En bref : Nicolas de Staël – Amedeo Modigliani – Boticelli

[13/06/2014]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Nicolas de Staël – Amedeo Modigliani – Boticelli

Nicolas de Staël aurait 100 ans

L’année 2014 est celle du centenaire de la naissance de Nicolas DE STAËL (1914-1955). A ce titre, plusieurs hommages lui sont réservés, du Nord au Sud de l’hexagone. La ville d’Antibes, où le peintre se donna la mort, à 41 ans, lui consacre une exposition sur le nu féminin (“La figure à nu”, au château d’Antibes, jusqu’au 7 septembre 2014), tandis que le MuMa – Musée d’art moderne André Malraux – au Havre accueille “Lumières du Nord, Lumières du Sud”(7 juin – 9 novembre 2014), la première exposition entièrement consacrée au paysage dans l’œuvre de l’artiste, un thème qui nourrit plus de la moitié des toiles réalisées les quatre dernières années de sa vie. Le nu au Sud et le paysage au Nord, donc, soit les deux thèmes de prédilections de l’artiste, pour lesquels musées et collectionneurs se livrent bataille. En salle de ventes, ces deux sujets majeurs se disputent la vedette mais le nu l’emporte à près d’un million. Les deux adjudications records, respectivement signées en 2011 et en 2012, récompensent en effet d’abord un Nu couché de 1953 (adjugé 8,11 m$ chez Artcurial) avant le paysage d’Agrigente, de même année et de dimensions similaires (adjugé 7,42 m$ chez Christie’s Londres).
L’actualité culturelle suscitée par l’anniversaire de naissance a, en France et en Europe, un effet favorable sur la cote de de Staël : en février dernier par exemple , le paysage Selinunte (1953) doublait son estimation moyenne pour un résultat de 4,7 m$ frais inclus (Christie’s Londres, 13 février 2014), soit le meilleur prix jamais atteint pour une œuvre de cette dimension (54 cm x 72.5 cm) et au début du mois de juin, pas moins de sept huiles sur toile étaient données à vendre à Paris (Artcurial, Christie’s, Sotheby’s). Quatre d’entre elles ont trouvé un nouveau propriétaire, dont une Composition de 1950 achetée 5,8 m$ frais inclus chez Sothebys le 3 juin (adjudication de 3,7 millions d’euros).

Record pour un Modigliani en France

Le 4 juin 2014, Sotheby’s dispersait à Paris cinq oeuvres d’Amedeo MODIGLIANI (1884-1920) : quatre dessins et un huile sur toile représentant Paul Alexandre, le principal mécène de l’artiste. Cette dernière, inédite sur le marché et estimée entre 5 et 8 millions d’euros fut disputée par cinq enchérisseurs au téléphone. Il est vrai que Paul Alexandre est une figure incontournable dans le parcours de l’artiste. Ce médecin féru d’art le rencontre à Paris en 1907.

Il est le premier à s’intéresser à son travail et lui achète, en sept ans, près de 500 dessins et une douzaine de tableaux. Il l’introduit aussi auprès du sculpteur roumain Constantin Brancusi. Son portrait chez Sotheby’s, l’un des cinq connus du mécène, émergeait sur le marché six mois après la vente réussie du portrait d’un autre protecteur, Roger Dutilleul, vendu par la même maison de ventes à Paris l’équivalent de 8,79 m$ frais inclus. Bien que de dimensions légèrement plus modestes que le portrait de Dutilleul, Paul Alexandre à davantage séduit : il s’est vendu 13,537 500 euros (frais inclus, soit 18,5 m$), un record pour un tableau de l’artiste en France. C’est un bon point pour la place de marché française (qui tient habituellement 10 % des recettes de l’artiste avec 27 % des transactions mondiales), d’autant que Modigliani à le vent en poupe et une cote en hausse de 200 % sur la décennie..

Dessin de Boticelli à vendre

Il est passé quinze peintures de Sandro BOTTICELLI aux enchères en trente ans, dont un record récent de 10,4 m$ frais inclus, plus de 25 fois le prix payé en 1992 (The Rockfeller Madonna, en janvier 2013 chez Christie’s). Autant dire que l’arrivée d’une nouvelle oeuvre constitue un événement. Les dessins sont plus rares encore que les peintures et l’occasion ne s’était pas présentée en salles depuis un siècle. C’est justement une œuvre sur papier que Sotheby’s a inclus à sa vente Old Masters and British Painting du 9 juillet 2014 à Londres. Une feuille superbe de la fin du Quattrocento, étude pour un Saint Joseph assis, représenté la tête appuyée sur sa main droite (Study for a seated St Joseph, his head resting on his right hand, et issue de la collection Barbara Piasecka Johnson). Il s’agit d’une étude pour le Saint Joseph situé à la gauche de la nativité St -Jean-Baptiste, à Buscot Park, un tondo de la fin des années 1480. Cette rareté estimée entre 1 et 1,5 m£ (soit entre 1,7 et 2,5 m$) se tient loin derrière les résultats vertigineux d’un autre maître ancien parmi les plus cotés, Raphaël, dont deux dessins à la pierre noire ont passé le seuil des 42 m$ chacun (en 2009 puis en 2012). Néanmoins, le Saint Joseph de Botticelli est suffisamment important pour enterrer le prix de sa dernière peinture à l’huile adjugée : une Madonne à l’enfant cédée 1,4 m$ en janvier dernier chez Christie’s New York.