du marché anglais enterrent de loin les autres places de marché européennes. Le Top 10 anglais cumule en effet 572 m$ de produit de ventes, soit 300 millions de plus que le Top 10 français ou 540 m$ de plus que le résultat espagnol.

A l’aune de ce classement, la place de marché londonienne apparaît comme celle des grands « classiques ». On y croise Pierre-Paul Rubens, Raphaël, Alberto Giacometti, Pablo Picasso, Claude Monet, Francis Bacon, Juan Gris, élus de l’un des Top 10 les plus prestigieux du monde. Il faut dire que la réputation qualitative de Londres est aussi historique que la naissance de la société de ventes Christie’s, fondée sur place en 1766.

Les plus beaux Monet partent à Londres

Monet est l’un des artistes les plus convoités au monde. Il incarne la révolution impressionniste, révolution dans la façon de voir le monde et dans la façon de peindre à la fin du XIXème siècle. Ce prestige absolu est à mesure de la popularité du maître, en témoigne ses rétrospectives qui comptent inlassablement parmi les plus visitées au monde. En témoigne aussi une cote flamboyante, l’une des plus haute du marché mondial.
Rare et convoité, le chef de file impressionniste atteint son plus haut niveau de prix pour la série des Nymphéas, célèbre ensemble d’environ 250 toiles réalisées à Giverny, où les fleurs aquatiques flirtent avec l’abstraction. C’est son sujet le plus coté aux enchères. Le sommet se hisse à 71,8 m$ (soit 80,5 m$ frais inclus), atteint en 2008 pour Le bassin aux nymphéas, un immense format de 1919 dont il existe tout juste quatre versions comparables, et une œuvre considérée comme l’une des plus importante de la production tardive de l’artiste.
Face aux batailles menées par Christie’s et Sotheby’s pour que New York demeure la première place de marché haut de gamme occidentale, Londres tient encore les deux meilleures enchères de Monet. Le maintient d’un continuum qualitatif sur les grandes signatures impressionnistes et modernes est un enjeu majeur et un pari encore réussi cette année 2014, grâce à la vente d’une version de Nymphéas le 23 juin dernier chez Sotheby’s Londres. Adjugée l’équivalent de 47,3 m$ (soit 53,1 m$ frais inclus), ces nymphéas coutent 28,3 millions de dollars de plus qu’en 2000 (cf vente Christie’s New York, le 8 mai 2000, lot 21).

2014 : un cru d’exception

L’année 2014 est un cru exceptionnel pour Londres : outre l’enchère gagnante de 47,3 m$ pour les derniers Nymphéas, ce Top 10 affiche deux enchères fraîches de février dernier, l’une pour la Nature morte à la nappe à carreaux (1915) de Juan Gris ; l’autre pour le Portrait of George Dyer Talking (1966) de Francis Bacon. Pour le premier, celui de la Nature morte à la nappe à carreaux, les 50 m$ emportés (57 m$ frais inclus) constituent un nouveau record pour Juan Gris, record d’autant plus impressionnant qu’il enterre de 25 m$ le précédent sommet new-yorkais de l’artiste (le précédent record de Gris fut signé en 2010 pour Violon et Guitare, adjugée 25,5 m$ chez Christie’s). D’après Olivier Camu, président adjoint du département Impressionnistes et Art moderne de Christie’s, ce nouveau record est «  un record pour toute oeuvre cubiste qui, à près de 60 millions de dollars, met Gris au niveau des Warhol, de Kooning et autres stars américaines». Quant au Portrait of George Dyer Talking, il s’agit désormais du tableau de Francis Bacon le plus cher jamais vendu à Londres, derrière trois résultats new-yorkais compris entre 72m$ et 127m$.

Le cru exceptionnel de 2014 ne tient pas seulement en ces trois résultats phares. Les performances globales des deux grandes sociétés de ventes n’ont jamais été si bonnes. Au mois de février, Christie’s générait, grâce aux ventes impressionnistes, modernes et surréalistes, le meilleur résultat jamais réalisé à Londres (179 m£ frais inclus, soit 292 m$). Pas moins de 43 oeuvres sont parties au-dessus du million de dollars. Jay Vincze, directeur international pour l’art impressionniste et moderne chez Christie’s s’est félicité de ces «  résultats historiques. Les meilleurs pour une vente londonienne, toutes catégories confondues». Parallèlement, Sotheby’s enregistrait elle-aussi sa meilleure performance londonienne avec ses propres vacations impressionnistes, modernes et surréalistes.

Bien que la création contemporaine n’ait pas droit de citer dans ce Top, rappelons tout de même que sur le strict secteur contemporain, celui des artistes nés après 1945, Londres représente 77% de l’ensemble du marché européen et 10 fois que le marché français. Londres demeure le centre névralgique du marché européen pour le meilleur de l’art ancien, moderne et contemporain.