5 artistes de moins de 30 ans – Chapitre 4 : Amérique Latine

[08/07/2014]

 

Nouvelles pousses et déjà stars du marché de l’art, voici une sélection des cinq artistes de moins de 30 ans les plus performants aux enchères depuis janvier 2013. Dans notre tour du monde des nouvelles recrues en plusieurs chapitres, ce quatrième volet rend compte de la cote des artistes issus d’Amérique Latine sur l’année et demi écoulée, ou plutôt dans le cas présent, de l’ascension fulgurante d’une seule tête d’affiche, Oscar Murillo.

Oscar Murillo (né en 1986 en Colombie)
Ses performances des 18 derniers mois dépassent les 5,8 m$, avec 40 lots vendus contre des produits de ventes oscillants entre 500 $ et 3 000 $ pour les autres artistes latino nés dans les années 80 et présentés à faible flux en salles de ventes. Oscar MURILLO, né en Colombie et vivant à Londres, fait partie des signatures émergentes les plus convoitées à l’échelle internationale, grâce à un solide réseau d’influence tissé en moins de deux ans.
Les étapes d’une réussite fulgurante se retracent en quelques points. En décembre 2011, une quinzaine de toiles sont présentées à la NADA Miami Art Fair, sur le stand de François Ghebaly, galeriste à Los Angeles. Les toiles accessibles entre 2 500 et 8 500 $ se vendent toutes. La demande est déjà là. L’année suivante, il est invité à la Serpentine Gallery par le curateur Hans Ulrich Obrist. Ainsi validé par l’un des critiques les plus influents du monde, il commence à gagner des collections privées prestigieuses. Entre décembre 2012 et août 2013, il bénéficie d’une exposition solo à la Fondation Rubell à Miami. Les 50 toiles exposées sont le fruit de 5 mois d’une résidence soutenue par les collectionneurs influents Mera et Don Rubell. Son entrée dans l’arène des enchères se décide stratégiquement pendant cette exposition. Les trois maisons de ventes les plus importantes pour l’art contemporain, Christie’s, Sotheby’s et Phillips, l’incluent tour à tour à leurs catalogues. Impossible d’échapper au jeune artiste dans les cessions contemporaines de Londres et de New York à partir de mai 2013. Jusqu’à la fin de l’année, les coups de marteau s’enchainent : 24 toiles et une sculpture sont vendues, pour des adjudications allant de 26 000 à 148 000 $ et aucun échec de vente n’est à déplorer. Murillo est l’artiste du moment à acheter. En septembre 2013, une autre nouvelle déterminante pour sa carrière est rendue publique : il intègre la galerie David Zwirner. La nouvelle fait écho auprès des collectionneurs. L’impact est immédiat en salles. Le 19 septembre 2013, Phillips vend à New York la toile Untitled (Drawings off the wall) pour 330 000 $ (401 000 $ frais inclus), soit 11 fois l’estimation basse. C’est en record pour l’artiste qui cumule désormais trois résultats supérieurs à 300 000 $. David Zwirner lui consacre une exposition à New York du 24 avril au 14 juin 2014 (A Mercantile Novel), avant une année chargée en évènements car il est attendu chez Marian Goodman à New York (We don’t work sundays, 23 mai-18 juillet), sur une exposition dédiée à la scène latino-américaine à la Saatchi gallery de Londres, au Pays-Bas (Amsterdam), en Italie (Turin), en France (Rennes).

Oscar Murillo est un phénomène à part chez les artistes latino-américains émergents. Les quatre autres artistes les mieux vendus en salles n’émergent pas pour autant et leurs résultats sont bien maigres : le cubain Denys MOLERIO PENA (né en 1988) affiche quelques expositions à la Havane ou en France, et deux toiles vendues à Varsovie en 2014. Il n’a pas l’envergure d’un Murillo et ses preuves ne sont pas faites. Il en va de même pour la mexicaine Ana Sada ZAMBRANO (née en 1984), vendue une seule fois, au Mexique, connue seulement de quelques amateurs d’art contemporains locaux et riche d’une centaine de « like » sur sa page Facebook. La mexicaine a reçu une adjudication de 810 $ chez Casa de Subastas, Garza Garcia, le 23 mai 2013. Lors de cette même vente, son compatriote Gonzalo GARCIA (né en 1985) vendait une peinture sur coffre l’équivalent de 567 $. Le dernier de la liste, Walter ROCHA (né en 1984) est brésilien. Il a été présenté en salles à six reprises via la société de ventes Tableau Arte & Leilões de Sao Paulo, pour des toiles jamais vendues plus de 200 $.
La sanction des artistes latino-américain doit absolument en passer par une reconnaissance des réseaux d’influence internationaux, comme c’est pour Murillo et pour quelques artistes plus matures tels que Antonio Malta Campos (brésilien né en 1961) ou Rafael Gómezbarros (colombien né en 1972), sélectionnés pour l’exposition Pangaea de la Saatchi gallery (2 avril 2014-2 novembre 2014). Tous deux bénéficient d’une communication essentielle à leur reconnaissance sans être déjà présents dans le monde des enchères.