5 artistes de moins de 30 ans – Chapitre 5 : Asie

[15/07/2014]

 

Nouvelles pousses et déjà stars du marché de l’art, voici une sélection des cinq artistes de moins de 30 ans les plus performants aux enchères depuis janvier 2013. Ce cinquième volet rend compte de la cote des artistes issus d’Asie sur l’année et demi écoulée.

Le champion asiatique des moins de trente ans n’est pas chinois mais philippins. Il s’appelle Jigger Cruz, fête ses 30 ans cette année, et a vendu 11 oeuvres pour un résultat global de plus de 383 000 $ depuis janvier 2013. Cette performance s’appuie sur une présence récurrente en salles ces derniers mois, sans laquelle il aurait indéniablement été détrôné par l’artiste chinoise Mi Qiaoming, à qui il suffit de deux résultats pour générer près de 340 000 $ de recettes.

Jigger CRUZ bénéficie d’un marché essentiellement asiatique, friand de nouvelles signatures et de rentabilité à court terme : vendu à Makati (Philippines, par Salcedo Auctions et Leon Gallery), à Hong Kong (Christie’s et Sotheby’s) et testé avec succès à Londres en octobre 2013, il devrait faire des apparitions récurrentes en Europe et aux Etats-Unis pour les ventes dédiées à la scène contemporaines asiatiques. Enfant chéri de la nouvelle scène philippine, Jigger Cruz a commencé humblement, avant d’intégrer plusieurs ateliers jusqu’à son arrivée chez Manuel Ocampo puis d’être présenté sur quelques expositions à l’étranger (notamment en Suisse et en Italie chez Primo Marella Gallery et galerie primae Noctis). Il n’est pas encore poussé par les musées ni les prix internationaux, mais se fait remarquer par le galeriste berlinois Matthias Arndt, spécialiste de la scène asiatique. Arndt présente alors Jigger sur son stand lors du salon Art Stage Singapour en janvier 2014, parmi des signatures très établies, comme Stephan Balkenhol, Sophie Calle, Gilbert & George ou Agus Suwage. Sa présence sur un salon d’art reconnu n’a fait que renforcer une tension spéculative déjà en germe, car le jeune homme décrochait plus de 70 000 $ – sept fois l’estimation haute – en octobre 2013 chez Sotheby’s Hong Kong (pour la toile A Pause in the Triumph of Existence). Quelques semaines après sa présence sur la Art Stage, ce n’est plus 70 000 $ mais 96 000 $ qui étaient emportés pour une grande peinture, toujours vendue chez Sotheby’s Hong Kong (Stranded Beyond the Scream of Symmetries, le 6 avril 2014). Cette toile cote plus de 120 000 $ frais inclus, un résultat qui fait de lui un compétiteur face aux scènes montantes américaine et européenne.

La jeunesse est un atout pour des amateurs chinois, qui ne craignent pas de mettre des mises à cinq voire à six chiffres sur leurs compatriotes. Vendues uniquement à Pékin – scène plus traditionaliste que celle de Hong Kong – les huiles sur toiles réalistes de MI Qiaoming (née en 1986) cotent déjà entre 115 000 et 200 000 $ en moyenne. La jeune star chinoise est rattrapée par deux autres adeptes du travail à l’huile, tout d’abord CHEN Chengwei (né en 1984), qui décrochait un record équivalent à 147 600 $ en mai 2014 à Shanghai pour une toile hyper-réaliste (The republic of china series no8-phantom in black cloth, China Guardian, le 17 mai) et par WANG Jian (né en 1985) dont la série de portraits de « Filles de Pékin » rencontre un franc-succès… à Pékin. L’une de ses grandes toiles culmine tout de même à 161 800 $ depuis une vacation de Poly International en juin 2013 (Bejing girl series, 2007, plus de 186 000 $ frais inclus). A la différence de Jigger Cruz, ces trois artistes bénéficient d’un succès tout confidentiel, confiné à la Chine continentale, sans bénéficier d’un relais hongkongais, via Christie’s ou Sotheby’s, qui leur permettrait d’envisager un rayonnement plus vaste.

Le cinquième artiste asiatique de moins de trente ans le plus performant en terme de résultats de ventes est originaire de Singapour. Andy YANG (né en 1985) n’a vendu que deux toiles aux enchères mais une grande pièce s’est arrachée 195 000 $ à Pékin en juin 2013 (Valley, vendue 224 250 $ frais inclus chez A & F Auction, Pékin). Un autre témoignage d’un marché chinois pris de passion pour la spéculation.