Résultats gagnants des ventes latino-américaines

[04/06/2014]

 

En deux jours de ventes et 464 lots uniquement réservés aux signatures modernes et contemporaines de l’art latino-américain, New York à vibré aux noms de Botero, Wifredo Lam, Jesús Rafael Soto, Carlos Cruz-Diez, Milhazes ou Meireles les 28 et 29 mai 2014.

Le rendez-vous latino-américain est annuel depuis 35 ans chez Sotheby’s qui organisait sa première vente dédiée en octobre 1979. Christie’s et Phillips sont entrés dans la danse, si bien que les trois leaders assoient un plus plus chaque année la création latino-américaine sur le marché international.464 lots étaient offerts les 28 et 29 mai 2014 (247 oeuvres chez Christie’s contre 114 chez Sotheby’s et 103 chez Phillips), avec quatre adjudications millionnaires à la clef. Cette année, Sotheby’s réalise un chiffre d’affaires supérieur à celui de sa rivale (18,700 875 $ pour Sotheby’s et 17,614 500 $ pour Christie’s), malgré un unique résultat millionnaire (comme chez Phillips), contre deux chez Christie’s.

Les signatures leaders
Si une œuvre importante de Frida KAHLO avait été présentée, nul doute qu’elle aurait emporté tous les suffrages et établi le record de ces ventes. Frida est l’artiste latino la plus cotée du monde, et la pénurie d’œuvres déchaine les collectionneurs. Elle est ainsi plus cotée que Diego RIVERA grâce au record de 5 m$ atteint par Roots (5,616 m$ frais inclus, Sotheby’s New York, 24 mai 2006) lorsque Diego culmine à 2,8 m$ (Baile en Tehuantepec vendue en mai 1995 chez Sotheby’s). Seules dix toiles de Frida Kahlo ont été proposées sur le marché en 20 ans, les acheteurs les plus fortunés se concentrent donc sur d’autres signatures et font grimper la cote de quelques incontournables de l’art moderne notamment celle de Joaquín Torres-García.

Joaquín TORRES GARCÍA est incontestablement l’artiste leader de ces ventes, acheté au delà du million chez Christie’s et chez Sotheby’s, tout d’abord avec Composition TSF, vendue 1,565 m$ frais inclus puis avec Graphismo Infinito payée 1,025 m$. Il s’impose aujourd’hui comme un artiste phare de la scène latino-américaine en terme de rentabilité et de records : indice de prix en hausse de +92 % sur la décennie, chiffre d’affaire annuel multiplié par deux sur la même période. Artiste moderne le plus célèbre d’Uruguay (né en 1874, décédé en 1949), peintre et sculpteur, il a participé au mouvement Universalisme constructif. L’artiste se frotte rapidement aux avant-gardes européennes, à Barcelone d’abord – ou il se rend à 17 ans – et fréquente Pablo Picasso, puis à Paris, Bruxelles,Madrid, en Italie, et passe deux années à New York (1920-1922) avant un retour définitif à Montevideo. Ses oeuvres des années 30, révélant des structures cloisonnées typiques de son Universalisme constructif, sont les plus cotées, en peinture comme en dessin… dessins que l’on peut néanmoins dénicher à moins de 10 000 $ en Uruguay (société de ventes Castells & Castells de Montevideo).

Au rythme de ses enchères, Joaquín Torres-García pourrait être rapidement plus coté que Fernando BOTERO, autre signature leader, défendu à coup de millions depuis les années 90. Malgré la longévité de son marché haut de gamme et sa célébrité mondiale, Botero cumule 14 enchères millionnaires en 22 ans, contre cinq en huit ans pour Torres-García. Les formes voluptueuses réalisées par l’artiste colombien demeurent des incontournables de ce type de ventes. Christie’s affichait d’ailleurs 16 oeuvres de Botero à son catalogue et Sotheby’s six. Son meilleur résultat de mai porte sur Man Going to Work, une toile de 1969 (188 x 188 cm.) issue de la collection Viktor and Marianne Langen, achetée 1,445 m$ frais inclus. Un résultat fort, désormais 11ème au palmarès de l’artiste dont le sommet actuel affiche 2,032 m$ frais inclus (1,8 m$ au marteau à deux reprises en mai 2006, pour Cuatro músicos (four Musicians) chez Sotheby’s et pour The Musicians chez Christie’s).

Une autre signature phare et montante est celle de Jesús Rafael SOTO qui génère 1,442 m$ chez Sotheby’s en quatre lots, dont un résultat : 635 000 $ pour la superbe Escritura-Anne de 1966. Toujours sur une voie royale, la cote de Soto a flambé de 255 % sur la décennie. Elle est suivie par la poussée impressionnante de Carlos CRUZ-DIEZ, dont l’indice de prix s’est élevé de 219 % en dix ans et pour qui Sotheby’s a explosé les prévisions (509 000 $ frais inclus payés pour Fisicromia, une œuvre préalablement estimée entre 200 000 et 300 000 $).

Lorsque Christie’s et Sotheby’s se livrent bataille pour les modernes les plus rentables, Phillips concentre sa proposition sur les signatures contemporaines, un choix plus risqué parfois couronné de succès. L’oeuvre Secuencia de tréboles (Clover Sequence), 2005 de Gabriel OROZCO s’est vendu 425 000 $ le 29 mai et un travail des jumeaux brésiliens OS GEMEOS se paie au final 97 500 $. Phillips a cependant bien tiré son épingle du jeu grâce à une pièce plus « historique » signée Lygia CLARK, sa seule adjudication millionnaire de la journée (Bicho parafuso sem fim, 1960 1,685 m$ frais inclus).