5 artistes de moins de 30 ans – Chapitre 1 : l’Europe

[17/06/2014]

 

Nouvelles pousses et déjà stars du marché de l’art, voici une sélection des cinq artistes de moins de 30 ans les plus performants aux enchères depuis janvier 2013. Artprice vous propose un tour du monde de ces nouvelles recrues en plusieurs chapitres, à commencer avec les cinq signatures les plus prisées en Europe aujourd’hui.

Flore SIGRIST (née en 1985)
La Franco-Suissesse est la jeune artiste européenne la plus performante aux enchères. Entre janvier 2013 et début juin 2014, son produit de ventes affiche 411 000 $ hors frais pour huit oeuvres seulement. Une première toile abstraite est soumise aux enchères en 2011 : déjà estimée autour de 30 000 $, elle emporte le marteau à 60 0000 $, soit plus de 74 000 $ frais inclus chez Artcurial. Flore Sigrist, autodidacte atteinte de troubles du langage peint depuis l’âge de 7 ans. Sa spontanéité, ses coups de pinceaux vifs et ses grands formats séduisent notamment des acheteurs suisses et français, tandis que la flambée de ses prix intéresse les américains. La société Sotheby’s lui vendait en mars 2013 à New York une toile pour 110 000 $ au marteau (7 mars 2013, 134 500 $ frais inclus), une enchère record pour une si jeune artiste européenne, depuis janvier 2013.

Hugh SCOTT-DOUGLAS (né en 1988)
Cette nouvelle recrue de la galerie Blum & Poe est anglais, mais a choisi de s’établir à New York. Il vient de fêter son quart de siècle et affiche déjà plusieurs expositions aux Etats-Unis, en Europe (Italie, Allemagne, Angleterre), et en Asie (Tokyo, Hong Kong). Scott-Douglas interroge la crédibilité de l’image dans une société du spectacle nourrie entre autres, de l’imagerie cinématographique. Pour se faire, il reprend une technique à priori désuète sur la scène contemporaine : celle du cynaotype (en référence à la couleur bleu cyan), qui donnent à ses oeuvres une atmosphère bleue en vogue au tournant du XXème siècle. Le jeune artiste s’intéresse à la mécanique de l’image, en quantifie la valeur chromatique, utilise des algorithme numérique pour ré-organiser l’information visuelle. Des ready-made chromatiques aidés par la machine en somme, dont le résultat visuel est plutôt méditatif. Supporté par l’une des galeries les plus importantes de la scène internationale, son nom n’a pas tardé à apparaître dans les ventes contemporaines des leaders du marché. En une année, les neuf oeuvres proposées entre Londres et New York se sont toutes vendues, à des niveaux de prix déjà importants, allant de 30 000 à 65 000 $ au marteau. Son record frais inclus s’établit à plus de 81 000 $, au quadruple de l’estimation basse pour un cyanotype de 2011, vendu le 7 mars dernier chez Phillips (Untitled 032, le 7 mars 2014 à New York).

JR (né en 1984)
Nouvelle fierté de la scène française, JR s’est établi à New York et fait parler de lui dans le monde entier. Son arme : des oeuvres monumentales participatives, constituées de portraits noir et blanc, qu’il colle la plupart du temps en extérieur. Amener l’art dans la rue, tel est son credo depuis ses premières installations illégales sur les murs des villes, au début des années 2000. Sa carrière est lancée par deux grandes réalisations : l’exposition totalement illégale Face2face sur le mur de séparation israelo-palestinien, puis par Women are heroes, un projet qui voyage en Afrique au Brésil, en Inde et au Cambodge, entre 2007 et 2009. En 2011, il emporte le TED prize et entre chez la galerie Emmanuel Perrotin. Artiste à la mode, apprécié des collectionneurs comme du grand public, il est convoité dans le monde entier et ses oeuvres sont dispersées aussi bien à Londres et à New York qu’à Paris. Pour l’heure, c’est la place de marché française qui tient son meilleur score, avec un large portrait sur palissage vendu l’équivalent de 61 000 $ le 5 février 2014 chez Artcurial (Wrinkles of the City (Marino Saura Oton), Cartagena, Spain, 45 200 € frais inclus). Sa cote flambe, JR est ambitieux et son ambition paie : il est aujourd’hui au Panthéon (depuis le 4 juin 2014) avec des milliers de portraits sur la bâche du chantier de rénovation de la coupole et sur le sol à l’intérieur du monument. 

Aslan GAISUMOV (né en 1991)
A 23 ans, le Tchétchène Aslan Gaisumov aborde les désastres de la guerre en évitant tout pathos via une imagerie directe. Il utilise des livres, des documents historiques, qu’il dépèce, découpe, perce, violente, leur infligeant des lésions irréparables. Le nouvel objet raconte visuellement la cruauté des évènements qu’il relate. Aslan Gaisumov fut témoin de la guerre tchétchène depuis l’âge de trois ans, une expérience indicible, indéfinissable avec des mots, qu’il traduit donc conceptuellement. Sa série sur la guerre, présentée lors de la 5ème biennale d’art contemporain de Moscou (20 septembre-20 octobre 2013), a bien été relayée médiatiquement et immédiatement testée sur le marché des enchères. Entre octobre 2013 et mars 2014, la société de ventes moscovite Vladey inclut quatre oeuvres à ses catalogues. Les quatre se vendent, sans exception, pour des adjudications comprises entre entre 6 000 et 10 000 $ en moyenne. Sorti de l’Institut d’art contemporain de Moscou en 2012 (ICA), le jeune artiste de 23 ans compte déjà une quinzaine d’expositions à son actif depuis 2011. La Russie, l’Allemagne et les Pays-Bas sont les premiers pays à suivre ce début de carrière prometteur. L’artiste n’a pas encore percé le marché international.

Cracking art group
Le Cracking art rassemble sept artistes depuis 1993 autour d’un Manifeste de fin de millénaire. Les signataires sont les ItaliensOmar RONDA, Renzo NUCARA, Marco VERONESE, et KICCO, les Belges Carlo RIZZETTI et William SWEETLOVE, le Français Alex ANGI.Le groupe se focalise sur des problématiques contemporaines, en l’occurrence les inquiétudes d’ordres écologiques et scientifiques liées au devenir de la planète. Il s’intéresse à la dialectique du naturel et de l’artificiel et élit un matériau de prédilection : le plastique. Le cracking est d’ailleurs une procédé industriel qui transforme le pétrole (matière organique) en plastique (matière synthétique). Sa stratégie pour éveiller les consciences : beaucoup d’humour et d’ironie, des couleurs criardes et une iconographie kitsch, des sculptures monumentales ou « clonées » pour envahir l’espace urbain. Leurs opérations passent par une invasion de tortues en plastique lors de la 49eme Biennale de Venise (2001, S.O.S World) ou d’escargots géants à Paris en 2010, des invasions visuelles qui ne passent pas inaperçues. Ces animaux pérennes, souvent édités sur 200 exemplaires, s’échangent entre 300 et 800 $ en moyenne pour un escargot (décliné en de multiples couleurs), entre 2 000 et 4 000 $ pour un pingouin. Un marché abordable, ludique et politique.