En bref : L’année Robert Gober – Hokusai à Paris – Rembrandt à Londres

[05/09/2014]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : l’année Robert Gober – Hokusai à Paris – Rembrandt à Londres

L’année Robert Gober

Robert GOBER, qui fait l’objet d’une rétrospective au MOMA du 4 octobre 2014 au 18 janvier 2015 s’est imposé dans l’élite des ventes d’art contemporain cette année, avec un record à 3,6 m$, sa troisième enchère millionnaire depuis 2008. L’objet de ce récent record, qui équivaut à 4,1 m$ frais inclus (le 13 mai 2014 chez Christie’s New York) est intitulé The Silent Sink, traduisez par L’Evier silencieux. Il s’agit d’un réceptable muet ou rien ne s’écoule et qui ne contient rien, un objet hygiénique lavé de sa propre fonction. Si Robert Gorber recycle des souvenirs d’enfance et passe au crible les objets de la vie domestique depuis plus de 30 ans, il injecte à ces objets même les plus minimalistes une violence sourde qui convoque souvent la soumission au puritanisme et à l’hygiénisme de nos sociétés occidentales. Les objets triviaux sont autant de sujets à métaphores et la récurrence des thèmes résonne comme une poésie angoissante. Les emblématiques pieds fragmentés et les éviers blancs sculptés, ont vu leur cote doublé depuis 2000. Idem pour les dessins, désormais difficilement accessibles à moins de 20 000 $, quand on pouvait obtenir un travail à la graphite pour 5 000 $ il y a 20 ans.

Hokusai à Paris

Katsushika HOKUSAI (1760-1849) est exposé au Grand Palais de Paris du 10 octobre 2014 au 18 janvier 2015. Il s’agit de sa première grande rétrospective en-dehors du Japon. Au programme : 500 oeuvres choisies au sein de l’une des productions les plus denses qui soit, car Hokusai à créé, en 70 ans de carrière, quelques 30 000 dessins. L’exposition du Grand Palais offre les incontournables de l’artiste, ses images iconiques que sont La Grande vague de Kanagawa, Le Fuji par temps clair et L’orage sous le sommet, mais elle propose aussi ses estampes codifiées héritées d’Edo (dont les shunga, images érotiques). Hokusai est l’artiste japonais le plus populaire en Europe depuis le XIXème siècle. A l’époque, les premières estampes sont exposées à Paris par un cercle d’amateurs d’art japonais, dont les frères Goncourt et Charles Baudelaire. Sa renommée gagne bien vite les artistes d’avant-garde, surtout les symbolistes et les post-impressionnistes. Le Japoniste du XIXème diffuse les oeuvres, et des collections se créent. Il en résulte aujourd’hui un marché français particulièrement dynamique pour l’artiste, où se joue 37 % de son chiffre d’affaires.
La perspective de l’exposition au Grand Palais a agité le marché hexagonal ces derniers mois, où il s’est vendu quelques 304 000 $ à Paris depuis le début de l’année 2014, dont une gravure sur bois de la fameuse Grande vague (Fugaku sanjurokkei) explosant sa fourchette d’estimation de 30 000-40 000 € pour un résultat final à 110 000 €, près de 150 000 $ (Rouillac, Commissaires-Priseurs , 13 juin 2014). C’est le nouveau record d’Hokusai en France pour une estampe unique.

Rembrandt à Londres

La National Gallery compte 20 peintures de REMBRANDT VAN RIJN dans ses collections permanentes. L’institution londonienne dédie une exposition aux derniers travaux de cet artiste phare du siècle d’or néerlandais (Rembrandt-The Late works à la National Gallery de Londres, du 15 octobre 2014 au 18 janvier 2015). 40 peintures, 20 dessins et 30 gravures réalisées entre 1650 et 1669 sont réunis, notamment grâce aux prêts précieux de la National Gallery of Art de Washington, du British Museum de Londres, du Mauritshuis et de The Hague. Le crépuscule de cette œuvre est marquée par de nombreux autoportraits. Rembrandt, qui a réalisé 400 peintures, 300 eaux fortes et 300 dessins, s’est en effet pris pour modèle une centaine de fois au cours de sa carrière. On rencontre, dans ceux sélectionnés par la National Gallery, un Rembrandt désargenté et éprouvé par le décès de son épouse Saskia et de trois de leurs enfants. L’Autoportrait à l’âge de 63 ans est emblématique à ce titre : réalisé peu avant sa mort en 1669, il révèle sans concession un homme vieillissant mais doté d’une énergie hors du commun et d’une audace incomparable dans le travail de l’ombre et de la lumière.
Ces chefs-d’oeuvre ne se rencontrent qu’à de très rares occasions en salle de ventes. Le dernier autoportrait paru est celui d’un jeune artiste de 28 ans. Il se vendait l’équivalent de 10,1 m$ en juillet 2003 (Self-Portrait with shaded Eyes, plus de 11 m$ frais inclus, Sotheby’s Londres). C’est en eaux-fortes que ces autoportraits sont plus fréquemment accessibles, dans une gamme de prix moyen allant de 2 000 à 15 000 $ selon la qualité de la gravure, mais de rares épreuves passent allègrement le cap des 100 000 $. Pour espérer acquérir une œuvre, Londres se trouve être la meilleure place de marché (56 % des recettes de l’artiste sont générées à Londres). C’est là que fut porté un record d’enchère à 18 m£, soit 29,5 m$ pour le portrait d’un homme, main sur la hanche réalisé en 1658 (Portrait of a man with arms akimbo, record équivalent à 33,1 m$ frais inclus, Christie’s Londres, 8 décembre 2009).